Si les questions de reconnaissance et de consécration se situent au cœur de toute analyse des univers artistiques et culturels, c’est que ces derniers sont fondés sur des propriétés spécifiques et pour le moins paradoxales. En effet, relativement à d’autres domaines, les mondes de l’art se caractérisent par l’importance majeure que les professionnels comme les publics accordent à la valeur symbolique des œuvres et des artistes et par le désintéressement affiché ou, du moins, la dénégation assumée concernant la valeur et les profits économiques. Ainsi, au sein de ces univers, la hiérarchisation des artistes et des œuvres s’organise essentiellement selon la logique de l’accumulation du capital symbolique. Or, paradoxalement, l’évaluation de la qualité ou de la valeur artistique s’avère, au moins au départ, fortement marquée par l’incertitude, notamment parce que cette évaluation est généralement privée de conventions consensuelles et que ses objets (œuvres et artistes), loin d’être homogènes comme sur d’autres marchés, se caractérisent avant tout par leur singularité.
Le développement de l’analyse de la reconnaissance et de la consécration artistiques se révèle donc essentiel pour comprendre ce qui fait le prix et la valeur artistique des œuvres et pour appréhender, plus généralement, le fonctionnement social des champs artistiques dans leur diversité. C’est l’objectif que s’assigne ce colloque en faisant dialoguer des chercheur-se-s provenant de différents pays et de plusieurs disciplines des sciences sociales (sociologie, histoire et histoire de l’art, études littéraires, sciences de l’information et de la communication, économie, etc.) et des acteurs institutionnels de l’art et de la culture.
La variété des points de vue vise en particulier à penser les phénomènes de consécration en relation avec les transformations passées et présentes des mondes de l’art. Ces dernières années, l’accroissement des populations d’artistes, la concentration des entreprises culturelles et médiatiques et le développement de l’organisation par projet font partie des principales mutations ayant entraîné une intensification de la concurrence et de la spéculation sur la qualité artistique. Si ces transformations n’ont pas fait disparaître les voies traditionnelles de la consécration, elles en ont fait apparaître de nouvelles et semblent avoir rendu plus efficientes celles qui étaient davantage centrées sur la notoriété médiatique et commerciale que sur la réputation proprement artistique. Identifier ces différents phénomènes, les distinguer et rendre compte empiriquement de leur articulation dans le processus de reconnaissance des œuvres, des artistes ou des genres artistiques comptent parmi les enjeux majeurs de ce colloque.
INFORMATIONS : http://www.colloque-consecration.org
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