Appel à communication : « Fragmentations. Transcriptions d’un nouveau rapport au monde dans les pratiques artistiques du XIXe au XXIe siècle » (Paris, 3 mai 2019)
Date et lieu de la journée d’études : le vendredi 3 mai de 9h30 à 18h à l’Institut national d’histoire de l’art
Date limite d’envoi des propositions : le 11 février 2019
Organisateur : Association 19-20, Galerie Colbert, INHA, 2 rue Vivienne, 75002, Paris.
Présentation :
Si ce sont les plumes qui font le plumage, ce n’est pas la colle qui fait le collage.
Max Ernst
Comme le laisse ici deviner Max Ernst, les qualités d’un collage, en art, ne tiennent pas tant dans ses propriétés de médium artistique que dans le nouveau rapport au monde qu’il permet à l’artiste d’exprimer. Cette pratique résulte d’un processus de fragmentation visuelle, d’une séparation et d’un découpage du réel en morceaux, puis d’une recomposition de ce dernier dans une forme inédite : de quoi découle cette idée de morcellement ?
À partir du XIXe siècle, au moment où se développent les « machines à voir », kaléidoscope ou phénakistiscope, et les nouveaux moyens de locomotion, voiture ou train, un nouveau mode de perception se définit : la technique réduit les distances et parcellise la vision. Au XXe siècle, la prise d’importance exponentielle des médias tels que la télévision et les magazines, ainsi que les nouveaux outils de communication, du téléphone aux réseaux sociaux, modifient significativement le rapport de l’homme à l’image, qui devient un élément essentiel de la société du spectacle théorisée par Guy Debord. De plus une multitude d’images, devenues désormais symboles au service de la consommation de masse, envahissent l’espace urbain contemporain. Conséquence des nouveaux usages technologiques, la représentation du monde se façonne, dans la seconde moitié du siècle, à travers un assemblage simultané et profondément hétérogène. La multiplication des écrans, le zapping, le scrolling et la juxtaposition d’éléments parfois sans lien, ainsi que l’accès instantané à l’information, deviennent autant d’obstacles à une expérience perceptive unifiée et continue, et imposent la nécessité d’une nouvelle écologie de la concentration.
Ce nouveau rapport au réel est exprimé par les artistes à travers un large éventail de solutions plastiques. Les premiers, les artistes cubistes et futuristes cherchent à traduire l’expérience simultanée des différentes dimensions de l’espace et du temps sur une surface plane. La juxtaposition de divers points de vue au sein d’un même espace visuel et temporel est ainsi systématisée. Il est notable qu’Umberto Boccioni décrit le phénomène de fragmentation comme l’expression d’une unification, d’une continuité : « L’accusation de cinématographie nous fait rire comme une imbécillité vulgaire. Nous ne subdivisons pas les images visuelles, nous recherchons un signe, ou plutôt, une forme unique qui remplace l’ancien concept de division par le nouveau concept de continuité. »
Quelques années plus tard, les artistes dada et surréalistes composent et décomposent avec des procédés de juxtaposition aléatoire et de libre association, laissant une large place au hasard, pour rendre compte de la combinaison d’éléments disparates du réel. Dans l’après Seconde Guerre mondiale, ce sont les affichistes qui, à travers la pratique de l’arrachement, déchirent les publicités qui les entourent dans l’espace quotidien et rendent ainsi compte de l’expérience de la multiplicité des images produite par la société de masse. Les artistes du pop art s’approprient cette même iconographie en la saisissant à travers de multiples sources, notamment journaux, pulps et magazines. De même le cinéma, par le montage, peut créer une continuité diégétique ou faire s’entrechoquer les images, accentuant les hiatus. En littérature, les écrivains de la Beat Generation mettent au point la technique du cut-up, consistant en le prélèvement de fragments d’écrits existants, réarrangés entre eux de manière à créer un nouveau texte.
Les exemples donnés ici à titre indicatif sont loin d’être exhaustifs. Des questions communes émergent cependant face à ces multiples expérimentations : comment les artistes intègrent-ils l’expérience de la fragmentation à leur pratique ? Comment l’esthétique du morcellement peut-elle nous aider à cerner notre rapport au réel ? Nous accueillons tous les projets de communication qui se proposent d’étudier la traduction d’une expérience fractionnée de la réalité dans les productions artistiques, du XIXe siècle au XXIe siècle, dans le champ des arts plastiques, de la photographie, du cinéma, de l’architecture et des nouveaux médias.
Modalités pratiques :
Organisée par l’association 19-20 Art contemporain, cette journée d’études est ouverte à toutes les doctorantes et tous les doctorants. Les personnes intéressées doivent envoyer leur bio-bibliographie et leur proposition de communication (entre 2000 et 3000 signes) à association1920@gmail.com
avant le 11 février 2019.
Cette journée d’étude se tiendra le 3 mai 2019 de 9h30 à 18h à l’Institut national d’histoire de l’art.
Elle fera l’objet d’une captation sonore qui sera diffusée sous forme de podcast sur le carnet hypothèse de l’association 19-20.
19-20 est l’association doctorale d’histoire de l’art contemporain. Son objectif est de valoriser le travail des étudiantes et des étudiants en thèse dont les recherches portent sur l’art du XIXe au XXIe siècle.
Association 19-20
Galerie Colbert, INHA
2 rue Vivienne
75002 Paris
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.