Rencontres doctorales : « Atelier Renaissances » (Paris, 17 décembre 2014)

Gaylord Brouhot (UnGiovanni Bizzelli, Johanna von Hasbourg, 1586, bois, 140 x 116 cm. Firenze, galleria degli Uffizi, inv.1890 n°2242.iversité Paris 1 Panthéon-Sorbonne),
Mystères iconographiques autour d’un portrait de Johanna von Habsburg, grande-duchesse de Toscane. 

Le portrait appartient à la Serie dei Serenissimi Principi (dite Aulica) : vingt tableaux commandés par Francesco I à douze peintres entre 1584 et 1586, auxquels se sont ajoutés des portraits de format et de cadrage similaires au cours des règnes des grands-ducs successifs jusqu’à Anna Maria Luisa de’ Medici. Les tableaux furent accrochés dans le corridor du palazzo degli Uffizi, à la gloire de la dynastie Medici, à destination des personnalités florentines, toscanes et étrangères amenées à rencontrer le grand-duc en fonction, dans l’exercice de ces charges gouvernementales. Johanna est la première grande-duchesse de Toscane ; elle est aussi princesse autrichienne, fille de l’empereur Ferdinand von Habsburg, sœur de son successeur Maximilien II ; elle est la part de sang royal qui manquait aux Medici pour légitimer un titre grand-ducal auprès de dynasties ancestrales. Pourtant, aucune référence n’est faite au titre grand-ducal. Certes, le vêtir est d’une magnificence à couper le souffle mais comment faut-il regarder, percevoir et comprendre les éléments qui positionnent Johanna et le fils héritier Filippo au sein d’un espace illusoire qui tend à rendre leur présence ? Quelle place ce portrait occupe-t-il dans l’image officielle de Johanna ? Dans quelle mesure est-il révélateur d’une iconographie singulière et comment faut-il l’analyser ? Il importera de présenter les faits à ma disposition et de recueillir les impressions, les avis et les orientations de chacun.

Bibliographie indicative:

Karla Langedijk, The portraits of the Medici. 15th-18th centuries, Firenze, 1981-1987.
Moda a Firenze, 1540-1580 : Lo stile di Eleonora di Toledo e la sua influenza, dir. Roberta Orsi Landini & Bruna Niccoli, Firenze, Edizioni Pagliai Polistampa, 2005.

Agnolo Bronzino, Cosimo I de' Medici en Orphée, 1537-39, huile sur panneau, 94 x 76 cm, Museum of Art, PhiladelphieJulia Maillard (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Travestir l’image du prince. État d’une recherche en cours : terminologie, corpus et parallèles avec les fêtes de cour. 

Le portrait qui se développe au XVe et XVIe siècle a fait l’objet d’un grand nombre d’études, mettant en avant son caractère mimétique « qui rend présent l’absent » pour reprendre Alberti et en étudiant les divers mécanismes. Le portrait princier ou royal quant à lui a été traité sous l’angle du portrait d’Etat et de son développement au cours du XVIe siècle. Les portraits déguisés y sont inclus mais n’ont jamais été un objet d’étude à part entière. Pourtant, certains sont extrêmement connus, que ce soit le Portrait de Cosme en Orphée ou celui de François Ier en déité composite. A l’opposé du spectre, se trouvent des « portraits » allégoriques ou symboliques et « non-mimétiques » où la relation au prince est de l’ordre de l’allusion comme le Persée de Cellini, double de Cosme de Médicis. Le problème de terminologie se pose : peut-on parler de portraits ? Comment les définir dans le cas contraire ? quels sont les éléments qui permettent d’associer un héros à un prince en tant que double et quels en sont les enjeux ? C’est ce que cette étude entreprend d’étudier avec pour point de départ les fêtes de cour où ce processus de travestissement était également utilisé.

Bibliographie indicative :

COX-REARICK J., Dynasty and destiny in Medici art: Pontormo, Leo X, and the two Cosimos, University Press, 1984.
GALLI A., PICCININI C. et ROSSI M., Il ritratto nell’Europa del Cinquecento : Atti del convegno, Firenze, 7-8 novembre 2002, L.S. Olschki, 2007.
JOHANNESSON K., « The portrait of the prince as a rhetorical genre » et POLLEROSS F., « From exemplum virtutis to the Apotheosis : Hercules as an identification figure in portraiture : an example of the adoption of classical forms of representation » dans ELLENIUS A., Iconography, propaganda, and legitimation, Clarendon Press, 1998, p.11-36 et p.37-62.
LECOQ A.-M., François Ier imaginaire : symbolique et politique à l’aube de la Renaissance française, Macula, 1987.
POMMIER É., Théories du portrait : de la Renaissance aux Lumières, Gallimard, 1998.
STRONG R., Les fêtes de la Renaissance (1450-1650). Art et pouvoir, Solin, 1991.

S’en suivra une réflexion commune autour d’une « Œuvre mystère » :
Anonyme vénitien, Arbre des fruits de la fortune, v. 1550, gravure sur bois, 72,7 x52,8 cm, Cambridge, Harvard Art Museum.

ATELIER RENAISSANCES
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Vendredi 17 décembre, 18h-20h

INHA, Salle Demargne
Galerie Colbert, rez-de-chaussée
2, rue Vivienne, 75002 Paris

 

Manifeste de l’Atelier Renaissances sur le site de l’ED 441

L’Atelier Renaissances est né de la volonté de mettre à disposition des doctorants et des étudiants de master 2 un espace de réflexion dédié au partage et à la confrontation de leurs recherches. Tout particulierement consacré aux problématiques de l’histoire de l’art italien et européen de la Renaissance, l’Atelier Renaissances a pour ambition de réunir des membres de différentes écoles doctorales et d’offrir à ses participants l’opportunité de dévoiler des aspects méconnus de leurs recherches à travers des tables rondes ou des prises de parole individuelles, dans un dessein de formation aux exercices inhérents à l’activité de chercheur.

Au-delà d’un lieu destiné à l’amélioration des techniques oratoires de ses membres et de leurs facultés didactiques, l’Atelier Renaissances se veut aussi un réel espace d’échanges et d’élaborations d’hypotheses relatives à l’histoire de l’art italien, ou l’on aura à coeur de faire appel à une réflexion ouverte à d’autres champs de recherche, dans une perspective décloisonnée et un raisonnement conscient de la complexité des questions soulevées, à l’image d’un contexte historico- culturel marqué par une perméabilité entre les multiples disciplines de l’esprit humain. L’appel à des raisonnements d’ordres philosophique, littéraire, historique, philologique, musicologique, la liste n’étant pas exhaustive, sera donc encouragé et valorisé. Cet esprit d’ouverture s’étendra avec enthousiasme à des eres géographiques plus vastes, dont l’étude est vite rendue nécessaire au sein d’une période marquée par les échanges internationaux, la mobilité des artistes et des humanistes, la migration des formes et des idées ; mais aussi à des périodes étrangeres à celles traditionnellement envisagées, dans une démarche de curiosité et de compréhension des oeuvres au sein d’une vision élargie.

Membres organisateurs : Nicolas CORDON, Cécile JOYET, Youenn MORVAN et Marie PICCOLI- WENTZO.

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