Appel à communication : « De l’extrême : pratiques du contemporain dans les mondes ibériques et latino-américains »

Le XXe siècle, considéré par certains comme « l’âge des extrêmes » (E. Hobsbawm), a assisté à la multiplication d’extrémismes de toutes sortes. Dans quelle mesure sont-ils effectivement présents dans les mondes ibériques et ibéro-américains ? C’est autour de cette question que le CRIMIC (EA 2561) poursuit sa réflexion interdisciplinaire sur les mondes ibériques et ibéro-américains contemporains, après un colloque célébré en 2007 sur « Les grands récits » [cf. Les Grands récits : Miroirs brisés ? Les grands récits à l’épreuve des mondes ibériques et ibéro-américains, Coord. Maria Graciete Besse et Michel Ralle, éditions INDIGO & Côté-femmes, Paris, collection « Indigo », 2010].

De nombreux penseurs évoquent souvent une rupture de civilisation provoquée par la Shoah (T. Todorov, S. Sontag), permettant de questionner, de façon radicale, la rationalité moderne, la représentation du Sujet, l’écriture de l’Histoire, le genre du discours, ou encore les notions de limite, de frontière, de norme et de valeur. Le trait distinctif de la postmodernité est le déplacement des catégories, l’effacement des frontières et le brouillage des identités. Marquée par la fin des grands récits de légitimation (J-F. Lyotard), mais aussi par la déconstruction progressive des normes esthétiques, et par la remise en cause des principes éthiques, le monde contemporain tend à repousser constamment les limites, qu’elles soient géographiques, sociales, politiques, esthétiques, plastiques, littéraires, scientifiques ou bioéthiques.

L’accélération des transports et l’uniformisation des communications, la construction du village planétaire, voire la conquête de l’espace, ont déplacé toujours plus loin le concept de l’extrême. Comment se conçoivent les territoires ibériques, pionniers dans l’expansion de l’Occident, dans ce monde en constante recomposition ? Par ailleurs, dans le contexte de la mondialisation, la relation centre-périphérie évolue de façon remarquable, offrant chaque jour de nouvelles possibilités : le centre se nomadise et les marges se structurent en contresubjectivités, les cultures se mélangent, produisant d’étonnantes rencontres, nourries par une « pensée du tremblement » qui « nous éloigne des certitudes enracinées » (E.Glissant). Mais les productions culturelles permettent également de dévoiler plusieurs formes de violence, d’indéfinition, de démesure, de transgression ou de « dérégulation » (financière, économique, sociale, etc.). L’extrême est bien un symptôme de notre époque (P. Ardenne), ou du moins, au-delà de l’hybris (ὕϐρις), il semble se décliner de manière originale dans le monde ibérique et ibéro-américain contemporain.

L’approche de l’extrême peut ainsi prendre différents visages, allant des désastres de la guerre aux postures artistiques les plus extravagantes, en passant par le fanatisme ordinaire ou par les expériences sans limites. Dans un monde où l’image est omniprésente, le spectacle de l’extrême peut également s’imposer comme une pathologie (R. Gubern), mais aussi comme une expérience artistique radicale (body art) ou un formidable instrument critique (photoreportage). Nous sommes entrés dans une culture de l’émotion qui frappe l’esprit et fouette le corps, une culture de l’ordre du cri, où la contemplation est écartée au profit de l’action (H. Arendt).

Les propositions de communication tiendront compte de plusieurs dimensions susceptibles d’apporter des regards à la fois différents et complémentaires sur la question de l’extrême, dans le monde ibérique et ibéro-américain contemporain et dans les domaines représentés au sein du CRIMIC (histoire, littérature et arts visuels). Sans prétendre à l’exhaustivité, ce colloque tentera de développer une réflexion autour des axes suivants :
Le débordement

L’intensité, l’excès
La transgression

Les propositions de communication (300 mots maximum) devront être envoyées, accompagnées d’ un bref CV, à l’adresse : crimic@paris-sorbonne.fr avant le 30 juin 2011. Les réponses seront communiquées par le comité scientifique du colloque le 30 septembre 2011.Pour des raisons matérielles, le CRIMIC ne pourra malheureusement pas prendre en charge des frais de transport et séjour des intervenants.

 

Comité scientifique

Sadi Lakhdari (Directeur du CRIMIC) Université de Paris Sorbonne
Maria-Graciete Besse Université de Paris Sorbonne
Nancy Berthier Université de Paris Sorbonne
Laurence Breysse-Chanet Université de Paris Sorbonne
Milagros Ezquerro Université de Paris Sorbonne
Monique Güell Université de Paris Sorbonne
Eduardo Ramos-Izquierdo Université de Paris Sorbonne
Ina Salazar Université de Paris Sorbonne
Miguel Rodriguez Université de Paris Sorbonne

 

Source : http://calenda.revues.org/nouvelle19987.html

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