Ces journées d’étude sont destinées à constituer une synthèse diachronique et pluridisciplinaire sur la fabrication du diable. Il ne s’agit pas d’écrire une histoire de la figure diabolique : de nombreux ouvrages ont déjà été publiés sur la question. La démarche souhaitée consistera à cerner les différents usages dévolus au diable, autrement dit sa place dans l’écriture et dans la pensée. Est-il un contradicteur indispensable à la dialectique, une entité abstraite commode pour expliquer l’inexplicable, un personnage associé au fantastique ou une nécessité théologique ?
On s’interrogera sur l’imaginaire qui produit la figure du diable : n’est-il qu’une vue de l’esprit ? L’écriture (voire l’Ecriture) suffit-elle à le faire exister ? Jusqu’où le diable est-il le reflet de l’époque qui l’a conçu ? Qui engendre le diable et dans quel but ? Qui y recourt ?
Période concernée : du Moyen Age au siècle des Lumières
Espace : L’Europe occidentale
Champs d’investigation : tous les genres littéraires, les arts, les traités moralistes, les hagiographies, les traités juridiques, les textes historiques, les ouvrages relatifs à l’hermétisme, à la démonologie, au symbolisme.
Pour ouvrir la problématique à toutes les disciplines, nous suggérons les pistes suivantes :
Linguistique :
Quels usages fait-on des différentes appellations du diable (étym. : celui qui divise) : Satan, Belzébuth, Lucifer, le Malin, l’Antéchrist, Méphistophélès, la Bête ?
Quelle place occupe la référence au diable dans les insultes, les jurons (ex. : diantre), les malédictions, les expressions proverbiales, les invocations ?
Inversement, de quelles circonlocutions use-t-on pour éviter de prononcer son nom ?
Quelles créations verbales la référence au diable a-t-elle suscitées ?
Quelles définitions du diable les dictionnaires donnent-ils ?
Morale/théologie :
Le diable n’est-il que le double inversé de Dieu ?
Comment est-il défini et expliqué dans les catéchismes catholiques, protestants et jansénistes ?
Y a-t-il un ‘a-diabolisme’, une négation de l’existence du diable, comme il existe un athéisme ?
A quoi sert le diable dans la pensée moraliste ? Quel lien a-t-on établi entre diable et tentation ?
Le démiurge de la Gnose survit-il comme entité maléfique ?
Quel rôle l’Eglise a-t-elle attribué au diable dans sa lutte contre l’hermétisme ?
Littérature et arts :
On s’intéressera aux représentations du diable dans tous leurs aspects :
* son animalité : cornes, griffes, queue, serpent, dragon, bouc…
* ses suppôts : diablotins et autres…
* son anthropomorphisme : son âge, sa race, son sexe (existe-t-il une version féminine du diable ?)
* On analysera son rôle en littérature : est-il un mythe, une allégorie, un personnage à part entière ?
Est-il systématiquement lié au genre fantastique ? au registre comique : le rire est-il perçu comme diabolique ?
Comment s’établit le rapport de force avec l’homme dans les textes littéraires : il conviendra d’évoquer le triomphe de l’un sur l’autre (les figures de saints qui ont terrassé la diable : saint Michel, saint Georges).
Symbolisme :
On étudiera le sens et l’usage des symboles liés au diable : la croix renversée, la couleur noire, le feu, le chiffre 666, la nuit, le cercle vicieux, la chute…
Philosophie :
Diable et inconscient : la pulsion est-elle diabolique ?
Le diable est censé manipuler la volonté humaine : quelle part les philosophes laissent-ils à la liberté et à la responsabilité humaine dans les actes qui sont supposés inspirés par le diable ?
Les phénomènes paranormaux : le diable explique-t-il l’anormalité ? En est-il la cause ? N’est-il qu’une variable d’ajustement pour justifier les dérives humaines ?
Le diable est censé être menteur : comment se définit le mensonge ? Par rapport à quelle vérité ?
Dans la lutte contre la superstition et l’obscurantisme, comment le diable est-il désigné ?
Diable et spéculation hermétique : le diable vu par Marsile Ficin ou Pic de La Mirandole
Sociologie/histoire :
La peur du diable : comment et dans quels buts cette peur est-elle récupérée, voire entretenue par la société ?
Les liens entre diable et sorcellerie, magie noire. Les pratiques diaboliques (sabbat) ou au contraire les exorcismes.
Diable et sexualité : la lubricité est-elle forcément diabolique ?
Le diable et l’argent : « payer sa part au diable » mais aussi « vendre [son âme] au diable »
Apparitions et mystifications diaboliques : la naissance de légendes, de toponymes (Pont du diable, Saut du diable, Rocher du diable…), de formules cryptées transmises dans le secret.
Les sociétés secrètes ou sectes à caractère diabolique.
Les ennemis ou les étrangers vus comme des diables.
Cette liste n’est pas exhaustive. Toute idée originale entrant dans le cadre spatio-temporel défini plus haut sera la bienvenue.
Méthode de travail : Chaque communication durera 30 mn et sera suivie d’une discussion de 15mn environ. Les Actes feront l’objet d’une publication dont les modalités seront précisées ultérieurement.
Les propositions de communications devront être envoyées avant le 18 janvier prochain par voie électronique, à l’une des adresses ci-dessous. Le comité scientifique avertira les auteurs des communications retenues au mois d’avril 2016. Ces Journées d’étude se tiendront en novembre 2016.
Christian JEREMIE : christian.jeremie@univ-st-etienne.fr
Marie-Joëlle LOUISON-LASSABLIERE : louison.lassabliere@libertysurf.fr
Yona DUREAU : kimbot@numericable.fr
Nous restons à votre disposition pour tout renseignement complémentaire et nous vous remercions par avance de votre collaboration.
Institut Claude-Longeon
Journées d’étude de Novembre 2016
Université Jean Monnet Saint-Etienne
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.