Appel à communication : « L’artiste comme théoricien » (revue Marges), 14 février 2015

Joseph Kosuth et Keith Haring, Zero & Not, 1986, installation avec un texte de Sigmund FreudSelon un schéma hérité de la Renaissance les artistes se font à l’occasion théoriciens de leur propre pratique (Vinci, Alberti). Leurs écrits revêtent alors des formes très différentes : essais, critiques, mémoires, notes, carnets, romans, etc. Ce modèle a été repris et accentué à partir de la fin du XIXe siècle par les avant-gardes : l’artiste, à l’égal des scientifiques, en vient ainsi à élaborer des programmes théoriques (de Seurat au minimalisme, en passant par le Bauhaus, le constructivisme ou l’art conceptuel). Le milieu des années 1960 voit même s’édifier un modèle d’artiste comme théoricien. Un peu partout en Occident, l’art conceptuel, en établissant une équivalence entre l’art et le discours sur l’art, donne notamment pour objectif à l’art de se définir par lui-même, alors que des artistes comme Daniel Buren insistent sur le rôle de théoricien de l’artiste, lui-même déclarant que la théorie est « indissociable de sa propre pratique ». Ces artistes ont en commun de revendiquer une volonté de prendre position face à l’hégémonie du discours institutionnel et de contrer les catégorisations qu’il impose.

Depuis la fin des années 1970, ce modèle semble être en perte de vitesse. En revanche, d’autres modèles apparaissent qui voient les artistes emprunter des éléments théoriques et méthodologiques à une variété de champs disciplinaires : l’artiste-ethnographe, l’artiste-archiviste ou documentaliste, l’artiste-producteur, l’artiste-narrateur, l’artiste-cartographe, l’artiste-scientifique, etc. Dans ces nouvelles postures, l’artiste s’intéresse davantage à des connaissances appliquées qu’à des élaborations spéculatives et laisse de côté l’idée d’une maîtrise complète des savoirs abstraits au profit de connaissances plus pratiques.

La question théorique occupe une place importante dans la pratique des artistes contemporains. La théorie, qu’elle soit produite par les artistes ou importée au sein de leurs activités, soutient-elle nécessairement leur pratique ? Quelles sont les formes qu’elle peut prendre et les supports sur lesquels elle se développe ? L’objet de cette journée d’étude sera d’interroger les différentes facettes et enjeux que recouvre l’activité théoricienne pour un artiste, les conséquences sur sa pratique, ainsi que sur le statut de l’artiste lui-même.

Axes de réflexion possibles :

  • L’interrogation ou la remise en cause de la figure et du statut de l’artiste par le modèle de l’artiste-théoricien
  • L’artiste comme chercheur : la question de l’articulation théorie-pratique
  • L’artiste-théoricien vs l’artiste utilisant des théories
  • Les formes et supports de l’activité théorique des artistes (écrit, oral, film, entretien, conférence-performance)
  • Les sujets abordés : théorie artistique et débordement du champ de l’art (sciences dures, philosophie, sciences humaines, psychanalyse…)
  • La pratique artistique comme terrain de recherche
  • La spécificité de la théorie artistique par rapport à d’autres théories
  • L’imitation et la critique de la posture de l’artiste-théoricien

Démarches artistiques pouvant être prises en compte :
Joseph Kosuth, Robert Morris, Luis Camnitzer, Eric Duyckaerts, Marcel Broodthaers, Daniel Buren, Joseph Beuys, Mario Garcia Torres, Fred Forest, Hervé Fischer, David Antin, Bureau d’étude, Claire Fontaine, Frank Leibovici, Pierre Leguillon, Aurélien Froment, Mark Dion, Tomas Saraceno, Carsten Höller

Cet appel à contribution a pour finalité une journée d’étude et une publication au sein d’un numéro thématique de Marges. Les propositions devront nous parvenir sous forme d’une problématique résumée (5000 signes maximum, espaces compris) avant le 15 novembre 2014, par courriel à emeline.jaret@gmail.com et clemence.imbert@gmail.com.

Pour ceux qui auront été retenus, le texte des interventions sera à transmettre avant le 1er février 2015 (40 000 signes espaces compris). Les textes sélectionnés (en double aveugle) seront susceptibles d’être publiés dans le numéro 22 de Marges.

La revue Marges (Presses Universitaires de Vincennes) fait prioritairement appel aux jeunes chercheurs des disciplines susceptibles d’être concernées par les domaines suivants : esthétique, arts plastiques, études théâtrales ou cinématographiques, musicologie, sociologie, histoire de l’art…

La journée d’études aura lieu le 14 février 2015 à Paris, à l’INHA. Le numéro 22 de Marges paraîtra en avril 2016.

http://www.puv-editions.fr/revues/marges-revue-d-art-contemporain-34-1.html

 

 

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