Si la lumière représente un outil précieux pour la mise en valeur des édifices, elle répond également à des impératifs d’ordre pratique et fonctionnel. Au-delà de son rôle purement esthétique, elle constitue en effet un moyen de circonscrire l’espace et d’organiser son occupation, en définissant des spatialités et des temporalités adaptées aux fonctions de l’édifice.
Pour évaluer l’importance des dimensions spatiales et temporelles de la lumière, une lecture croisée des sources disponibles, tant architecturales et archéologiques que textuelles et iconographiques, pourra s’avérer particulièrement féconde. Le thème de la lumière, thème complexe et foisonnant, constitue en effet un point d’entrée privilégié, non seulement pour l’étude des rapports de l’homme à l’espace et au sacré, mais également pour la mise en valeur – au sein de ou entre les monothéismes eux-mêmes – d’influences, d’échanges, de ruptures, de continuités ou d’héritages.
Ce colloque propose d’explorer le thème de la lumière en Orient et en Occident, dans l’Antiquité tardive et au Moyen-âge, dans une perspective transdisciplinaire et autour de cinq axes thématiques.
Spatialités lumineuses
Dans les édifices, l’espace peut être rythmé par le dessin de géographies lumineuses : les jeux d’ombre et de lumière, la nature de la pénétration lumineuse, le travail esthétique ciblé de la lumière (vitraux colorés, lanternes ajourées…) sont autant de moyens de mettre en valeur certains espaces ou certaines parties d’un espace. Dans un édifice religieux par exemple, les espaces dédiés à la dévotion peuvent baigner dans une pénombre propice au recueillement, tandis que les espaces où se déroulent des activités profanes font l’objet d’un éclairage plus important, destiné à assurer le confort visuel des occupants.
Temporalités lumineuses
Si l’occupation de l’espace dépend étroitement de la gestion de l’éclairage, qu’il soit naturel ou artificiel, la lumière produite doit s’adapter aux activités prenant place dans l’édifice et, ces activités changeant périodiquement, elle peut également varier dans le temps, en quantité comme en qualité. Certains évènements, comme les fêtes votives ou princières, par exemple, sont propices à la création d’ambiances lumineuses particulières et peuvent, à l’occasion, donner lieu à une débauche de luminaires bien décrite par les visiteurs.
Symbolisme de la lumière
Une session sera dédiée à l’étude des aspects théologiques et symboliques de la lumière. Ce thème littéraire élémentaire est particulièrement présent dans le judaïsme, dans le christianisme et en islam, non seulement dans les textes sacrés, mais aussi, de manière plus générale, dans les écrits religieux, liturgiques, poétiques ou autres. Ces trois religions se nourrissent d’une opposition fondatrice entre lumière et ténèbres, Dieu créant un monde de lumière et les Révélations faisant sortir les hommes des ténèbres de l’impiété. La lumière, symbole de connaissance et de clairvoyance, est de fait étroitement associée au divin, dont elle est le signe ou l’instrument. La lumière artificielle du luminaire, comme la lumière naturelle, peut donc devenir signifiante et porter un sens qui échappe au non initié.
Icônes, fresques ou mosaïques
La lumière émise ou pénétrant dans l’édifice est un élément primordial dans la conception des décors pariétaux, qu’il s’agisse d’icônes, de fresques ou de mosaïques. Leur réalisation, ainsi que leur emplacement et, éventuellement, leur programme iconographique doivent prendre en compte ce facteur.
Sources, archéologie expérimentale et technologie
Une session sera consacrée aux techniques indispensables à l’étude de la lumière comme fait archéologique. Les sources traditionnelles (architecturales, archéologiques, iconographiques et textuelles principalement) reçoivent aujourd’hui le renfort de l’archéologie expérimentale et de technologies telles que la photométrie ou la modélisation 3D. Ces outils permettent de reproduire les conditions d’éclairage artificiel et de restituer certaines ambiances lumineuses.
Modalités de soumission
Les propositions doivent être envoyées avant le 30 juin 2013 à l’adresse suivante : colloquelumiere2013@gmail.com, sous la forme d’un résumé ne devant pas excéder 300 mots. Le candidat précisera dans lequel des cinq axes ci-dessus s’insèrerait sa contribution.
Langues : français, anglais, arabe.
L’hébergement des participants sera pris en charge pour la durée du colloque (nuits des 12, 13 et 14 décembre), dont la clôture est prévue le 15 à la mi-journée.
Comité scientifique
- Julie Bonnéric, doctorante à l’École Pratique des Hautes Études (EPHE, Paris) et boursière de l’Institut Français du Proche-Orient (Ifpo)
- Levon Nordiguian, chercheur à l’Université Saint-Joseph (USJ) et directeur du Musée de la Préhistoire libanaise
- Nadine Panayot, chercheur et directrice du Département d’archéologie et de muséologie de l’Université de Balamand
- Bruno Paoli, directeur du Département des Etudes arabes médiévales et modernes de l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo)
- Nicolas Reveyron, professeur à l’Université Lumière-Lyon 2 et directeur du laboratoire Archéométrie et archéologie (UMR 5138, Maison de l’Orient et de la Méditerranée) laboratoire de recherche UMR 5138)
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