Appel à communication : « Charles De Wailly à l’œuvre » (Université de Poitiers, 4 décembre 2025)

En 1979, l’exposition Charles De Wailly, peintre architecte dans l’Europe des Lumières mettait sur le devant de la scène une des figures majeures de l’architecture du XVIIIe siècle, distinguée notamment par la construction de la Comédie-Française avec Marie-Joseph Peyre. Depuis ce travail fondateur mené par Michel Gallet, Monique Mosser et Daniel Rabreau, d’autres chercheurs ont apporté leur pierre à l’édifice au travers de nouvelles études consacrées à ses théâtres (M. Sajous d’Orjas, Y. Brault, N. Bouchon, Ch. Loir, H. Volle), à ses projets d’urbanisme (J. Pronteau, Ch. Loir, G. Larguier), à ses demeures françaises (Y. Beauvalot, B. Pons, N. Francoeur, P. Pinon, Ph. Cachau, A. Lebeurre, E. Pénicaut) et européennes (H.C. Dittschied, A. Van Ypersele de Strihou, X. Duquenne, C. Spinola Olcese Spingardi, A. Perrin-Khelissa) ou encore à son milieu (G. Scherf, J. Barrier, N. de Blomac, S. Descat, P. Michel, U. Van de Sandt, Ph. Cachau, M.L. Pujalte-Fraysse). Si la bibliographie est riche, les informations sont très dispersées ; nous aimerions réunir les chercheurs pour offrir une mise au point sur les connaissances actuelles et ouvrir de nouvelles perspectives. Dans la lignée des journées d’études sur le métier de l’architecte au XVIIIe siècle (2017-2018) et des publications sur Jean-François Chalgrin (2016) et François-Joseph Bélanger (2021), nous souhaitons poursuivre la réflexion afin d’éclairer l’œuvre fascinante de De Wailly.

 

À l’occasion de cette journée d’études, Mme Anne-Sophie Traineau-Durozoy, conservatrice du fonds ancien de la bibliothèque universitaire de Poitiers, nous présentera les archives de la famille d’Argenson déposées dans son institution.

 

Axes privilégiés :

 

1 – Au service des élites européennes

 

Très tôt, dès ses années de formation, Charles De Wailly bénéficie de la confiance d’un puissant personnage, le marquis de Voyer, bâtisseur passionné et collectionneur reconnu. Au cours de la décennie 1760-1770, il devient un architecte en vue, œuvrant pour des figures brillantes de la haute société parisienne et provinciale : Jean-Philippe Fyot de La Marche, Premier Président au Parlement de Bourgogne, le marquis de Villette, le comte de Tonnerre et le marquis de Marigny. Puis, à partir des années 1770, la réputation de Charles De Wailly franchit les frontières. Auréolé de ses succès à la cour de France – l’architecte a alors travaillé à l’Opéra royal et son projet pour la Comédie-Française a été accepté par Louis XV –, il est sollicité par le fastueux ambassadeur génois Cristoforo Spinola, puis par l’exigeante Catherine II de Russie. Quelques années après, financiers et grands seigneurs des Pays-Bas autrichiens sont également sensibles à ses talents, tout comme l’est également le landgrave de Hesse à Cassel. Enfin, les bouleversements révolutionnaires n’entament pas son crédit : il a la confiance des nouvelles élites, comme l’attestent sa mission aux Pays-Bas confiée par le Comité de Salut public puis sa nomination à l’Institut par le Directoire.

La journée d’études sera ainsi l’occasion de revenir sur les réseaux et les sociabilités, notamment franc-maçonnes, qui ont fait la carrière européenne de l’architecte. Dans cette recherche, le fonds d’Argenson conservé à la Bibliothèque universitaire de Poitiers constitue une source exceptionnelle qui n’a pas encore livré toutes ses richesses concernant le patronage du marquis de Voyer et son réseau d’artistes. Au-delà, il s’agit également d’actualiser nos connaissances concernant ses autres clients, notamment : la direction des Bâtiments du roi, la confrérie du Saint Sépulcre, Pierre Bourgeois de Boynes, le duc d’Aiguillon, le marquis de Villette, Barthélemy Louis Rolland de Villarceaux, Mme de Vernage, le comte de Provence ou encore les grands seigneurs russes. Mais le prestige de cette clientèle et la beauté des projets soumis par De Wailly ne doivent pas masquer les difficultés rencontrées. Si la publication de certaines de ses œuvres dans L’Encyclopédie lui assure une visibilité européenne, l’architecte peine ensuite à concrétiser des projets ambitieux dans les années 1780-1790. Dans ce contexte, l’examen de sa situation financière serait un apport éclairant pour mieux comprendre les aléas d’une carrière au service des élites.

 

2- Le milieu professionnel

 

Pour répondre aux demandes de ses prestigieux commanditaires, Charles De Wailly s’entoure de jeunes architectes français et étrangers tels Pierre-Adrien Pâris, Bernard Poyet, Jean-Pascal Lenot, Charles Norry ou encore Vassili Bajenov et Heinrich Jussow. Comment fonctionne son agence ? Comment ces talents prometteurs le secondent-ils sur ses chantiers ? Il importe de mieux documenter le parcours de ces disciples et l’influence du maître sur leur pratique. Hors du royaume, De Wailly doit aussi collaborer avec les architectes locaux parmi lesquels Andrea Tagliafichi à Gênes, Louis Montoyer et Antoine Payen dans les Pays-Bas autrichiens. Comment s’organise la coopération avec eux, entre admiration, émulation et rivalité ? On s’interrogera sur les rapports entre la célébrité parisienne et ses confrères locaux qui devront travailler avec lui mais qui, pour certains comme Simon du Ry à Cassel, ne manquent pas de questionner sa légitimité.

Une fois le projet accepté, comment l’architecte exerce-t-il la direction du chantier auprès des différents corps de métiers ? D’une ville portuaire à une cheminée, en passant par une chaire d’église ou des loges de théâtre, on s’intéressera aux rôles respectifs de l’architecte et de ses praticiens, entrepreneurs, artisans et artistes. Parmi eux, il conviendra de distinguer les liens privilégiés qu’entretient De Wailly avec les peintres et sculpteurs figuristes : Augustin Pajou, bien sûr, mais aussi les principaux peintres d’histoire du temps – Durameau, Briard, Fragonard, Lagrenée, Doyen, Callet, entre autres – à qui De Wailly ménage de belles opportunités au sein de ses bâtiments.

Partisan de l’union des arts, De Wailly en fait lui-même la démonstration en étant exceptionnellement membre des deux académies royales, celle d’architecture et celle de peinture et de sculpture. Dans l’effervescence révolutionnaire, il est à la manœuvre pour promouvoir de manière inédite les intérêts des artistes à travers la Société des Amis des Arts (1789), puis, s’associant aux défenseurs des sciences et des lettres, à travers la Société philotechnique (1795). Parallèlement, il poursuit son action au service des arts au sein des nouvelles instances publiques devenant commissaire de la Commune des arts, conservateur du Museum puis membre de l’Institut (1795). Fort de son entregent et de son engagement fraternel en faveur des artistes, De Wailly passe sans encombre de l’Ancien Régime au nouveau système des arts. Le rôle de l’architecte au sein de ces diverses institutions mérite d’être approfondi tout comme son vaste réseau professionnel ouvert également à d’autres disciplines (citons, entre autres, ses liens avec le chimiste Antoine François Fourcroy et le géologue Barthélemy Faujas de Saint-Fond).

 

Comité scientifique :

 

Alexia Lebeurre, Maître de conférences en Histoire de l’art moderne, Université Bordeaux Montaigne

Anne Perrin-Khelissa, Professeur en Histoire de l’art moderne, Université Toulouse-Jean-Jaurès

Marie-Luce Pujalte-Fraysse, Maître de conférences HDR en Histoire de l’art moderne, Université de Poitiers

Daniel Rabreau, Professeur émérite en Histoire de l’art moderne, Université Paris I-Panthéon-Sorbonne

Anne-Sophie Traineau-Durozoy, Responsable du Pôle Collections et du Service des collections remarquables, Service commun de la documentation de l’Université de Poitiers

 

Modalités de soumission :

 

Les communications dureront 20 minutes. Les propositions comporteront un titre et un résumé d’environ 2500 signes (espaces compris), accompagnés de 5 mots-clés, d’une courte bibliographie et du CV de l’auteur.

Ces propositions devront être transmises au format pdf au plus tard le 30 septembre 2025 à Alexia Lebeurre et Marie-Luce Pujalte-Fraysse, aux adresses suivantes :

 

 

 

 

 

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