De l’utilité des bases sur les thèses et mémoires en histoire de l’art et archéologie

De l’utilité de la base du TRHAA et d’une base européenne répertoriant thèses et mémoires en histoire de l’art.

Dans un article récent de son blog Histoires d’universités, Pierre Dubois se plaignait du manque de visibilité de l’histoire de l’art dans le panorama de l’université française, et de la très grande difficulté à trouver une liste de doctorats soutenus ou inscrits en histoire de l’art https://histoiresduniversites.wordpress.com/2014/05/28/doctorats-en-histoire-de-lart/
En fait, la base TRHAA (Travaux de recherche en histoire de l’art et en archéologie ; lien ici) issue de la collaboration de l’APAHAU et de l’INHA met en ligne chaque année les mémoires soutenus, les thèses inscrites et soutenues, ainsi que les autres diplômes (HDR, Thèse de l’Ecole du Louvre, … ). Elle se modernise cette année en intégrant une base européenne ARTtheses (qui regroupe les travaux universitaires allemands et d’une grande partie de l’Europe centrale, ainsi que quelques universités anglo-saxonnes ; http://www.arttheses.net/) avec l’espoir que les autres pays européens, notamment du sud, rejoignent ce répertoire en ligne pour dresser une cartographie européenne de la recherche en archéologie et histoire de l’art.

Ce répertoire a fondamentalement trois grandes utilités.
Le TRHAA est avec ARTtheses le seul moyen de savoir si un sujet est déjà traité, en cours de traitement, ou s’il existe une première enquête. Rappelons que le fichier des thèses (theses.fr) est très aléatoire dans son catalogage : tel collègue, qui indique les neuf thèses qu’il dirige sur son propre site, est bien dépourvu sur theses.fr : aucune des neuf thèses qu’il mentionne n’est répertoriée ! Il est donc impérieux qu’il y ait un outil montrant le dynamisme de la recherche en France, et permettant aux enseignants, comme aux jeunes doctorants de s’orienter dans les travaux universitaires en cours.
D’autant plus que le site these.fr ne permet aucunement de distinguer les thèses en histoire de l’art (le résultat trouvé, 10945 est aberrant, puis que l’on en aura 24 en génie électrique et 23 en génie civil ; en gros près de 10% n’est pas pertinent) et qu’il sera impossible de distinguer par époque, aires culturelles ou thématiques, ce que permet de faire la base du TRHAA.
En outre, le TRHAA et ARTtheses sont de remarquables outils pour comprendre l’historiographie récente de la discipline : alors que les études sur le XIXe siècle stagnent à 10% des travaux universitaires et tendent à diminuer ; elles sont passées en Allemagne dans le même laps de temps (2001-2010) de 10 à 20% des travaux. Ces deux bases permettent également de faire une géographie : en France, les travaux universitaires sur l’art islamique se concentrent exclusivement à Paris (Paris-Sorbonne, Panthéon Sorbonne, Ecole du Louvre) ainsi qu’à Aix et à Lyon II.
Enfin, dernière utilité, et non des moindres dans les temps qui courent : politique. A l’heure où tout est évalué par la mesure et le « moderne », avoir une base qui quantifie la recherche, qui montre aussi l’ouverture intellectuelle et l’actualité de la discipline (la nouvelle grille du TRHAA inclut les études visuelles comme les gender studies, et propose une grille beaucoup plus fine pour les aires culturelles non européennes), ne peut qu’être un moyen utile pour défendre des postes, des laboratoires de recherche, et la place de l’Histoire de l’art et de l’archéologie dans le système universitaire français.

Le bureau de l’APAHAU

 

 

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