La Storia dell’arte italiana de Giulio Carlo Argan, éditée en trois volumes par Sansoni en 1968 (avec L’Arte moderna, 1770 /1970 publiée deux ans plus tard comme ajout et développement sur les courants artistiques internationaux du néoclassicisme au XXe siècle) a été l’un des ouvrages de la littérature artistique italienne qui a connu le plus de succès. Il fut adopté dans l’enseignement secondaire (et pendant longtemps n’eut pas de concurrent comme « manuel »), mais fut aussi souvent utilisé pour l’enseignement universitaire, et connut également un succès auprès du grand public, comme l’attestent différentes rééditions et en dernier lieu, sa diffusion en fascicule chez les marchands de journaux.
Argan a raconté lui-même comment est né ce texte : « Je décidais de rédiger à ma façon, de communiquer une expérience et non d’écrire un manuel : j’ai toujours détesté les livres anonymes, les compilations rendues ennuyeuses car ayant pour simple but la simplicité et la facilité […] écrire pour des jeunes gens signifiait donner du sens et non remplir des pages. Je me suis attaché du coup à ce que chaque partie du libre ait sa « problématique » […]. Je m’étais fixé de ne pas écrire un manuel scolaire, mais un livre de culture pour l’école. Je consacrais à l’écriture les heures de l’aube (de 3h à 8h du matin !) parce que la journée était prise par les engagements et occupations habituels. […] J’ai rédigé l’ensemble tout seul, et écrit deux fois le texte, d’abord à la main, puis à la machine à écrire. Je reprenais la rédaction sans relire ce que j’avais écrit auparavant […] je cherchais à rester le plus possible fidèle à une écriture de premier jet, comme si je parlais devant l’auditoire de mes étudiants à l’Université ».
Quant à la méthode, Argan a synthétisé ainsi le point de vue critique qui est à la base de son approche : « Mon intention était de produire un travail de synthèse, de donner une perspective critique, de présenter l’histoire de l’art italien comme une histoire des idées exprimées à travers l’art, et liée au développement général de la pensée et de la culture. Je suis convaincu qu’une grande idée ne s’affirme jamais dans un seul domaine de la culture […]. C’est pourquoi je me suis proposé, quitte quelque fois à forcer le trait, – je suis le premier à le reconnaître –, à trouver dans l’histoire de l’art une histoire des idées : non pas dans un sens déterministe, naturellement, mais en cherchant à voir comment les grands mouvements de la pensée ont trouvé forme dans l’expression artistique ». « Il n’y a pas de méthode absolue, chaque méthode est une perspective, et chaque méthode est valable en tant qu’elle mène à des résultats. […] Mon problème du point de vue méthodologique se résume à celui-ci : déterminer les genèses historiques des formes, définir quels problèmes culturels elles ont affrontés et résolus, chercher les raisons pour lesquelles une œuvre d’art ancienne s’offre à notre conscience moderne comme un problème de culture actuelle ».
(traduction : Olivier Bonfait)
Source : exposition Giulio Carlo Argan, intelletuale e storico dell’arte a cento anni dalla nascità, Sapienza Università di Rome, Atrio dell’ex Facoltà di Lettere e Filosofia, 7-20 décembre 2010.
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