Appel à communication : Colossal. L’art en grand à l’époque moderne (Dijon, 7-8 décembre)

Colossal.
L’art en grand à l’époque moderne (XV-XVIIIe siècle).
Colloque international, Dijon, Université de Bourgogne (7-8 décembre).

Ce colloque souhaite repenser la catégorie de colossal dans l’Europe de l’époque moderne (XVe-XVIIIe siècles), souvent confondue avec celle de monumental dans le lexique quotidien comme dans celui de l’histoire de l’art.

A ce jour, une réflexion sur les questions de format et le rapport d’échelle entre l’œuvre et l’homme, mesure de l’œuvre, fait encore défaut, même si de nombreuses études récentes abordent les questions d’échelles (S. Barthélémy, V. Dupont, B. Tillier, Le Monumental. Une valeur de la sculpture, du romantisme au postmodernisme, Dijon, EUD, coll. Art, Archéologie et Patrimoine, 2014 ; Jean-Marie Guillouet et François Queyrel éd., Mini / Maxi : questions d’échelles, numéro 77 de la revue Histoire de l’art, 2016 ; colloque « penser le petit » organisé par l’Université de Toulouse en 2015, exposition Grand scale: Monumental Prints in the Age of Dürer and Titian à Philadelphie, 2009). Or le format de l’œuvre conditionne la perception des œuvres par le spectateur, que celui-ci soit placé en position d’amateur, de dévot ou de sujet, qu’il voie l’œuvre de loin ou de près, seul ou en groupe, à l’extérieur ou l’intérieur d’un édifice.

La notion antique de Kolossos a connu une importante fortune dans l’Europe moderne, qui ne se limite pas aux deux arts auxquels on l’applique spontanément : la sculpture et l’architecture. Elle ressurgit avec les très grands formats de l’Antiquité, statues et architectures qu’on met à jour ou imagine à la Renaissance. Dès le XVe siècle, fantaisies littéraires, gravures et projets de colosses inaboutis (Léonard) témoignent de son succès. Dans les faits, la création de statues de grandes dimensions (Michel-Ange, Bernin, Puget), de corps peints de plus en plus grandioses (Rubens), l’érection de véritables colosses architecturés (Cellini, Giambologna, le Cerano), l’invention, enfin, de l’ordre dit colossal (Michel Ange, Palladio) signalent cet engouement qui tient autant de la prouesse artistique que de la fonction donnée aux œuvres.
La statuaire, mais aussi la peinture de l’époque moderne, humaniste et figurative, ont souvent représenté des corps mimétiques, « à grandeur ». Au contraire, le colosse protège, contient, domine ou encore écrase le spectateur, suscitant son admiration ou sa stupeur (on pense notamment à la gravure de Goltzius présentant avec l’Hercule Farnèse). Mais les arts font aussi du corps du spectateur la principale unité de mesure d’œuvres qui n’ont pas vocation à être vues reproduites ou qui sont tout simplement irréalisables (« l’architecture de papier » d’Étienne-Louis Boullée). D’autres œuvres, comme le célèbre œil de Ledoux, interrogent les rapports d’échelle entre le monument et son spectateur, ainsi que la place de ce spectateur dans une architecture de spectacle.
Pour la période moderne, l’historiographie a souvent associé les dimensions des œuvres à des caractéristiques stylistiques (le palladianisme, le baroque) ainsi qu’aux stratégies d’intimidation et de distinction adoptées par les grands commanditaires (l’art religieux du XVIIe siècle, la statue de Louis XIV place des Victoires) et par le pouvoir royal exaltant le souvenir de personnages historiques (le tombeau du maréchal de Saxe). Les dimensions signaleraient l’importance du sujet représenté, la grandeur du maître de maison ou encore l’écrasante présence de Dieu. Il s’agira de reprendre ces catégories et de s’intéresser notamment à leur réception.

Ce colloque souhaiterait, en faisant appel à des intervenants venant de différents horizons intellectuels, repenser ces catégories, en partant :
– des textes théoriques consacrés à la question
– des contraintes techniques, et des expériences de vision posées par le monumental, de la gravure à la statuaire ou à l’architecture
Il se propose de répondre à ces questions à partir de trois axes principaux :
– Le colossal comme prouesse technique
– L’expérience du colossal
– L’œuvre colossale et ses enjeux politiques

Un des intérêts d’une telle thématique est, à travers le rapport d’échelle, de dimensions et de rôle, de briser les frontières entre les différentes spécialités (peinture, sculpture, architecture), entre les approches formelles et les approches techniques, et de considérer les objets dans leur rapport avec l’architecture, dans un ensemble spatial et un environnement.

Olivier Bonfait, Anne Lepoittevin, avec Sébastien Bontemps

Les propositions de communication devront être envoyées à colossaldijoncolloque@gmail.com avec dans le sujet du message « colloque colossal »
Le colloque est organisé grâce au soutien de l’Université de Bourgogne et du Centre Georges Chevrier (UMR 7366). Les organisateurs du colloque prennent en charge le logement, la nourriture et la publication, mais non les frais de déplacement.

Dates et lieux du colloque : Dijon : 7-8 décembre 2017
Date limite de l’envoi des projets de communication : 4 septembre
Retour sur les propositions : 10 septembre

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