L’APAHAU a l’immense regret d’annoncer le décès de Pascale Dubus ce mercredi 27 octobre 2021.
Historienne de l’art, maîtresse de conférence HDR à l’École des arts de l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, Pascale Dubus était une spécialiste de l’art de la Renaissance. Après son doctorat à l’EHESS (1997), elle fut rapidement connue pour de nombreuses publications, dont Domenico Beccafumi (2000, en français et en anglais), Qu’est ce qu’un portrait (2006), L’art et la mort. Réflexions sur les pouvoirs de la peinture à la Renaissance (2006). Elle avait publié en 2011 une édition scientifique du Dialogo di pittura de Paolo Pino et avait dirigé avec Corinne Lucas-Fiorato le colloque La réception des Vite de Vasari, dont les actes sont parus en 2017. Elle animait depuis 2019 un séminaire à l’IHMC sur « La culture des peintres à la Renaissance » et préparait la publication d’un ouvrage, Peindre la tempête. Les météores dans la peinture du Cinquecento.
Pascale Dubus était une historienne de l’art engagée. Dès ses années d’études, elle avait fait partie de l’équipe de L’Ecrit-Voir. Tout au long de sa vie, elle a cherché à défendre l’Université dans ses valeurs généreuses mais exigeantes d’enseignement et de recherche et a participé activement à différents mouvements pour sa défense, de Sauvons l’Université au collectif RogueESR, qui a publié un beau texte en son honneur que nous citons en fin de cet article.
Pascale était une historienne de l’art qui croyait au collectif. Elle a toujours été très engagée dans la vie de l’APAHAU, dont elle a été la secrétaire remarquablement active de 2009 à 2016. On se souviendra de ses interventions toujours stimulantes, avec sa voix rocailleuse et son franc parler de militante, dans les discussions des réunions de bureau ou des AG. Elle a participé au lancement du blog de l’APAHAU, dont elle a été l’éditrice, et continuait à y contribuer très fréquemment, publiant des annonces qui permettaient de franchir les frontières géographiques et intellectuelles.
Avec la disparition de Pascale, l’équipe du blog de l’APAHAU perd une collaboratrice chevronnée, une inspiratrice, une amie fidèle.
À ses étudiantes et étudiants, ses collaboratrices et ses collaborateurs à l’UFR d’Arts plastiques de Paris 1, à sa famille et ses proches, l’APAHAU présente toutes ses condoléances.
Olivier Bonfait
Les obsèques auront lieu le vendredi 5 novembre à l’église Saint-Hippolyte 27 avenue de Choisy, dans le 13e à 10h30, l’inhumation au cimetière de Gouvieux, route de Chantilly, à 14h.
Publié sur le collectif RogueESR (https://rogueesr.fr/20211029).
À Pascale
Pascale a toujours été là, franche. Là d’abord avec ses étudiants qu’elle aimait — et elle le disait. Là aussi avec ses collègues chercheurs, avec lesquels elle partageait son amour de la peinture italienne et sa sensibilité aux ponts étranges qui pouvaient être parfois lancés entre la mort, l’art et la politique, à Sienne ou ailleurs. Là avec nous, avant que Rogue ne vit le jour, et dès qu’un possible mouvement collectif pointa à la fin janvier 2009. Là avec toutes et tous, avec quiconque prenait la parole pour dire l’insupportable, avec celles et ceux qui ne voulaient pas renoncer, qui espéraient toujours que ça reparte, qui croyaient que ce n’avait été que le début, qu’on avait subi une défaite mais qu’on n’avait pas perdu, pas perdu tout à fait, pas perdu pour toujours. On pouvait être en désaccord avec elle, mais on savait au fond qu’on était du même côté et c’était cela qui comptait ; et puis, à la fin, on se retrouvait, parfois après des détours, pour travailler, écrire, relire, organiser, penser ensemble dans la mesure où chacun était convaincu d’être plus efficace et plus intelligent avec d’autres que dans l’isolement. Avec elle on était ensemble sans même avoir besoin de partager tous les choix car, même si les analyses pouvaient différer à l’occasion, chacun reconnaissait à l’autre d’avoir le même horizon et de combattre la même chose : l’Université managérialisée qui nous est imposée à grands renforts de « réformes » bureaucratiques, de paupérisation organisée, de dépossession de nos métiers et de décisions autoritaires. Pour lutter sans cesse et sans faiblir il fallait continuer à dire, à parler entre nous, à réagir, à écrire des textes, à prendre position, sans s’arrêter parce que nous étions moins nombreux, sans se taire parce que personne n’écoutait. Pascale a continué et ce fut, tout simplement, son honneur.
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