Cécile Bargues, Maurice Allemand ou comment l’art moderne vint à Saint-Étienne (1947-1966). Une histoire des collections
Avant-propos d’Aurélie Voltz et Alexandre Quoi.
Avec un entretien de Claude Allemand avec Cécile Bargues.
Notre art moderne, en France, ne fut pas toujours unanime, univoque. Il fut un temps, pas si lointain, où les musées français ne conservaient presque pas d’œuvres de Picasso, où Dada, le constructivisme international, le Bauhaus, l’abstraction, l’avant-garde enfin étaient inaccessibles et lettre morte pour le plus grand nombre. Après Vichy, après la destruction nazie, défendre de telles œuvres était un combat, une conquête.
Saint-Étienne occupe à cet égard une place de choix : la ville abrite une aventure culturelle fondamentale impulsée par Maurice Allemand, directeur du musée d’Art et d’Industrie de 1947 à 1966. Tout en enrichissant les collections de peinture ancienne, d’armes ou de textiles qui font la singularité de son institution, Maurice Allemand invente les conditions d’une diffusion courageuse et fine de l’art moderne.
Elle opère via d’innombrables conférences, une mise en valeur de médiums non élitistes tels la gravure et la céramique, et surtout par l’organisation d’expositions qui firent date, consacrées par exemple à l’art africain, à l’art abstrait, au collage et à l’assemblage.
Michel Seuphor, Tristan Tzara viennent à Saint-Étienne. Maurice Allemand s’entoure des plus grands artistes, galeristes et collectionneurs de son temps. Leurs dons et les achats faits auprès d’eux transforment les collections. Ces acteurs majeurs posent les bases des développements futurs et font toute l’originalité du lieu : peu d’autres musées français pourraient se flatter d’avoir acquis un grand mobile de Calder en 1955, une Composition abstraite d’Aurélie Nemours en 1959 ou une œuvre d’Enrico Baj en 1964.
Maurice Allemand aura su créer une géographie d’amitiés et un horizon d’enthousiasme. Sa ténacité lui permet d’obtenir d’importants dépôts de l’État, manière de pallier la faiblesse chronique des crédits accordés par la Ville. La collection du MAMC+ constituée pendant ces deux décennies (1947-1966) est aujourd’hui à la fois la trace et le témoin de cette histoire faite de détermination, de passion, de ruse ; c’est une histoire polyphonique, polycentrée, une histoire qui, à tous égards, nous est commune.
Le livre inaugure une nouvelle série de publications : « La collection des collections ». Cette série s’intéresse à un aspect spécifique des collections du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole : un mouvement, une donation, l’apport d’un directeur, etc.
Cet ouvrage écrit par Cécile Bargues comprend également un entretien avec Claude Allemand. Il s’appuie sur des archives inédites et retrace le parcours de l’exposition présentée au MAMC + du 30 novembre 2019 au 3 janvier 2020 (fermeture anticipée le 30 octobre suite aux mesures gouvernementales applicables aux musées de France).
Coédition MAMC+/Fabelio.
- 7 | Maurice Allemand ou comment l’art moderne vint à Saint-Étienne (1947-1966) | Cécile Bargues
Une histoire des collections45 | Parcours de l’exposition | Cécile Bargues
46 | « Le musée bizarre que je dirige »
58 | « On m’a appris autrefois que la fortune sourit aux audacieux » 66 | František Kupka et le principe des dépôts
70 | Otto Freundlich
74 | Défense de l’art abstrait
82 | Jean Arp et Sophie Taeuber-Arp
88 | Marcelle Cahn
102 | « Un éventail aussi ouvert que possible »
110 | Un cabinet d’estampes
116 | Mission pédagogique et ouverture géographique
124 | « Cinquante ans de “collages” » 138 | Gaston Chaissac
143 | Entretien de Claude Allemand avec Cécile Bargues
Quelques souvenirs151 | Annexes
| Maurice Allemand en quelques dates
| Bibliographie indicative
| Liste des œuvres exposées
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