Appel à communication : « Elles font l’abstraction. Une autre histoire de l’abstraction au XXe siècle » (Paris, 19-20 mai 2021)
Centre Pompidou, Paris (France)
19 et 20 mai 2021
Ce colloque est organisé dans le cadre d’un partenariat entre le musée national d’Art moderne et le Département Culture et Création – Centre Pompidou, et l’association AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions. Il s’inscrit dans la programmation autour de l’exposition Elles font l’abstraction. Une autre histoire de l’abstraction au XXe siècle qui aura lieu du 5 mai au 6 septembre 2021 dans la grande galerie au 6ème étage du Centre Pompidou puis du 8 octobre 2021 au 30 janvier 2022 au Guggenheim Bilbao.
Malgré quelques exceptions notables, telles que l’exposition Karo-Dame – Konstructive, Konkrete und Radikale Kunst von Frauen von 1914 bis heute présentée à la Aargauer Kunsthaus en 1995, le rôle fondamental joué par les femmes dans le développement de l’abstraction a longtemps été minoré. Si, dès 2009, le Centre Pompidou participe au rééquilibrage nécessaire à travers l’accrochage de ses collections elles@centrepompidou, les dernières avancées historiographiques qu’illustrent les nombreuses publications, monographies et expositions thématiques récentes, permettent de réévaluer aujourd’hui l’importance de la contribution des artistes femmes à des différents courants de l’abstraction, tout en questionnant les schémas historiques du passé. Ainsi, en 2016, le Denver Museum of Art met en valeur les femmes ayant travaillé dans la mouvance de l’Expressionnisme Abstrait dans Women of Abstract Expressionnism. L’année suivante, l’espace Hauser&Wirth and Schimmel est inauguré à Los Angeles avec l’exposition Revolution in the Making: Abstract Sculpture by Women 1947-2016, présentant le travail sculptural de trente-quatre artistes d’époques diverses. De son côté, le MoMA présente Making Space: Women Artists and Postwar Abstraction. La même année, le Kemper Museum of Contemporary Art met à l’honneur les œuvres abstraites d’artistes femmes africaines-américaines dans l’exposition Magnetic Fields : Expanding American Abstraction, 1960’s to Today. Le succès de l’exposition Hilma af Klint: Paintings for the Future au musée Guggenheim à New York, qui attire plus de 600 000 visiteurs, témoigne que l’intérêt pour les pionnières de l’abstraction est partagé au-delà des cercles académiques. En France, l’exposition Femmes Années 50, Au fil de l’Abstraction, Peinture et Sculpture revient en 2019 au Musée Soulages de Rodez sur l’École de Paris dans les années 1950. Cette recherche s’intensifie également en Asie : le Tapei Fine Arts Museum présente ainsi The Herstory of Abstraction in East Asia en 2019. Pour la première fois, Elles font l’abstraction propose une histoire de l’abstraction depuis le XIXe siècle articulant les apports spécifiques des femmes à ce nouveau langage.
Sous le commissariat général de Christine Macel, avec Karolina Lewandowska pour la photographie, cette exposition ambitionne de mettre en lumière les apports d’une centaine d’artistes femmes à l’abstraction jusqu’aux années 1980, avec quelques incursions inédites dans le XIXe siècle. En se concentrant sur les parcours d’artistes, parfois injustement éclipsées, l’exposition propose de questionner les canons établis et d’écrire une autre histoire de l’abstraction. Elle met en évidence les tournants décisifs qui ont marqué cette évolution, en évoquant aussi bien les recherches entreprises par les artistes, individuellement ou en groupe, que les expositions fondatrices.
L’exposition Elles font l’abstraction fait écho aux missions d’AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, co-fondée en 2014 par Camille Morineau. L’association de loi 1901 a pour objet la création, la diffusion et l’indexation de l’information sur les artistes femmes du XXe siècle grâce à des partenariats avec des institutions culturelles, des universités et des centres de recherche. Les actions principales d’AWARE, au rayonnement international, sont la création d’événements destinés à rendre visible ces artistes, la constitution d’un centre de documentation, ainsi que l’édition et l’enrichissement quotidien d’un site Internet entièrement dédié aux artistes femmes du XXe siècle (awarewomenartists.com).
Ce colloque co-organisé entend rassembler chercheurs et chercheuses d’horizons divers, afin de réfléchir collectivement à la réécriture de l’histoire de l’abstraction en réévaluant les apports des artistes femmes. Il permettra, tout d’abord, de questionner l’histoire de l’art conçue comme une succession de pratiques pionnières. En interrogeant les acceptions du terme « abstraction » selon les époques, les géographies et les média employés, il cherchera à démontrer sa complexité. Enfin, il sera l’occasion d’étudier la circulation des pratiques abstraites dans le monde dans le but d’ouvrir le débat sur les canons établis par la modernité occidentale.
Afin d’encadrer la réflexion, le comité scientifique sera particulièrement attentif aux propositions portant sur les axes suivants :
—un questionnement sur l’invisibilisation spécifique des femmes liée au champ de l’art abstrait
—une relecture critique des canons de l’abstraction établis par l’histoire de l’art du XXe siècle en prenant en compte ses racines spiritualistes, décoratives et scientifiques
—une réflexion sur la déhiérarchisation des arts et l’appréhension de l’abstraction au-delà du champ des arts visuels (arts décoratifs pratiqués par des artistes, danse, photographie, film)
—une interrogation sur la place des pratiques collectives (groupes, sociétés, sororités) dans l’histoire de l’art abstrait
—une réévaluation de la contribution des minorités notamment africaines-américaines et hispaniques à l’abstraction, ainsi qu’une étude de la peinture aborigène et d’autres pratiques abstraites autochtones
—une réévaluation de la géographie de l’art abstrait dans le but de questionner l’hégémonie du modèle occidental
—une relation entre abstraction et engagement militant, en intégrant une réflexion sur la possibilité d’un art abstrait féministe et politique
Les communications pourront prendre la forme d’études de cas problématisées par mouvement artistique, figure individuelle, groupe ou zone géographique mais aussi d’analyses historiographiques et pluridisciplinaires portant sur les artistes femmes ou se définissant comme telles, de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1980.
Les communications auront une durée de 20 minutes et serons illustrées d’une présentation de diapositives. Elles feront l’objet d’une captation audiovisuelle et seront susceptibles d’être publiées, pour certaines, sous forme d’articles dans une publication dédiée ou sur les sites Internet des institutions organisatrices.
Propositions de communications
Les propositions de communications sont à adresser à : womeninabstraction@gmail.com avant le 19 juillet 2020, sous forme d’un résumé (avec un titre) d’une page environ (2000 signes maximum) accompagné de 4-8 images, en français ou en anglais et accompagné d’un Curriculum Vitae, le tout sous forme pdf.
L’acceptation des propositions sera notifiée au plus tard fin septembre 2020.
Les prises de parole pourront se faire en français ou anglais.
Comité d’organisation
Mathieu Potte-Bonneville, directeur ; Jean-Max Colard, responsable, DCC/Service de la Parole – Centre Pompidou
Christine Macel, conservatrice générale, cheffe du service Création contemporaine et prospective ; Laure Chauvelot, chargée de recherche, musée national d’Art moderne – Centre Pompidou
Matylda Taszycka, responsable des programmes scientifiques ; Fanny Verdier, chargée des contenus numériques, AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions
Comité scientifique
Musée national d’Art moderne – Centre Pompidou :
Christine Macel, conservatrice générale, cheffe du service Création contemporaine et prospective ; Karolina Lewandowska, conservatrice, Cabinet de la photographie
AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions :
Camille Morineau, directrice d’AWARE ; Matylda Taszycka, responsable de programmes scientifiques
Personnalités extérieures :
Eric de Chassey, historien de l’art, directeur général de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) ; Charlotte Foucher-Zarmanian, historienne de l’art, chargée de recherches CNRS – laboratoire LEGS (UMR 8238) ; Abigail Solomon-Godeau, critique d’art et commissaire d’exposition
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