Activismes ? Regards croisés amérindiens sur les relations entre art et politique
8 Janvier 2015, INHA, salle Fabri de Pereisc, 9h30-12h
Ana Guevara,
Francisco Huichaqueo : film/performance politique Mapuche (Chili)
Francisco Huichaqueo (1977, Valdivia, Chili) a réalisé en 2012 le film Kalül Trawün / Réunion du corps, dans le cadre d’une performance effectuée dans une salle d’exposition à l’intérieur d’un centre commercial de la capitale chilienne. Cet artiste qui se présente comme « peignant avec sa caméra » est d’origine Mapuche et diplômé des beaux-Arts de l’Université du Chili, il a également fait des études de cinéma documentaire. Par ses œuvres artistiques, il revendique l’identité et les traditions mapuche ainsi que les tensions de ce peuple face à un modèle de développement qu’une grande partie des amérindiens remettent en question.
Francisco Huichaqueo se met parfois lui-même en scène et est présent sur les réseaux sociaux pour la diffusion de ses œuvres. Grâce à ses nouvelles formes d’expression politique, la lutte Mapuche s’est élargie dans sa palette à d’autres milieux/publics avec une portée internationale naissante.
Suite à la présentation de quelques extraits de ce film, on mettra en lumière le contexte actuel des Mapuche pour le mettre en relation avec l’engagement artistique et politique de Huichaqueo.
Voir le film : http://vimeo.com/65182732
Ana Guevara est anthropologue d’origine argentine et chilienne (Laboratoire d’Anthropologie Sociale, Paris). Elle achève actuellement sa thèse portant sur la mémoire et les transformations du paysage chez les Mapuche en Patagonie nord (deux côtés de la Cordillère). Une partie de sa thèse est consacrée à la relation entre les artefacts, production matérielle, à partir du rituel le plus important (Nguillatun) considéré comme porte d’entrée à la riche tradition Mapuche. Elle étudie également les différentes formes d’expression politique face aux atteintes portées à l’environnement et leur déformation du paysage (déforestation brutale, pollution des zones de pêche, développement de projets touristiques…). Récemment elle a commencé à s’intéresser aux manifestations artistiques des revendications du peuple Mapuche.
Image : photogramme de Kalül Trawün (2012)
Sophie Moiroux,
Jimmie Durham : l’art peut-il être directement politique ?
Artiste contemporain (né en 1940 dans l’Arkansas, d’une famille Cherokee), Jimmie Durham a réalisé ses premières expositions à la fin des années 1960, acquérant par ailleurs un diplôme des Beaux-Arts. Il s’est dédié à l’action politique au moment de la crise de Wounded Knee (Dakota du Sud) en 1973, devenant membre de l’American Indian Movement puis représentant du Conseil International des Traités Indiens à l’ONU. En 1980 il se consacre à nouveau à l’art, puis quitte définitivement les Etats-Unis, et s’installe en « Eurasie » en 1994 (il vit aujourd’hui à Naples et Berlin). Son œuvre – sculptures, installations, performances, poésie, textes – est notamment reconnue exprimer un certain engagement politique, sans pour autant, souligne-t-il, être « directement politique ». En regardant quelques exemples d’œuvres, on proposera dans cette présentation quelques réflexions sur les relations entre art et politique dans le travail de Durham, en évoquant les ‘images’ convoquées, sa pratique et ses discours, ainsi que ses visées.
Sophie Moiroux est anthropologue (Laboratoire d’Anthropologie Sociale, Paris). Elle a consacré sa thèse à l’œuvre de Jimmie Durham (L’objet-frontière. Art contemporain, conflits culturels et jeux d’ontologies, 2011), puis son postdoctorat au peintre Amati Trumai (Haut-Xingu, Amazonie brésilienne). Au sujet de l’œuvre de Durham elle a publié notamment « ‘Devemos imaginar a antropologia antropologicamente’ Entrevista com Jimmie Durham », Revista de Antropologia (São Paulo) 56(2) (2013) et « Dé-voiler les objets : la ‘normalité’ exposée dans les installations muséales de Jimmie Durham », Anthropologie et Sociétés (Laval) (2015). Elle mène ses recherches actuelles sur des artistes amérindiens contemporains, leurs œuvres et leurs relations à différentes formes d’‘activismes politiques.
Dans le cadre du « Séminaire de crise : images, politique », Images re-vues, coordonné par Thomas Golsenne et Chloé Maillet
Images Re-vues – Histoire, anthropologie et théorie de l’art
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