C’est en 1949, quatre ans après la fin de la guerre, que le neurologue et collectionneur d’art de Stuttgart Ottomar Domnick publie la première monographie (en trois langues) sur Hans Hartung (1904-1989), peintre et graveur encore très méconnu jusqu’alors. Toutefois, dans sa contribution à ce même ouvrage, Madeleine Rousseau perçoit déjà en lui une figure de l’histoire de l’abstraction, estimant qu’il a « inventé une nouvelle langue » forgée « par l’expérience de la réalité présente ». Et de fait, Hans Hartung prend une place significative dans l’histoire de l’art européenne à partir de 1945 : à travers, notamment, sa participation aux trois premières expositions de la Documenta et son Grand Prix de peinture à la Biennale de Venise en 1960, il connaît le succès international, devient l’incarnation de l’École de Paris et même, à lui seul, de la modernité abstraite d’après-guerre.
Presque trois décennies après sa mort, le colloque Hans Hartung et l’abstraction se propose de renouveler le regard sur cet artiste allemand au passeport français, en considérant son œuvre intermédiale et sa biographie mouvementée à la lumière de différents contextes : artistiques, historiques, économiques ou encore médiatiques. Les archives de la fondation Hartung-Bergman offrent pour cela des possibilités d’exploration et d’analyse inédites.
À partir d’une réédition critique d’Autoportrait ̶ les mémoires de Hans Hartung, initialement publiées en 1976 ̶ à paraître cette année, on s’interrogera en premier lieu sur la façon dont l’artiste se caractérisait lui-même ainsi que sur la perception que ses contemporains avaient de lui. Comment Hartung présentait-il sa propre œuvre et le travail dans son atelier, comment les mettait-il en scène ? Dans l’optique de ces questionnements, il s’agira d’une part d’examiner la diversité des techniques, matériaux, et procédés spécifiques de l’œuvre de Hans Hartung : entre expressionisme et abstraction, crayon et pistolets pulvérisateurs, toile et cliché photographique. D’autre part, on se demandera dans quelle mesure la photographie, le cinéma, la presse spécialisée ou encore les mass-media ont contribué à populariser la figure de Hartung comme incarnation de la modernité ?
Une autre section du colloque sera consacrée à la reconstitution des réseaux et itinéraires du peintre, qui, partageant sa vie entre Leipzig, Paris, Dresde, Minorque et Antibes, put entrer en contact avec différents artistes, critiques et mouvances. Quelles ont été les répercussions de ces lieux, de ces rencontres, de ces affinités électives mais aussi de ces rejets artistiques sur l’activité créatrice de Hartung ? La prise en considération des destins parallèles et des cheminements artistiques de créateurs comme Wols, Arp ou encore de Staël, Fautrier et Soulages, invite à s’interroger sur le rôle joué par Hartung dans le grand récit de l’abstraction.
Dans cette perspective, il importe également de s’intéresser aux marchands d’art, intermédiaires, collectionneurs et musées qui ont contribué au succès international du peintre. Quels mécanismes et stratégies économiques sont entrés en jeu ? Quelle importance doit être accordée aux développements du marché de l’art au XXème siècle, à l’échelle franco-allemande comme européenne ? Comment comprendre la réception de Hartung aux États-Unis, souvent considérée comme un échec, alors que ses premiers contacts avec ce pays remontent aux années trente ? De sa première exposition à Dresde en 1931 aux expositions actuelles, en passant par la biennale de Venise en 1960, la carrière de Hartung –- de même que celle d’autres représentants de l’abstraction – devra être examinée sous l’angle des « Exhibition Studies ».
De surcroît, il conviendra d’analyser dans quelle mesure les césures historiques du XXème siècle, qui ont affecté Hartung directement, se reflètent dans son œuvre. Ainsi, Madeleine Rousseau évoque la réflexion de l’artiste au sujet de ses tableaux de 1949 – peints immédiatement après son premier retour au pays natal – celui-ci se demandant si ces toiles n’avaient pas été influencées par « le spectacle des villes allemandes ruinées ». La pensée et le travail créateur de Hartung doivent être davantage resitués dans le contexte historique et politique de l’époque, et notamment à l’aune de destins artistiques contemporains, entre guerre civile espagnole et exil, Seconde Guerre mondiale et partition de l’Allemagne.
« Réalité autre, mais réalité quand même ». Hans Hartung et l’abstraction
Colloque international au Centre allemand d’histoire de l’art, Paris, 12/13 janvier 2017
Ce colloque est organisé par Thomas Kirchner (Centre allemand d’histoire de l’art), Antje Kramer-Mallordy (Université Rennes 2/Archives de la Critique d’art) et Martin Schieder (Universität Leipzig). Il s’adresse à tous les chercheurs intéressés travaillant non seulement spécifiquement sur Hans Hartung, mais aussi au-delà, suivant différentes approches méthodologiques, sur l’abstraction, l’École de Paris, le marché de l’art, les ateliers d’artistes, et d’autres thématiques similaires au XXe siècle.
Conception :
Thomas Kirchner (Centre allemand d’histoire de l’art Paris)
Antje Kramer-Mallordy (Université Rennes 2/Archives de la Critique d’art)
Martin Schieder (Universität Leipzig)
Avec le soutien de la fondation Hartung-Bergman, Antibes
Les propositions de communications (1 à 2 pages en français, allemand ou anglais), assorties d’une courte notice biographique, doivent être envoyées d’ici au 12 septembre 2016 à l’adresse suivante :
Déborah Laks : dlaks@dfk-paris.org
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« Réalité autre, mais réalité quand même ». Hans Hartung und die Abstraktion
Internationale Tagung am Deutschen Forum für Kunstgeschichte, Paris, 12./13. Januar 2017
1949, vier Jahre nach Kriegsende, gab der Stuttgarter Neurologe und Kunstsammler Ottomar Domnick die erste (dreisprachige) Monographie zu dem bis dato kaum bekannten Maler und Graphiker Hans Hartung (1904-1989) heraus. Gleichwohl ordnete Madeleine Rousseau den Künstler in ihrem einleitenden Essai bereits in die Geschichte der Abstraktion ein: Er habe eine « neue Sprache gefunden », die von den « Erfahrungen der gegenwärtigen Realität » geprägt seien. Tatsächlich nahm Hartung eine bedeutende Rolle in der europäischen Kunstgeschichte nach 1945 ein, feierte er doch mit seinen Teilnahmen u.a. auf den ersten drei documenta-Ausstellungen und 1960 mit dem Großen Preis für Malerei auf der Biennale di Venezia internationale Erfolge, galt als Inbegriff der École de Paris, ja der abstrakten Nachkriegsmoderne an sich.
Knapp drei Jahrzehnte nach seinem Tod möchte die Tagung Hans Hartung und die Abstraktion eine Neubewertung des deutschen Künstlers mit französischem Paß vornehmen, indem sein intermediales Œuvre und seine bewegte Biographie in unterschiedlichen kunsthistorischen, historischen, medialen sowie ökonomischen Kontexten diskutiert werden. Dabei bieten die Archive der Fondation Hartung-Bergman in Antibes Möglichkeiten der neuen Erschließung und Bewertung.
Ausgehend von einer kritischen Neuedition der Hartungschen Memoiren Autoportrait (1976), die 2016 erscheint, soll zunächst nach der Selbstdarstellung sowie nach der Wahrnehmung des Künstlers durch seine Zeitgenossen gefragt werden. Wie vermittelte und inszenierte Hartung sein eigenes Werk und den Arbeitsprozess im Atelier? In diesem Zusammenhang sollen einerseits die vielfältigen Techniken, Materialien sowie Hartungs spezifischer Werkprozeß zwischen Expressionismus und Abstraktion, zwischen Bleistift und Spritzpistole, zwischen Leinwand und Cliché betrachtet werden. Inwiefern haben andererseits Photographie, Film, Fachpresse sowie Massenmedien dazu beigetragen, Hartung als Inbegriff der Moderne zu mediatisieren beziehungsweise zu popularisieren?
Eine weitere Sektion möchte den Netzwerken und Itinerarien des Künstlers nachgehen, dessen verschiedene Lebensabschnitte zwischen Leipzig und Paris, zwischen Dresden, Menorca und Antibes, ihn mit unterschiedlichen Künstlern, Kritikern und Kunstströmungen zusammengeführt haben. Welche Auswirkungen hatten diese Orte, Begegnungen, künstlerischen Wahlverwandtschaften aber auch Ablehnungen auf Hartungs Schaffen? Im Hinblick auf die parallelen Schicksale und künstlerischen Entwicklungen u.a. von Wols, Arp oder auch de Staël, Fautrier und Soulages stellt sich die Frage, welche Rolle Hartung im großen Diskurs um die Abstraktion spielte.
Vor diesem Hintergrund gilt es, nach den Kunsthändlern, Vermittlern, Sammlern und Museen zu fragen, die zu seinem internationalen Erfolg beigetragen haben. Welche ökonomischen Mechanismen und Strategien kamen hier zum Tragen? Welche Bedeutung kommt den deutsch-französischen und europäischen Entwicklungen des Kunstmarkts des 20. Jahrhunderts zu? Wie lässt sich die häufig als missglückt beschriebene amerikanische Rezeption Hartungs verstehen, obwohl die ersten Kontakte bereits auf die 1930er Jahre zurückgehen? Ausgehend von seiner ersten Ausstellung in Dresden 1931, über die Biennale in Venedig 1960 bis hin zu den aktuellen Ausstellungen soll Hartungs Karriere –- sowie die anderer Vertreter der abstrakten Kunst – auch unter dem Blickwinkel der Exhibition Studies gelesen warden.
Zudem wird zu analysieren sein, inwieweit sich in Hartungs Werk die historischen Zäsuren des 20. Jahrhunderts, von denen er selbst unmittelbar betroffen war, widerspiegeln. So fragt Madeleine Rousseau, ob die Gemälde, die 1949 entstanden waren, unmittelbar nachdem Hartung erstmals wieder sein Geburtslande besucht hatte, vom « Anblick der zerstörten deutschen Städte » inspiriert seien. Tatsächlich muß Hartungs Denken und Schaffen stärker als bisher und im Vergleich mit anderen Künstlern in den historischen und politischen Kontext zwischen Spanischem Bürgerkrieg und Exil, zwischen Zweitem Weltkrieg und Deutscher Teilung verortet warden.
Die Tagung wird von Thomas Kirchner (Deutsches Forum für Kunstgeschichte), Antje Kramer-Mallordy (Université Rennes 2/Archives de la Critique d’Art) und Martin Schieder (Universität Leipzig) organisiert. Sie richtet sich an alle interessierten Wissenschaftler/-innen, die sich nicht nur speziell mit Hans Hartung beschäftigen, sondern mit unterschiedlichen methodischen Ansätzen über Abstraktion, École de Paris, Kunstmarkt, Atelier etc. im 20. Jahrhundert forschen.
Konzept:
Thomas Kirchner (Deutsches Forum für Kunstgeschichte, Paris)
Antje Kramer-Mallordy (Université Rennes 2/Archives de la Critique d’Art)
Martin Schieder (Universität Leipzig)
Mit Unterstützung der Fondation Hartung-Bergman, Antibes
Vorschläge zu Tagungsbeiträgen (1 bis 2 Seiten auf Deutsch, Französisch oder Englisch) sowie einer Kurzbiographie werden bis zum 12. September 2016 an folgende Adresse erbeten:
Déborah Laks: dlaks@dfk-paris.org
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