Appel à Communication : « (Re)politiser les discours sur la photographie / (Re)Politicizing discourses on photography » (Paris, 7 décembre 2015)

victorianwomenofcolorCette manifestation scientifique s’adresse prioritairement aux jeunes chercheur·e·s.

Si l’histoire de la photographie s’est sensiblement développée dans le contexte universitaire français depuis une quarantaine d’années, plutôt rares sont les travaux qui ont analysé les images, les usages ou les pratiques de la photographie comme des lieux investis par le politique. L’usage apolitique du discours esthétisant sur la photographie comme outil de légitimation du médium explique en partie cet état de fait. Il faut y ajouter un contexte plus général, qui est celui de l’espace intellectuel de l’après-1989 où la reconfiguration néo-libérale des catégories du politique s’accompagne souvent d’une dilution des conflictualités.

L’étude de la photographie a pourtant su être un outil puissant pour repenser les discours sur l’art. Elle serait en mesure, avec la même charge critique, de porter des questionnements d’ordre plus directement politique, en recourant par exemple à des catégories comme celles de classe, race ou genre – qui sont encore relativement peu explorées dans les recherches françaises sur la photographie. En participant au processus de politisation des cadres d’analyse des productions culturelles, les chercheurs sur la photographie pourraient s’inscrire dans une reconfiguration plus générale du politique.

Nous souhaitons en effet penser les rapports entre photographie et politique au-delà de stricts usages de l’un par l’autre (photographie engagée, photographie de propagande…). On peut considérer la photographie comme plus largement sous-tendue, informée, investie par des pratiques et des catégories politiques – qu’il s’agisse de constructions idéologiques, d’enjeux de visibilité et de représentation, ou des manières dont le pouvoir s’exerce, s’actualise et se conteste dans et par les pratiques culturelles. Pour approfondir l’étude de la photographie comme partie intégrante du champ social – à partir de son contexte de production et de circulation -, il nous semble nécessaire de réintroduire des cadres d’analyse plus spécifiquement politiques comme ceux d’action, de conflit et de collectif.

L’un des enjeux de la journée sera ainsi d’aller au-delà d’une réflexion sur la photographie comme ensemble de phénomènes politiques, afin de réfléchir à la pertinence d’approches politisées. Il s’agira également d’entamer une réflexion sur la façon dont les redéfinitions du politique peuvent aujourd’hui nourrir et renouveler les approches académiques de la photographie.

Cette journée d’étude a pour objectif de faire découvrir, dialoguer et se confronter les travaux de jeunes chercheur·e·s sensibles à ces questionnements et venant de France mais aussi d’autres contextes nationaux, avec la volonté de croiser des approches de différentes disciplines. Plusieurs axes de réflexions sont envisagés, de façon non exhaustive.

Axes de réflexion

1- Comment les chercheur·e·s travaillant sur la photographie peuvent-ils/elles intégrer les cadres d’analyse (tels que classe/race/genre) adoptés largement par les études culturelles et les sciences sociales ? A quelles conditions et de quelles manières ces concepts sont-ils en capacité de donner une prise politique aux études photographiques ? Dans quelle mesure de telles catégories, qui participent d’une reconfiguration des rapports politique/social/culturel, peuvent-elles encore porter une charge critique, alors qu’elles appartiennent de plus en plus à un vocabulaire académique mainstream ?

2- Dans le sillage des travaux de Michel Foucault, la lecture politique de la photographie qui a été la mieux intégrée par les chercheur·e·s est celle qui voit dans la photographie un dispositif de pouvoir. Que faire des discours sur l’impérialisme du regard photographique ou sur la puissance démocratique du médium comme accès à la représentation et à l’empowerment ? De quelle manière peut-on penser les producteurs d’images et les individus photographiés comme acteurs d’une politique des visibilités ?

3- En quoi les chercheur·e·s, à l’instar des objets et pratiques photographiques, sont-ils/elles traversé·e·s par des rapports sociaux, politiques et économiques qui les situent dans une configuration des pouvoirs ? Quelle posture réflexive peuvent-ils/elles adopter à travers une épistémologie du point de vue ? Dans quelle mesure l’étude de la photographie peut-elle se faire le lieu d’une critique des savoirs dominants sur l’art et plus globalement sur le monde social ?

La journée s’achèvera par une table ronde avec les participants et le président de séance invité, Jorge Ribalta, artiste, critique et commissaire d’exposition (A Hard, Merciless Light. The Worker Photography Movement, 1926-1939, Museo nacional centro de arte Reina Sofia, 2011).

Modalités de soumission

Les jeunes chercheur·e·s de tous les champs disciplinaires rattachés aux humanités et aux sciences sociales sont particulièrement encouragé·e·s à candidater. Les propositions émanant de personnes n’exerçant pas la recherche à titre principal, mais souhaitant investir ce domaine depuis leurs propres champs de compétence (conservation, pratique artistique…) sont également les bienvenues. Les communications, d’une durée de 20 minutes, pourront être faites en français ou en anglais.

Les propositions de communication se présenteront sous la forme suivante :

  • Nom et prénom de l’auteur·e / des auteur·e·s
  • Affiliation(s) et statut(s)
  • Titre de l’intervention
  • Résumé d’environ 3000 signes (espaces compris) de l’intervention. Ce résumé précisera l’objet de la communication, l’axe ou les axes dans lesquels elle s’inscrit, ainsi que la méthodologie et/ou les sources sur lesquelles elle s’appuie. Une courte bibliographie pourra également être incluse.

Elles seront envoyées au plus tard le 18 septembre 2015 à l’adresse suivante : photo.savoirs.critiques@gmail.com

Une prise en charge partielle des frais de déplacement pourra être étudiée le cas échéant.
Une publication est envisagée sous un format qui reste à définir.

Calendrier

Date de clôture de l’appel : 18 septembre 2015
Retour des avis : début octobre 2015
Journée d’étude (Paris Diderot – Paris 7) : 7 décembre 2015

Comité scientifique

Eliane de Larminat (Université Paris 7-Diderot / LARCA)
Véra Léon (Université Paris 5-Descartes / CERLIS)
Anaïs Mauuarin (Université Paris 1-Panthéon Sorbonne / HiCSA)
Alice Morin (Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle / CREW)

 

(Re)politiser les discours sur la photographie
7 décembre 2015 à Paris Diderot – Paris 7

Journée d’étude organisée dans le cadre du chantier de recherche Photo/savoirs/critiques de l’Association de Recherche sur l’Image Photographique (ARIP)

 

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(Re)Politicizing discourses on photography
December 7th, 2015, to be held at Paris Diderot-Paris 7, France

This event is directed primarily at young researchers.

The history of photography has been the object of increasing interest amongst French academics over the past 40 years, and yet to this day there are relatively few works that consider the political investment inherent in photographic images, uses, and practices. This situation can partly be ascribed to apolitical uses of estheticizing discourses that are meant to legitimize both the medium and its academic study. It is also produced by the general context of a post-1989 intellectual landscape, in which the neo-liberal reconfiguration of political categories often entails a dissolution of conflict.

The study of photography has undeniably proven to be a powerful tool for reshaping discourses on art. It could also, and with the same critical drive, address more directly political questions – for instance through the use of the categories of race, class, or gender, which are relatively seldom explored in French photographic studies. In taking part in this ongoing politicization of the analytical frameworks used to study cultural productions, scholars working on photography could contribute to a more general reconfiguration of the political category as such.

This symposium will be the occasion to reflect on the interaction of the photographic and the political beyond simple appropriation of one by the other (politically-committed photography, propaganda, etc…). The practice of photography, considered in this light, is more generally underlain, informed and invested by political categories and practices – be they ideological constructions, questions of visibility and representation, or the various ways in which power is exerted, contested or actualized in cultural practices. In order to better analyze photography as an integral part of the social realm (where it is produced, where it circulates, and where it acts), we deem it necessary to reintroduce analytical frameworks that are more specifically political – such as those of conflict and individual or collective action.

One of the goals of this symposium will thus be to move from looking at photography as a network of political phenomenona to considering the relevance of politicized approaches. We would also like to open a conversation on how contemporary redefinitions of “the political” could enrich and reinvigorate academic approaches to photography.

This symposium will bring together young researchers who share an interest in these issues. We would also like to see various fields of research and various European perspectives meet in the process. The following, non-exhaustive, list of themes could be developed:

1 – How can researchers studying photography adopt analytic frameworks such as race, class, and gender, which have been developed by the social sciences and which have been deployed to great effect by cultural studies? Under what conditions would such concepts allow photographic studies to become more effectively political? To what extent can such categories, which are central to a new articulation of the political, the social, and the cultural, still convey a critical charge, while they are more and more integrated into a mainstream academic vocabulary?

2 – In the wake of Michel Foucault’s work, the best assimilated politicized reading of photography consists in interpreting the medium as a power apparatus. How can we use the discourses describing the imperialism of the photographic gaze, or the democratic power of the medium as a way to access representation and empowerment? Can the subjects producing the images and those being photographed be thought of as agents crafting a new politics of visibilities?

3 – How are researchers – just like photographic objects and practices – part of social, political and economic patterns of relations which situate them within the configuration of power? What reflexive postures can these researchers adopt through a standpoint epistemology? To what extent can photographic studies be a site from which to take a critical stance on the dominant point of view on art, and, more generally, on the world as a social system?

The symposium will end with a round table with all participants and the invited keynote speaker, Jorge Ribalta, artist, critic, and curator (A Hard, Merciless Light. The Worker Photography Movement, 1926-1939, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, 2011).

Submission Procedure

Young researchers in all fields of the humanities and social sciences are welcome to apply. Independent scholars and those working on the matter through their practice (preservation, curation, artistic practice) are also encouraged to send their proposals. Papers should be twenty minutes in length, and can be delivered in French or English.

Proposals for papers, should follow the template below and should be sent by email to photo.savoirs.critiques@gmail.com by September, 18th 2015.

  • Full name of the author(s)
  • Affiliation(s) and position(s)
  • Title
  • Abstract (about 3000 characters, spaces included). This abstract should include the subject of the paper, the theme(s) into which it falls, the methodology that will be used and/or several theoretical references. A short bibliography can be added as well.

Some funding for travel expenses might be available.
We hope to publish the papers presented at the symposium. The format is still to be determined.

Schedule

Deadline to respond to the call for papers: September 18th, 2015
Decisions emailed to participants: early October, 2015
Symposium: December 7, 2015 at Paris Diderot – Paris 7

Scientific Committee

Eliane de Larminat (Université Paris 7-Diderot / LARCA)
Véra Léon (Université Paris 5-Descartes / CERLIS)
Anaïs Mauuarin (Université Paris 1-Panthéon Sorbonne / HiCSA)
Alice Morin (Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle / CREW)

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