Deadline-CFP: 1 avr. 2014
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SPECTACLE
Aujourd’hui, au Québec comme au Canada, en Europe et aux États-Unis, nous assistons à une mise en spectacle de la culture sans précédent. Certains phénomènes en sont emblématiques. On pourrait citer, à titre d’exemples, l’émission Les règles de l’art, production de téléréalité américaine, ou encore la formule québécoise des Ateliers TD, qui réunira différents acteurs du milieu de l’art contemporain québécois (artistes, conservateurs, critiques d’art, collectionneurs). On pourrait aussi mentionner le Quartier des Spectacles de Montréal, la multiplication des biennales, des foires d’art contemporain (qui sont autant de « marchés » qui prennent parfois le visage d’expositions savantes), ou encore la tendance dans les grands musées d’organiser des expositions dites blockbusters afin d’augmenter à tout prix le nombre de visiteurs. Trop souvent les journaux limitent leur contenu artistique aux nouvelles spectaculaires, comme les ventes aux enchères, alors que la place accordée à certaines formes publicitaires dans les revues (infopub, contenu éditorial commandité) soulève des questions quant à une possible marchandisation de l’art.
On a trop souvent cru, dans la foulée d’Adorno et de Horkheimer, que l’avant-garde artistique échappe à l’emprise de l’industrie culturelle, et qu’elle peut de ce fait en opérer la critique. Est-ce encore possible aujourd’hui ? Vivons-nous à l’époque de l’emprise totale du capitalisme sur les productions artistiques ? Les œuvres actuelles s’inscriraient-elles, pour reprendre les mots de Debord, dans « l’immense accumulation de spectacles » ? Selon certains, l’hypothèse d’une extériorité aux forces du capital est impossible. Malgré tout, l’art est-il encore capable de résister, voire de subvertir les dispositifs du spectacle, qui constituent désormais un réseau mondialisé ? Sinon, que peut offrir le spectacle de la critique du spectacle ? Et qu’en est-il du spectateur ? Est-il avant tout devenu un consommateur ? Quoi qu’il en soit, une réflexion approfondie sur la critique institutionnelle s’impose.
Si les détracteurs de l’industrie culturelle restent nombreux, d’autres verront sans doute la conjoncture actuelle d’un œil plus favorable, à l’instar de Walter Benjamin pour qui l’émergence des arts de masse comme le cinéma était porteuse d’émancipation sociale. Compte tenu de l’adhésion de la relève artistique aux nouveaux modes du spectacle (Facebook, twitter, sites web), cette contrepartie n’est pas à négliger. Quels seraient donc les aspects positifs de cette spectacularisation?
Pour ce numéro à paraître en plein cœur du 30ième anniversaire de esse, la question des nouvelles modalités du spectacle semble incontournable. Les auteurs sont invités à nous soumettre des textes qui explorent une ou plusieurs facettes de cette problématique complexe.
Les textes proposés (de 1 000 à 2 000 mots maximum, notes incluses) peuvent être envoyés à redaction@esse.ca avant le 1er avril 2014. L’auteur est prié d’inclure une courte notice biographique (50-100 mots), un résumé du texte (100 mots), ainsi que son adresse courriel et postale.
Les propositions non afférentes aux dossiers (critiques, essais et analyses sur différents sujets en art actuel) sont aussi les bienvenues (dates de tombée : 1er septembre, 10 janvier et 1er avril de chaque année).
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SPECTACLE
Today, in Quebec as in Canada, Europe, and the United States, we are witness to unprecedented developments in the spectacularisation of culture. Certain phenomena are emblematic; for example, the American TV reality show Work of Art: The Next Generation, or Quebec’s Les Ateliers TD project, which brings together various actors from the region’s contemporary art milieu (artists, curators, art critics, and collectors). One could also mention Montreal’s Quartier des Spectacles, the growing number of biennials and contemporary art fairs (quasi “markets” that sometimes take on the guise of scholarly exhibitions), or the tendency for major museums to organize so-called blockbuster exhibitions in order to increase visitor numbers at any cost. All too often, newspapers limit their artistic content to sensational news (about auction sales, for example), while the amount of space dedicated to certain forms of advertising (promotional ads, sponsored editorial content) in art magazines raises questions as to the commodification of art.
Following Adorno and Horkheimer, it was long believed that the artistic avant-garde lay beyond the influence of the culture industry and could thus provide a critique. Is this still possible today? Do we live in an age in which capitalism has a total hold over artistic creation? Do contemporary art works fall within the scope of, to use the words of Debord, “an immense accumulation of spectacles”? Some suggest that the exteriority of capital forces is impossible. Nonetheless, is art still capable of resisting or even subverting the devices of the spectacle, which henceforth have global reach? If not, what can the spectacle of critical spectacle offer? And what of the spectators? Have they primarily become consumers? Whatever the case may be, renewed thinking on institutional critique is essential.
Regardless of the extent of critique against the culture industry, some will undoubtedly perceive the present situation in a more positive light, like Benjamin, for whom the emergence of mass media arts, such as cinema, was fundamental to social emancipation. Considering the proclivity of emerging artists for new platforms of expression (facebook, Twitter, Websites), this opposition should not be ignored. What will the positive aspects of this spectacularisation prove to be?
For this edition that will appear amid esse’s 30th anniversary celebrations, the question of new modes of spectacle seems essential. Authors are invited to submit texts exploring one or more aspects of this complex subject.
Send your text (750-2,000 words, footnotes included) to redaction@esse.ca before April 1, 2014. Please include a short biography (50-80 words), an abstract of the text (100 words), as well as postal and e-mail addresses.
We also welcome submissions (reviews, essays, analyses of contemporary art issues) not related to a particular theme.
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URL de référence : http://arthist.net/archive/7001
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