Appel à communication : Le studio Hammer, laboratoire de l’horreur moderne (10-12 juin 2015, Paris)

Au moment de la réédition de la célèbre revue Midi-minuit fantastique (Rouge profond) et dans une période où le genre fantastique / horrifique est particulièrement dynamique tant au cinéma que dans les séries télévisées, il semble opportun de faire retour sur le rôle joué par la Hammer Films, studio indépendant britannique qui, vingt ans après Universal, a fait revivre les grandes figures mythiques (Dracula, Frankenstein, la momie, le loup-garou etc.) en leur donnant une incarnation modernisée plus conforme à l’évolution de la société et des mœurs en Angleterre en particulier.

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Au moment de la réédition de la célèbre revue Midi-Minuit Fantastique (Rouge Profond) et dans une période où le genre fantastique/horrifique est particulièrement dynamique tant au cinéma que dans les séries télévisées, il semble opportun de faire retour sur le rôle joué par la Hammer Films, studio indépendant britannique qui, vingt ans après Universal, a fait revivre les grandes figures mythiques (Dracula, Frankenstein, la Momie, le Loup-garou etc.) en leur donnant une incarnation modernisée plus conforme à l’évolution de la société et des mœurs en Angleterre en particulier.

Le studio Hammer est créé en 1934 par Enrique Carreras et William Hinds. Après des débuts assez modestes mais où déjà un style s’affirme, en particulier dans des films de SFcomme Le triangle à quatre côtés (1953), et The Quatermass Experiment (1955), le studio connaît un grand succès avec The Curse of Frankenstein (1957) suivi peu après par Horror of Dracula (1958), tous deux réalisés par Terence Fisher qui va imprimer sa marque, grâce aussi à des acteurs comme Christopher Lee et Peter Cushing, futures icônes du cinéma d’horreur. Le studio produit entre 1955 et 1979 près de 150 films et aussi deux séries télévisées à succès. Certains films relèvent de la science-fiction, d’autres de l’aventure exotique (The Stranglers of Bombay) ou encore du genre policier, mais les films d’horreur sont les plus connus du public, et les plus appréciés par la critique (après un long purgatoire). Ils constituent la marque de fabrique de la firme qui connaît un grand succès grâce en particulier à la reprise des figures gothiques ayant accédé au statut de mythe moderne avec le théâtre et le cinéma.

Le choix d’un retour relatif aux sources romanesques et surtout au contexte victorien fin de siècle confère une homogénéité culturelle et plastique (décors, costumes, couleurs) à ces films. Cette cohérence est renforcée par le fait que ces films sont issus d’un travail d’équipe avec les mêmes collaborateurs qui affirment leur esthétique. Terence Fisher est la figure emblématique, réalisant cinq versions de Frankenstein, trois de Dracula, et aussi The Mummy, The Curse of the Werewolf, The Phantom of the Opera, the Hound of the Baskerville, The Two Faces of Dr Jekyll etc. Parmi les autres réalisateurs se détachent Freddie Francis, John Gilling (The Reptile, Plague of the Zombies), Peter Sasdy et quelques autres. Jimmy Sangster, le scénariste le plus connu, signe les scénarios de Curse of Frankenstein,  Horror of Dracula, the Mummy etc. Pour la photographie souvent flamboyante, on retient le nom de Jack Asher, pour les décors, celui de Bernard Robinson. James Bernard signe souvent la partition musicale. Les acteurs masculins sont fortement valorisés par l’intrigue mais les actrices, les « scream queens » (Barbara Shelley, Ingrid Pitt, Veronica Carlson, Martine Beswick, Valérie Gaunt, Carol Marsh), bien que souvent confinées à des rôles de victimes, comptent beaucoup pour le succès des films qui misent aussi, d’où les fréquents problèmes de censure, sur la violence et l’érotisme. Tout ceci assure une cohésion qui permet au spectateur de reconnaître le style « Hammer films ».

Il s’agira dans ce colloque de revenir sur l’histoire de la Hammer films, et d’examiner les différentes périodes de production, l’âge d’or étant associé au studio de Bray, jusqu’aux derniers films des années 70. Il s’agira aussi d’étudier dans le sillage de la Hammer la production de certains petits studios comme Amicus ou certains cycles courts de films d’horreur. Les films eux-mêmes seront analysés à partir de différentes approches théoriques et méthodologiques et on s’efforcera de mettre en lumière, au-delà des approches thématiques, contextuelles, intertextuelles, psychanalytiques, gender studies, ce qui caractérise le style de ces films et justifie la fascination qu’ils exercent sur des générations de spectateurs. Il conviendra enfin d’examiner les questions de réception, en particulier en France et en Europe, la relation aussi avec la censure, l’impact sociologique de ces films. Les études actorales ne seront pas oubliées. Nous espérons aussi pouvoir compter sur la présence de professionnels, anciens collaborateurs du studio (acteurs, techniciens) ou « grands témoins » ayant contribué à la reconnaissance de la Hammer. Des projections et des tables rondes seront organisées dans le cadre du colloque.

Les communications pourront porter sur les sujets suivants (liste non exclusive) :

  • Les grandes figures mythiques et leur évolution (cycle Dracula, Frankenstein etc.).
  • Les thèmes et motifs : le savant fou, la sorcellerie, la crise familiale, les figures de pouvoir (justice, science, religion) etc.
  • Les films dans le contexte anglais des sixties et la modernisation des intrigues.
  • La représentation de l’époque victorienne et de l’empire colonial : décors, costumes, langage.
  • La représentation des femmes et leur rôle dans les fictions.
  • Les modalités de la transgression et les formes de la répression.
  • Les systèmes symboliques, les métaphores récurrentes.
  • Le traitement plastique de l’image, les cadrages et choix chromatiques, les aspects du montage, rôle de la bande sonore et de la musique.
  • Star system et pratiques actorales.
  • La fantasmatique Hammer.

Bibliographie sélective

  • Barnett, Vincent L. “Hammering Out a Deal.” Historical Journal of Film, Radio and Television 34.2 (June 2014): 231-52.
  • Bigorgne, David. “Un Goût Hammer.” CinémAction 112 “Le Surhomme à l’écran” (2004): 132-41.
  • Bourgoin, Stéphane. Terence Fisher. Paris: Édilig, 1984.
  • Caen Michel, Stanzick Nicolas, Midi-Minuit Fantastique, intégrale augmentée, vol. 1, Pertuis, Rouge profond, 2014.
  • Coe, Jonathan. “Hammer’s Cozy Violence.” Sight and Sound 6.8 (August 1996): 10-13.
  • Dixon, Wheeler Winston. The Charm of Evil: The Life and Films of Terence Fisher. Metuchen, N.J. and London: Scarecrow Press, 1991.
  • —. “The End of Hammer.” Seventies British Cinema. Ed. Robert Shail. Basingstoke, UK: Palgrave Macmillan, 2008. 14-24.
  • Forshaw, Barry. British Gothic Cinema. Basingstoke, UK: Palgrave Macmillan, 2013.
  • Gaffez, Fabien. “En nous les anomalies du monde : Touches sur la Hammer Films.” Positif 553 (March 2007): 76-80.
  • Hearn, Marcus. Hammer Glamour. London: Titan Books, 2009.
  • Hearn, Marcus and Alan Barnes. The Hammer Story: The Authorised History of Hammer Films. London: Titan Books, 2007.
  • Huckvale, David. Touchstones of Gothic Horror. Jefferson, NC: McFarland, 2010.
  • —. Hammer Films’ Psychological Thrillers. Jefferson, NC: McFarland, 2014.
  • Hutchings, Peter. Hammer and Beyond: The British Horror Film. Manchester and New York: Manchester UP, 1993.
  • Kinsey Wayne, Hammer Films, The Bray Studios Years, Reynold and Hearn, London, 2002.
  • Kinsey, Wayne. Hammer Films: A Life in Pictures. Sheffield: Tomahawk Press, 2008.
  • Meikle, Denis and Christopher T. Koetting. A History of Horrors: The Rise and Fall of the House of Hammer. Lanham, MD: Scarecrow Press, 2009.
  • Rolinson, Dave and Nick Cooper. “‘Bring Something Back’: The Strange Career of Professor Bernard Quatermass.” Journal of Popular Film and Television 30.3 (Fall 2002): 158-65.
  • Stanzick, Nicolas. Dans les griffes de la Hammer. Lormont : Le Bord de l’eau, 2010.
  • Wilson, Brian. “Notes on a Radical Tradition: Subversive Ideological Applications in the Hammer Horror Films.” CineAction 72 (October 2008): 53-57.

Modalités de soumission

Propositions (titre et abstract de 300 mots ) à envoyer à :

avant le 20 février 2015.

Le colloque aura lieu du 10 au 12 juin à Paris (Université Paris Ouest Nanterre, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, Cité Internationale)

 

Comité organisateur

  • Gilles Menegaldo, Université de Poitiers, gilles.menegaldo@univ-poitiers.fr ;
  • Anne-Marie Paquet-Deyris, Université Paris Ouest, apaquet-deyris@u-paris10.fr, Université Paris 3,
  • Mélanie Boissonneau, Université Paris 3/IRCAV, boissonneau.m@gmail.com

 

Comité scientifique

  • Mélanie Boissonneau (IRCAV),
  • Laurent Jullier (Nancy, IRCAV),
  • Gilles Menegaldo (Poitiers),
  • Anne-Marie Paquet-Deyris (Paris Ouest),
  • David Roche (Université de Toulouse le Mirail)

 

URL de référence : http://calenda.org/316439

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