Le Centre TELEM de Bordeaux III, en partenariat avec la Société des Amis des frères Goncourt, propose l’organisation d’un colloque en janvier 2012 consacré au salon littéraire et mondain d’Edmond de Goncourt, « le Grenier », aménagé par Frantz Jourdain et inauguré en janvier 1885, dans la maison d’Auteuil.
Cette « parlote littéraire » du dimanche réunit des écrivains dont les orientations variées, voire contradictoires, invitent à reconsidérer les lignes de partage traditionnellement reçues par l’histoire littéraire : les naturalistes (Daudet, Maupassant, Alexis, Céard, Huysmans, Rosny, Bonnetain, Descaves, Hennique, Zola etc…), y côtoient des auteurs de sensibilités littéraires diverses, (Jean Lorrain, Ajalbert, Rodenbach, Henry de Régnier, Heredia, Edouard Rod, Francis Poictevin, Montesquiou, Rollinat, Proust etc…), des critiques, des éditeurs et des journalistes (Gustave Geffroy, Henry Bauër, Roger Marx…) ainsi que des artistes (Bracquemond, Carrière, Paul Helleu, Rafaelli, Rodin, Tissot, etc…). On y retrouvera « les Hommes de lettres de talent » qui constitueront, après la mort d’Edmond, la première
académie Goncourt. Le Grenier constitue un phénomène complexe, dont il s’agit ici de mesurer les visées, les implications et les procédures sur le plan littéraire, mais aussi esthétique.
La réflexion, centrée sur le dispositif esthétique que représente le Grenier, pourra s’orienter vers des approches diverses : socialité du lieu, configuration du champ littéraire, influences littéraires et esthétiques, recherche poéticienne à l’exclusion de toute approche exclusivement monographique.
On pourra notamment réfléchir à partir des axes suivants :
– Quels sont, dans la stratégie d’Edmond de Goncourt, les enjeux (implicites ou explicites) assignés au « Grenier » ? S’agit-il de faire école, ou particulièrement de constituer le vivier de la future Académie Goncourt ?
– Est-il possible de penser une articulation entre l’écriture du journal et le phénomène du salon ?
– Certains modèles prégnants (dîners Magny, « dîners Flaubert », les jeudis de Champrosay ou les mardis de la rue de Rome) ont-ils pesé sur la pensée du « Grenier » par Edmond ? Quelle posture y tient-il, comment s’y pense-t-il ? Dans quelle mesure se pose-t-il comme un maître à penser, ou est-il considéré comme tel ?
– Qui fréquente le « Grenier », pourquoi, qu’y cherche-t-on, de quelle distinction sa fréquentation est-elle le signe ?
– Comment le dispositif du Grenier se conjugue-t-il à l’entreprise de collectionneur d’Edmond de Goncourt ?
– Ce lieu constitue-t-il une stratégie offensive pour la création d’un phénomène littéraire ? Devient-il une instance de légitimation ? On pourra envisager la réception dans la presse, (articles, iconographie), dans les milieux littéraires ou chez les familiers du Grenier (mémoires ou journaux intimes). Quels discours sont tenus dans le monde artistique, à propos du « Grenier » ?
– Emane-t-il de cet espace de réflexions un discours homogène, des recherches multiples, des tensions esthétiques ? S’agit-il d’un laboratoire avant-gardiste ou d’un espace de discours réactionnels, voire réactionnaires ?
– Le ou les discours du « Grenier » sont-ils en congruence avec la pensée littéraire et esthétique de l’époque ? Dans quelle mesure les dimanches Goncourt donnent-ils une photographie des grandes tendances du temps, ou au contraire invitent-ils à des réévaluations ?- Qu’y défend-on (genres, formes, conceptions de l’art) ? Quel est le point d’intersection (littéraire, esthétique, social, politique) entre les acteurs du « Grenier » ? S’agit-il d’un cénacle ?
Les propositions de communication sont à envoyer pour le 30 mai 2011 à Béatrice Laville (beatrice.laville@u-bordeaux3.fr) ou à Vérane Partensky (verane.partensky@u-bordeaux3.fr) ou à Jean-Michel Pottier (jean-michel.pottier@uinv-reims.fr)
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