Conférence SPEscies : « Iconographie & Zoopoétique » (Paris, 23 Mai 2018)
23 Mai 2018 – 18 H | Galerie Colbert, 2 rue Vivienne, Paris 75002, salle INGRES (2e étage)
Abstract :
La quatrième séance du cycle de conférences SPEscies est consacrée à la poétique de l’animalité dans la création contemporaine. Si, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, le débat portant sur les rapports entre l’humanité et l’animalité est au cœur des préoccupations, la littérature et les beaux-arts sont des révélateurs de choix de l’inscription de l’animal dans la société. Anne Simon, directrice de recherche, spécialiste de littérature contemporaine, et Olivier Vayron doctorant en histoire de l’art contemporain présenteront leurs derniers travaux respectifs sur l’intégration du motif cynégétique dans la littérature, et sur l’apparition zoographique de la figure du gorille.
Programme :
Anne Simon (CNRS)
« Traques et traces : imaginaires zoopoétiques de l’esquive animale. »
Olivier Vayron (Sorbonne Université)
« Le gorille du Dr. Franquet. Étude zoographique d’une fable contemporaine. »
Résumé des interventions :
« Traques et traces : imaginaires zoopoétiques de l’esquive animale. » Anne Simon
La traque — chasse ou quête — a partie liée avec le processus de la création : plus l’animal esquive, plus l’écrivain le cherche, plus la narration s’emballe. L’imaginaire zoopoétique conduit vers une reconfiguration des rôles dédiés aux bêtes et aux humains, puisqu’il fait des premiers des narrateurs d’histoires vitales, des seconds des herméneutes pas toujours très performants. De Maurice Genevoix à Jean Rolin, en passant par Herman Melville, Carlo Ginzburg ou Jean-Christophe Bailly, c’est à ces tours de passe-passe croisant éthologie, philosophie et littérature que s’attachera la communication.
« Le gorille du Dr. Franquet. Étude zoographique d’une fable contemporaine. » Olivier Vayron
Les découvertes successives concernant le grand gorille du Congo entre 1847 et 1852 provoquèrent un bouleversement considérable dans le champ des sciences. Le malaise anthropocentré lié à ce nouveau spécimen atteignit largement le public lorsque dès 1855 le premier gorille taxidermisé fut présenté à l’Exposition universelle de Paris. A la suite de cette exhibition, artistes, écrivains et vulgarisateurs naturalistes propagèrent à grande échelle, contre l’avis de nombreux scientifiques, une iconographie fantasmée du grand singe. Sur un modèle social qui passionna de plus en plus les contemporains, amateurs de faits divers, le gorille devint un être brutal, ravisseur de femmes, pendant bestial de l’humanité.
Biographie des intervenants :
Anne Simon :
Directrice de recherche au CNRS, Anne Simon dirige le Centre de recherches sur les arts et le langage (EHESS/CNRS), où elle anime le Pôle Proust et le programme de zoopoétique Animots. Sa recherche porte sur le vivant et l’animalité en philosophie et littérature. Elle a co-dirigé « Face aux bêtes », L’Esprit créateur ; “Humain-Animal ”, Contemporary French and Francophone Studies; « Écopoétiques », Fixxion et « Zoopoétique », Revue des Sciences humaines. Elle prépare un ouvrage sur l’élevage industriel en littérature et un essai de zoopoétique. Elle est aussi l’auteure de quatre livres sur Proust.
Olivier Vayron :
Doctorant en Histoire de l’art, son travail porte sur les rapports entre les anciennes muséographies et le patrimoine monumental et décoratif du Muséum de Paris, les pièces artistiques des galeries et les collections disparues ou encore en place. Il est associé aux programmes de recherche PatriNat et SPEscies. Ses publications 2018 concernant le phénomène de perméabilité de l’art et des sciences : « “Ils rugissent donc ils sont”, le combat animalier des statuaires Antoine-Louis Barye et Emmanuel Frémiet », dans Histoire de l’art, et « La Fabrique des monstres urbains au xixe siècle » dans la Revue de la BnF.
Les Séminaires du programme SPEscies :
Le programme de recherche sur les spécimens artificiels de sciences naturelles en Sorbonne, SPEscies — lauréat de l’appel à projets Émergence 2017-2018 — est né d’une préoccupation commune d’historiens des sciences, d’historiens de l’art et de conservateurs (MNHN, UPMC, Paris-Sorbonne, BnF) concernant un type de patrimoine négligé : les pièces manufacturées d’histoire naturelle, toutes issues de collections pédagogiques dédiées à l’enseignement dans les établissements universitaires de la fin du xviiie siècle au début du xxe siècle.
Jugées obsolètes et ne trouvant plus leur place dans les espaces muséaux, ces pièces didactiques sont pour la plupart reléguées dans les réserves et les espaces hors public. Ainsi l’enjeu du regroupement de l’équipe SPEscies consiste à faire émerger un ensemble de collections et de recherches par l’étude historique, matérielle et épistémologique de ces pièces didactiques afin que les aspects liés à leur contexte de fabrication et d’utilisation justifient leur patrimonialisation. A terme, cette action devrait aboutir à leur valorisation et leur nouvelle présentation muséographique.
À partir du mercredi 7 février 2018, l’ensemble des recherches menées par le programme sera divulgué au cours d’une série mensuelle de séminaires et de journées d’étude, ouverts à tous, étudiants, chercheurs etc. ; ils se dérouleront au sein des établissements partenaires (MNHN, UPMC, INHA, BnF).
(Entrée libre, sans inscription, chaque séance est suivie d’un petit pot où l’auditoire est le bienvenu.)
Infos pratiques & contacts :
Informations sur les prochains séminaires sur le site du Centre André Chastel ou via spescies@gmx.fr
Organisation du séminaire : Olivier Vayron (olivier.vayron@gmail.com)
Commission scientifique : équipe SPEscies (spescies@gmx.fr)
Membres de l’équipe :
Frédérique ANDRY-CAZIN | Santiago ARAGON | Thomas CAZENTRE | Dylan COURTIN | Jacques CUISIN | François FARGES | Thierry LAUGÉE | Tanguy LE ROUX | Arnaud MAILLET | Olivier VAYRON
Institutions et laboratoires partenaires :
Sorbonne Universités | Sorbonne Université (Paris-Sorbonne, UPMC) | MNHN | BnF | Centre André Chastel | LabEx EHNE | PLEMO3D.
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