Appel à communication : « Globalismes » (Revue Marges, Paris, 24 octobre 2015)

I am a global artist, 2011Le constat d’un « art global » offre, depuis la fin des années 1980, une riche matière de réflexion aux théoriciens et aux historiens de l’art ainsi qu’aux commissaires d’exposition et aux professionnels des musées. Selon la définition du spécialiste des Global Studies Hans Belting, aujourd’hui l’art contemporain peut être appréhendé comme synonyme de global art, le « globalisme » étant, selon lui, l’antithèse de l’universalisme dans la mesure où il décentre une vision du monde unifiée, en s’orientant vers des modernités multiples. Un nouveau capital cognitif se déploie ainsi sous forme de colloques, de séminaires, de publications et de programmes de recherche, d’accrochages de musées et d’expositions. La littérature produite par les Global Studies met en avant deux approches : la première relie l’art contemporain à l’évolution du musée, des biennales, des foires, etc., à la lumière de la globalisation économique, la deuxième dénonce les inégalités dans les modalités d’accès au monde de l’art contemporain et considère que le processus d’institutionnalisation ne fonctionnent pas de la même manière pour tous. Cette dernière dénonce aussi l’assimilation des nouveaux arrivés soumis et réduits par les codes et les formats imposés par le marché international.

La première approche, qui s’affiche plus clairement proche de l’institution, affirme le besoin de repenser les programmations des musées et leurs politiques d’acquisition en incluant des zones géographiques auparavant marginalisées. Cette politique reste encore peu répandue et donne matière à débats au sein des institutions muséales. La deuxième souhaite élaborer des paradigmes critiques et historiographiques capables de prendre en compte la nouvelle démarche géopolitique qu’impliquent les études postcoloniales, les études culturelles et plus récemment la géographie critique. Dans la variété des propositions des vingt dernières années, un grand nombre de questions et de catégories d’interprétation nouvelles ont été mobilisées, introduisant des notions inédites dans l’historiographie de l’art, telles que métissage, exclusion, décentrement, hybridation, etc. En empruntant par ailleurs les termes et les approches autres que ceux de l’histoire de l’art (géographie, anthropologie, économie, sociologie, études culturelles,…), ces nouvelles lectures promettent une réorganisation de l’historiographie de l’art moderne et contemporain qui prenne en compte des récits multiples et fragmentaires, réfractaires aux catégories du canon moderniste occidental.

Cependant, force est de constater que dans de nombreux cas récents d’expositions/accrochages/ouvrages de référence, ces propositions prometteuses ont été rapidement réduites à de nouvelles étiquettes exclusives, qui se réfèrent aussi bien à la géographie (art africain, art latino-américain,…) qu’au médium (photographie, performance) et aux courants canoniques occidentaux (surréalisme, figuration/abstraction, conceptualisme,…). Ce type d’étiquette semblerait inverser le potentiel d’ouverture/mobilité/décentrement mis en lumière par les contributions de nombreux intellectuels, tout en réduisant la production des pays extra-occidentaux à des concepts facilement exploitables, voire vendables.

L’art global, serait-il en train de se transformer en nouveau canon contemporain qui, à l’instar des anciens –ismes du XXe siècle, annulerait les complexités et, en codifiant des réalités diverses sous forme d’un récit homogène et stable, légitimerait certaines productions au détriment d’autres ? Comment la théorie/la recherche/les pratiques curatoriales peuvent-elles, le cas échéant, intervenir, pour inverser ou conforter cette tendance ? Quelles possibilités concrètes y a-t-il de refuser un canon et de créer de nouveaux outils pour penser de nouvelles perspectives pour l’art de notre temps ?

Axes de réflexion : 

  • Théories et méthodes des Global Studies
  • Historiographie mondiale de l’art contemporain
  • Lien entre mondialisation économique et art contemporain
  • La mondialisation du marché de l’art
  • Etiquettes et catégories employées par le marché, les musées et la critique
  • L’art globalisé donne-t-il lieu à une recherche et une théorie elles aussi globalisées ?
  • Qu’est qu’un art local aujourd’hui ?
  • Relation entre scène émergente et scène globale

Les propositions devront nous parvenir sous forme d’une problématique résumée (5.000 signes maximum, espaces et notes compris) avant le 10 juillet 2015 par courriel à Cecilia Braschi (cebraschi@hotmail.com) et à Angélica González (angelikvas@hotmail.com).

Les textes sélectionnés (en double aveugle) feront l’objet d’une journée d’étude à Paris, à l’INHA, le 24 octobre 2015. Le texte des propositions retenues devra nous parvenir le 18 octobre 2015 (40.000 signes maximum espaces compris). Certaines des contributions seront retenues pour la publication du numéro 23 de Marges.

La revue Marges (Presses Universitaires de Vincennes) fait prioritairement appel aux jeunes chercheurs des disciplines susceptibles d’être concernées — histoire de l’art, géographie, esthétique, arts plastiques, philosophie, design, architecture, sociologie, sciences de la communication…

http://www.puv-editions.fr/revues/marges-revue-d-art-contemporain-34-1.html
http://marges.revues.org/

 

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