Forum culturel pour l’Ukraine. Cycle de conférences (Rouen / Paris, mars-avril 2022)

Alors que l’Ukraine est envahie, la Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie (RMM) et l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), appuyés par le Musée du Louvre, le Centre Pompidou, le Musée d’Orsay, la Bibliothèque nationale de France (BnF), le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), l’ICOM France, l’École du Louvre, le Comité français d’histoire de l’art (CFHA), l’association générale des conservateurs des collections publiques de France (AGCCPF) les associations d’Amis de musées (AMAR, AMMD), la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) Normandie, prennent l’initiative d’ouvrir un forum culturel pour faire vivre la culture et le patrimoine ukrainiens menacés.

Tous les mercredis se tiendront au musée des Beaux-Arts de Rouen des conférences sur les arts, l’histoire et le patrimoine d’Ukraine, dont certaines seront reprises à l’INHA. Chaque rendez-vous fera l’objet d’une captation qui sera mise en ligne, créant ainsi une collection audiovisuelle accessible à tous les publics francophones, qui proposera un accès à ce que l’Ukraine a apporté de plus précieux à l’humanité.

Les personnalités invitées, conservateurs et conservatrices de musées, historiennes et historiens de l’art ou du cinéma, écrivaines et écrivains, cinéastes, artistes visuels, etc., feront entendre d’autres voix que celles des armes, en rappelant la richesse et la diversité de l’apport culturel de l’Ukraine au patrimoine universel, qui résulte d’échanges et de dialogues permanents, y compris au sein des conflits qui ont marqué ces « terres de sang ». Elles s’engagent en faveur d’un arrêt des combats, de la souveraineté de l’Ukraine sur son territoire et de la préservation des vies et des biens culturels, matériels et immatériels.

La programmation commencera avec une série de conférences :

  • Les premiers édifices chrétiens de Kiev par Jannic Durand (conservateur général du patrimoine, directeur du département des Objets d’art au musée du Louvre)

Le mercredi 9 mars, 14h30, Rouen, musée des Beaux-arts
Et le lundi 14 mars, 18h30, Paris, Institut national d’histoire de l’art, auditorium Jacqueline Lichtenstein, galerie Colbert

 

  • L’art contemporain ukrainien et ses racines par Alisa Lozhkina (historienne de l’art, commissaire d’exposition indépendante, intervention en duplex) et Igor Sokologorsky (directeur de la collection « L’art à l’écrit » aux Nouvelles éditions Place, Paris)

Mercredi 16 mars, 14h30, Rouen, musée des Beaux-arts
Et le Vendredi 18 mars, 18h30, Paris, Institut national d’histoire de l’art, auditorium Jacqueline Lichtenstein, galerie Colbert

Vivant aujourd’hui aux États-Unis, Alisa Lozhkina a codirigé le plus grand musée d’art contemporain d’Ukraine, le Mystetskyi Arsenal, et a été rédactrice en chef d’Art Ukraine. Elle a publié en 2020 Une révolution permanente : l’art ukrainien contemporain et ses racines  (1880-2020), aux Nouvelles éditions Place à Paris. En dialogue avec Igor Sokologorsky, Alisa Lozhkina présentera les spécificités de l’art ukrainien contemporain et consacrera également une partie de son exposé aux créations des artistes d’Ukraine dans le contexte de la guerre qui ravage aujourd’hui leur pays.

 

  • L’école de photographie de Kharkiv : déconstruire l’expérience soviétique par Nadiia Bernard-Kovalchuk (doctorante à Sorbonne Université / Centre André Chastel)

Mercredi 23 mars, 14h30, Rouen, musée des Beaux-arts
Et le Vendredi 25 mars, 18h30, Paris, Institut national d’histoire de l’art, salle Vasari

Tandis qu’en Occident, non sans une certaine condescendance, Pierre Bourdieu qualifiait la photographie amateure d’« art moyen », à Kharkiv, au milieu des années 1960, des pratiques dépassant les formes photographiques soviétiques normalisées, stéréotypées et vides ont germé précisément dans les profondeurs d’un club régional de photographie. S’étalant sur plus de cinquante ans d’histoire, réunissant trois générations et une trentaine de représentants, dont Boris Mikhaïlov, l’École de photographie de Kharkiv présente des récits personnels hors norme et aux esthétiques multiples. De la « stagnation » brejnévienne à la « perestroïka » de Gorbatchev, à travers l’underground soviétique et sur les ruines de son empire, la photographie de Kharkiv se caractérise par l’ironie, un regard critique sur le médium et l’action collective.

Nadiia Bernard-Kovalchuk est doctorante en Histoire de l’Art, Sorbonne Université / Université de Lorraine. Chercheuse pour le musée de l’École de photographie de Kharkiv (MOKSOP) depuis 2018, elle a publié en 2020, en ukrainien, le livre L’École de photographie de Kharkiv : jeu contre l’appareil (Kharkiv, MOKSOP).

 

  • Kiev, les coulisses staliniennes d’une reconstruction (1943-1956) par Fabien Bellat (maitre de conférence associé, École nationale supérieure d’architecture Paris Val de Seine)

Lundi 28 mars, 18h30, Paris, auditorium Jacqueline Lichtenstein, galerie Colbert
Et le Mercredi 30 mars, 14h30, Rouen, musée des Beaux-arts

Dès la libération de Kiev en 1943, l’URSS contrôla étroitement le processus de reconstruction de la capitale de la république ukrainienne. Un concours en 1944 donna d’emblée la primauté à de reconnus architectes russes, ne laissant qu’un rôle secondaire aux bâtisseurs issus de la ville. Ainsi le relèvement de Kiev suivit en ceci un principe clé de l’impérialisme stalinien. Or cela achoppa vite sur les controverses du milieu architectural soviétique. Car, malgré l’oppressante influence des instances moscovites toujours surveillées par les affidés de Staline, les architectes eux-mêmes restèrent indécis sur le délicat sujet des formes nationales ou sur le degré de monumentalité urbaine autorisé pour la cité ukrainienne. Les édifices finalement réalisés à Kiev vers 1950 témoignent de ces dessous tourmentés, écartelés entre la volonté de puissance du régime et sa crainte du patriotisme d’un peuple sans cesse perçu avec suspicion par le Kremlin.

 

  • L’avant-garde ukrainienne ou l’histoire de l’art comme une discipline politique par Vita Susak (docteure en histoire d’art, experte pour la Fondation culturelle ukrainienne au ministère de la Culture de l’Ukraine)

Vita Susak est historienne de l’art, commissaire d’exposition et experte pour la Fondation culturelle ukrainienne au ministère de la Culture de l’Ukraine. Elle est membre de la Swiss Academic Society for East European Studies, du Polish Institute of World Art Studies, et du comité de l’Ukraine de l’ICOM. Elle a dirigé le département d’art moderne européen de la galerie nationale d’art de Lviv (1992-2016). Elle est l’autrice de nombreux articles et ouvrages, dont Les Artistes ukrainiens à Paris (1900-1939), publié en traduction française en 2012 aux éditions Rodovid.

Mercredi 6 avril, 14h30, Rouen, musée des Beaux-arts
Et le Jeudi 7 avril, 18h30, Paris, Institut national d’histoire de l’art, auditorium Jacqueline Lichtenstein, galerie Colbert

La suite de la programmation sera annoncée ultérieurement.

Plus d’informations sur le site de l’INHA

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