Appel à communication : Colloque « Charlie Chaplin dans l’œil des avant-gardes » (5-6 décembre 2019, Nantes)

Appel à communication : Colloque « Charlie Chaplin dans l’œil des avant-gardes » (5-6 décembre 2019, Nantes)

Musée d’arts de Nantes Institut ACTE (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Direction scientifique : Claire Lebossé, José Moure

Comité scientifique : Martin Barnier (Université Lyon 2) , Francis Bordat (Université Paris-Nanterre), Élodie Evezard (Musée d’Art de Nantes), Kate Guyonvarch (Bureau Chaplin et Roy Export SAS), Morgane Jourdren (Université Angers), Claire Lebossé (Musée d’arts de Nantes), Sophie Lévy (Musée d’arts deNantes), José Moure (Université Paris 1)

Contexte :

Du 18 octobre 2019 au 3 février 2020, le Musée d’arts de Nantes présentera au public une grande exposition internationale, offrant une relecture des avant-gardes du XXe siècle, prenant pour fil conducteur l’œuvre cinématographique de Charlie Chaplin, qui fascine universellement les artistes dès 1914 (naissance de Charlot), tandis que le cinéaste lui-même témoigne de préoccupations esthétiques et thématiques partagées avec les avant-gardes.

En quelque 150 pièces (peintures, photographies, dessins, sculptures, documents et, bien entendu, extraits de flm), Charlie Chaplin dans l’œil des avant-gardes propose une redécouverte des œuvres de Frantisek Kupka, Marc Chagall, Fernand Léger, Man Ray, Meret Oppenheim, John Heartfeld, Claude Cahun… en soulignant la porosité, la proximité, voire la connivence entre leurs productions artistiques et le cinéma de Chaplin.

Ce colloque est organisé à l’occasion de cette exposition par l’Université Paris 1 (Institut Acte) et le Musée d’arts de Nantes. Il se tiendra dans l’auditorium du Musée d’arts de Nantes, les jeudi 5 et vendredi 6 décembre 2019.

 

Un colloque transdisciplinaire : cinéma, histoire de l’art, arts plastiques…

Première star internationale de l’histoire du cinéma, Charlie Chaplin n’a jamais cessé de fasciner, cela dès l’invention du personnage de Charlot en 1914. Pourtant, l’interaction entre l’œuvre de Chaplin et les créations artistiques de ses contemporains reste un sujet à explorer dont aucune exposition ne s’est emparée. À la croisée des arts, Charlie Chaplin dans l’œil des avant-gardes offre une plongée inédite dans l’univers visuel de la première moitié du XXe siècle, soulignant combien les artistes des avant-gardes sont des explorateurs attentifs de leur époque et des spectateurs passionnés du cinéma chaplinien. Grâce aux possibilités de diffusion inédites offertes par la reproductibilité du cinéma, artistes et critiques du monde entier découvrent au même moment, pour la première fois, le travail d’un homme s’emparant de ce nouveau médium comme moyen d’expression.

Comme l’écrit Ricciotto Canudo, inventeur de la notion de « Septième art » : « l’Amérique a donné le seul génie véritable, Charlie Chaplin, qui ait su créer un vocabulaire de gestes, peut [sic] dire toutes les finesses de l’âme par le simple mouvement, inventant de la sorte le premier personnage cinématographique nouveau en tous points. » (R. Canudo, « La tribune des écrivains combattants. La leçon du Cinéma », in L’information financière, économique et politique, n° 286, 23 octobre 1919) : le cinéma est bien un art à part entière, puisqu’il existe un artiste, Charlie Chaplin.

Partant de ce constat, ce colloque se propose de questionner le dialogue et les porosités entre le travail de Charlie Chaplin et les œuvres de ses contemporains au travers des quatre thématiques autour desquelles s’articulera l’exposition : L’être machine, La poétique du monde, Le spectacle mis en abyme, L’absurdité de l’histoire.

 

L’être machine

Par sa démarche saccadée et son célèbre virage à 90°, Charlot se déplace par un mouvement géométrisé, qui inspire Fernand Léger dans la mise au point d’un Charlot cubisant. Il évoque ainsi le mouvement de la machine qu’il mime (transformation en marionnette mécanique pour échapper à un poursuivant dans Le Cirque) ou qu’il intègre directement (quand Charlot est avalé par la chaîne de montage et se retrouve au cœur de roues dentées, dans Les Temps Modernes). La fascination pour le mouvement de la machine et pour cet art de l’ingénieur mettant en ordre un monde nouveau sont au cœur des préoccupations des contemporains admirateurs de Chaplin, comme Frantisek Kupka et Francis Picabia.

La poétique du monde

La liberté de Charlot s’exprime par son refus de considérer le monde comme une contrainte à laquelle se soumettre : sa réinterprétation des objets en témoigne à l’écran. L’objet est détourné de sa fonction première et perd souvent tout usage pratique, comme le souligne l’auscultation et la destruction du réveil dans Charlot Usurier (1916). Il s’offre également des transferts poétiques par un héros inventif, tentant de soumettre de nouveau le monde à son intention (la danse des petits pains dans La Ruée vers l’or, 1924-25), comme le pratiquent Victor Brauner et François Kollar. Les usages à contre-emploi d’objets proposés par Chaplin peuvent être des détournements de sens fondés sur des ambiguïtés sémantiques, établissant des liens formels étroits avec le travail de Marcel Duchamp et de Man Ray.

Le spectacle mis en abyme

Le monde ambulant des saltimbanques est un univers privilégié pour le personnage de Charlot, lui-même vagabond, en marge de la société (Le Cirque, 1927 ; Les Feux de la rampe, 1952). Le microcosme du cirque le passionne, comme il fascine Fernand Léger, Pablo Picasso, Marc Chagall ou Alexander Calder. Le réel s’y transforme, réfléchi par des miroirs déformants ; le simulacre interroge l’ordinaire. Le clown et le funambule s’offrent également comme des représentations métaphoriques de l’artiste, se mettant en danger seul, face au public ou sur le fil. Chaplin explore dans son œuvre le burlesque joyeux de Charlot comme la mélancolie du clown blanc vieillissant dans Les Feux de la rampe. Cette mise en abyme de la figure de l’artiste s’accompagne d’une réflexion sur l’industrie cinématographique dans laquelle il évolue.

L’absurdité de l’histoire

Le succès de Charlot place au cœur de la cinématographie chaplinienne un personnage emblématique et déclassé. La pauvreté d’une catégorie de population s’impose au regard de tous, et en particulier dans l’œil de l’appareil photographique de Lewis Hine, de Walker Evans et de Berenice Abbott. Le thème est d’autant plus proche de Chaplin qu’il a lui-même fait l’expérience d’une extrême misère dans son enfance (Le Gosse, 1921). Son œuvre exprime également un antimilitarisme convaincu, de Charlot soldat (1918, qui fait écho aux œuvres des artistes qui ont connu la vie des tranchées pendant la Première Guerre mondiale et ont souvent assisté à des projections de Charlot en marge des combats) au Dictateur (1940), ridiculisant Hitler et Mussolini par l’infantilisation et la dérision, à la manière des photomontages de John Heartfeld, admirateur de son œuvre.

Ces quatre axes de réflexion structureront le colloque et ses quatre demi-journées de réflexions, communications et échanges.

 

Modalités de soumission

Les propositions de communication (titre, résumé de 1000 à 2000 signes) doivent être rédigées en français ou en anglais. Elles doivent être accompagnées d’un curriculum vitae et d’une bibliographie de 5 lignes maximum. Le dossier doit être envoyé à José Moure (Paris 1, Acte, jmoure@univ-paris1.fr) et Claire Lebossé (commissaire de l’exposition, conservatrice du patrimoine, Musée d’arts de Nantes, colloquemuseedartsnantes@gmail.com).

Date limite de soumission des propositions : lundi 6 mai 2019

Réponse du comité scientifique : début juin 2019

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