Appel à communication : « La performance : un espace de visibilité pour les femmes artistes ? »
Cette journée d’étude prend place dans le cadre plus général d’un programme de recherche interdisciplinaire intitulé Visibilité et invisibilité des savoirs des femmes : les créations, les savoirs et leur circulation XVIe-XXIe siècles, porté par le laboratoire LISAA (Université Paris-Est Marne-la-Vallée) en 2017-2018. Elle est organisée en partenariat avec l’association AWARE Archives of Women Artists, Research and Exhibitions. Partant du constat que de très nombreuses créatrices ont pratiqué la performance et participé activement à l’essor de ce médium dans l’histoire de l’art, cette journée aura pour objectif d’interroger l’impact de la performance sur la visibilité des femmes artistes, en explorant notamment en quoi elle a pu constituer un terrain de prédilection pour l’expression des revendications féministes. La performance, ici comprise comme « manifestation artistique dans laquelle l’acte ou le geste de l’exécution a une valeur pour lui-même » (Daniel Charles), représente non seulement un savoir dans l’histoire de l’art du XXe siècle, mais mobilise également d’autres savoirs, impliquant le corps, la société ou encore l’action au sens large. Sans prétendre à une approche exhaustive du médium, nous chercherons à mettre en relief sa capacité à mobiliser des savoirs où les femmes sont à la fois actrices, créatrices et sujets. S’il est d’usage de faire remonter l’histoire de la performance aux pratiques artistiques du XXe siècle et plus particulièrement à partir des années 1960-1970, force est de constater qu’elle existe bien en amont, dans un champ culturellement et historiquement davantage réservé aux femmes qu’aux hommes, celui de la représentation du corps, de son exposition et de la valorisation de sa plastique à des fins artistiques, par le mouvement ou par la pose. On considérera les Attitudes de Lady Hamilton à la fin du XVIIIe siècle, comme fondatrices en la matière. Partant de là, il s’agira de mesurer autant que d’interroger l’hypothèse selon laquelle « la performance [pourrait être] une femme », détournement d’un savoir masculin, s’il en est, puisque nous empruntons la formule à Nietzsche [Le Gai savoir], qui écrivait en conclusion d’un célèbre aphorisme où il est justement question du dévoilement de l’invisible dans le visible, « Oui, la vie est une femme ! » Ainsi, il conviendra de considérer la performance sous l’angle de son histoire, comme un espace questionnant, dans un rapport dialectique, la visibilité et l’invisibilité des savoirs des femmes, mais encore de considérer la performance sous l’angle de son historiographie. On doit le premier ouvrage sur l’histoire de la performance au XXe siècle, à une femme, Roselee Goldberg, en 1979, et c’est un domaine du savoir qui demeure souvent abordé par les femmes. Enfin, il s’agira d’interroger la performance à l’aune du féminisme. Selon Peggy Phelan, en effet, « la promesse que l’art féministe porte en lui est la création performative de réalités nouvelles ». La visibilité d’une performance passant souvent par celle du corps, qui de manière générale y occupe une place cruciale, nous organiserons les interventions autour de trois axes principaux destinés à encadrer la réflexion :
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Le corps exposé : proportions et mouvements
Depuis les attitudes, les poses plastiques, la danse en passant par le strip-tease, les artistes femmes ont mobilisé leur corps dans son rapport à une exposition au regard. Ces pratiques constituent-elles un espace des savoirs féminins sur lesquels de nombreuses artistes ont joué, en vue d’être « cooptées par la culture masculine » (Rozsika Parker et Griselda Pollock) ? Un autre espace de détournement des savoirs se dessine dans la reformulation des normes de la beauté féminine, dans un jeu, souvent subversif, avec les canons esthétiques et les représentations de l’histoire de l’art.
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L’intime et la sexualité
Ces registres souvent mobilisés dans les performances interagissent avec nombre de savoirs impliquant la psychanalyse, l’érotisme et la pornographie, le médical et le technologique. Là encore, comment le corps devient-il un terrain exploratoire pour une reformulation des savoirs ?
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L’interaction avec le social
Le champ d’action des performances peut être la ville, l’espace social. À ce titre la performance est un outil majeur pour porter les revendications féministes (de groupes activistes ou d’artistes). Une inversion s’opère souvent dans la performance : des savoirs invisibles, culturellement plus féminins, comme le travail domestique, acquièrent une visibilité critique. D’autres savoirs culturellement plus masculins (la guerre, l’armée) sont l’objet d’une appropriation et d’un détournement par les femmes. Enfin, la performance peut constituer l’espace du discours, de l’exposition et de l’exploitation de savoirs littéraires ou plus généralement textuels.
Modalités pratiques :
Journée d’étude organisée par Carole Halimi (MCF Histoire de l’art contemporain, UPEM) et Juliette Bertron (ATER, UPEM), LISAA EA 4120, UPEM, en partenariat avec AWARE.
Les communications individuelles seront limitées à 25 minutes, celles en tandem à 40 minutes. Elles pourront porter sur des thématiques générales ou des études de cas particuliers, sur de grandes figures de la performance autant que sur d’autres artistes moins reconnues, ou encore sur des groupes activistes féministes.
Les propositions de communication (environ 300 mots), accompagnées d’un curriculum vitae, sont à adresser à Carole Halimi et Juliette Bertron avant le 15 octobre 2017 à : performancefemmeslisaa@gmail.com
Type : appel à communication.
Date limite : 15 octobre 2017
Type d’événement : journée d’étude.
Date de l’événement : avril 2018
Lieu de l’événement : Paris
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