L’histoire de la colonisation est contemporaine du développement des images et de leur
« reproductibilité technique », qu’il s’agisse de diverses techniques qui fleurissent au XIXe et au XXe siècles, de la lithographie au cinéma en passant par la photographie. A la charnière de ces deux histoires se pose la question du pouvoir et des liens entre art et pouvoir. Car, s’il est admis qu’une certaine forme de production des images et des imaginaires fut mise au service de la domination coloniale, les modalités de cette articulation restent à analyser. Qu’il s’agisse de photographie « scientifique » (photographie anthropométrique) ou amateur (collections des sociétés de géographie, par exemple), d’art colonial ou d’images populaires (affiches, cartes postales, presse illustrée), ou même des productions des avant-gardes, la question des rapports entre art et pouvoir se pose de manière différenciée.
En raison sans doute de la très grande émotion provoquée par un certain type d’images aujourd’hui (voir le succès de l’exposition Exhibition organisée au musée du quai Branly, par exemple), et en dépit des travaux spécifiques et circonscrits à l’étude de corpus précis, on tend à qualifier trop rapidement d’« images coloniales » un champ sur lequel est plaqué un discours univoque et fantasmatique à propos de la perception dépréciative des mondes colonisés par l’Occident.
L’ambition de ces journées d’étude est de croiser l’analyse des différents types d’œuvres et leur contextualisation historique pour tenter de réfléchir à la relation entre les images, aussi diverses soient-elles, et les progrès de l’idéologie dite coloniale. Quelles sont les intentions des producteurs et des diffuseurs de ces multiples images ? Comment le sens qu’elles portent évolue-t-il et se déplace-t-il ? Qu’est-ce qu’une image « officielle » ? Existe-t-il une image coloniale « de propagande » ? Comment les artistes se positionnent-ils par rapport à une culture visuelle historiquement construite ? Les œuvres d’art anticoloniales sont-elles exemptes de ces rapports de pouvoir ?
Conditions de soumission
Cette réflexion, qui porte autant sur la production que sur la réception et s’adresse aussi bien aux historiens de l’art qu’aux historiens, aux anthropologues qu’aux conservateurs, invite à s’interroger sur la nature des relations des différents types d’images avec le politique et sur la plus ou moins grande proximité de leurs producteurs avec le pouvoir.
Loin de dresser une typologie des différentes images coloniales, il s’agit au contraire, à l’aune de leur diversité, de conduire une réflexion sur la manière dont ces visuels ont façonné notre « atlas mental » depuis le XIXe siècle jusqu’à l’époque postcoloniale.
Les propositions devront comprendre le titre de l’intervention, un résumé d’environ 300 mots ainsi qu’un curriculum vitae, et sont à adresser aux responsables scientifiques des journées Sophie Leclercq et Maureen Murphy, maîtresse de conférences pour l’histoire des arts d’Afrique, Université Paris I Panthéon Sorbonne avant le 30 janvier 2013.
La journée se tiendra le 29 avril 2013 à l’INHA.
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