Appel à communication : « L’architecture au prisme des événements à la période contemporaine Temporalités • Matérialités • Représentations » (8 décembre 2022, Paris)

Appel à communication : Journée d’étude « L’architecture au prisme des événements à la période contemporaine – Temporalités Matérialités Représentations » (Paris, 8 décembre 2022)

Journée d’étude du 8 décembre 2022 organisée par l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Institut national d’histoire de l’art, 2, rue Vivienne 72002 Paris

Date limite de propositions : 25 avril 2022 (voir modalités ci-dessous)

Les Jeux Olympiques qui vont se tenir à Paris en 2024 appellent à poursuivre une réflexion, déjà existante, sur les rapports entre architecture et événements. Sur le plan matériel comme dans le champ théorique, l’organisation de manifestations temporaires a en effet affecté, de façon plus ou moins durable, la production architecturale. Cette relation a notamment été interrogée dans le cadre des Jeux, souvent associés au terme de mega-events – utilisé depuis la fin des années 1980 mais dont la définition porte encore à débats (Müller, 2015). Générateurs d’architecture, ces événements sportifs ont légué d’importantes réalisations, à l’image des propositions de Günther Behnisch et Frei Otto pour les Jeux Olympiques de Munich de 1972. De multiples autres manifestations ponctuelles telles que des fêtes, des biennales, ainsi que des expositions universelles, internationales ou spécialisées, ont également été à l’origine de projets marquants. Parfois structurellement conçues pour rester éphémères – à l’instar du Teatro del Mondo d’Aldo Rossi, structure flottante présentée durant la biennale de Venise de 1980 – de nombreuses réalisations ont été détruites subséquemment à la tenue de l’événement, comme le Woman’s Building de l’architecte Sophia Hayden, érigé dans le cadre de l’exposition universelle de Chicago en 1893. D’autres se sont en revanche pérennisées, à l’image du Weißenhofsiedlung de Stuttgart (1927) ou du complexe de logements Habitat 67 de Moshe Safdie (1965-1970).

Si cette liste d’événements est loin d’être exhaustive, les différents cas d’études mentionnés soulignent la diversité des productions architecturales issues de manifestations temporaires. On peut dès lors se demander selon quelles modalités et temporalités celles-ci ont marqué les espaces – physiques et intellectuels – dans lequel elles s’inscrivaient. Ce sujet s’impose encore davantage aujourd’hui en raison de l’urgence climatique, car il interroge l’empreinte de ces événements sur la Planète. Leur caractère éphémère amène ainsi à prendre en compte les risques qu’ils engagent, que ceux-ci soient sociaux, écologiques ou patrimoniaux (Jones, 2020).

Quel a été l’impact des événements sur la scène architecturale et dans les espaces urbains ? À quelles innovations techniques et circulations théoriques ont-ils donné lieu ? Certaines manifestations semblent en effet constituer des laboratoires d’expérimentation et des lieux de production et de diffusion des savoirs – on pense par exemple au rôle de l’Exposition universelle d’Osaka de 1970 dans la mise en valeur des recherches menées autour de l’architecture pneumatique. En outre, leur rôle de représentation, et notamment de mise en valeur de la nation, fait de ces événements de véritables lieux de pouvoir. Ils peuvent ainsi constituer des occasions d’exprimer des valeurs identitaires et des revendications politiques. Comment se traduisent-elles sur le plan architectural ? Dans quelle mesure ces événements sont-ils des occasions de concrétiser des politiques de rénovation ou d’expansion urbaines (Ory, Mei, 2015) ?

Dans une perspective diachronique, cet appel concerne l’ensemble de la période contemporaine, en remontant à la fin de l’Ancien Régime qui voit se multiplier, à la veille de la Révolution, les fêtes publiques et privées (Masseau, 2018). Ces dernières constituent en effet elles aussi des événements, terme plurivoque dont il n’est ici volontairement pas proposé de définition stricte. Plusieurs acceptions semblent toutefois devoir être écartées dans le cadre limité de cette journée d’étude. Les manifestations fortuites et accidentelles affectant l’architecture impliquent des enjeux spécifiques, et semblent ainsi devoir être traitées de manière distincte. Quant à la question de l’architecture comme « événement en soi » (Ismaïl, 2009) – qui a déjà fait l’objet d’études mettant notamment à l’honneur les enjeux de réception (Klein, Monin, 2009), dans la continuité des travaux de Pierre Nora –, elle pourra être abordée de façon subsidiaire.

Les manifestations temporaires mettent en jeu différentes temporalités : au moment d’existence propre de l’événement s’ajoutent les phases de conception et d’organisation, ainsi que « l’après », générant des questions liées tant à la réception qu’à l’héritage laissé. Ces différents temps de l’événement pourront être abordés dans chacun des quatre axes thématiques proposés :

 

  1. Matérialité, longévité : la production architecturale dans un cadre éphémère

Posant l’hypothèse que le cadre événementiel affecte la matérialité des architectures qui en sont issues, on pourra étudier leur mode de production, leurs usages et leurs caractéristiques, en interrogeant notamment la place des innovations techniques. Le devenir de ces réalisations, qui peut aller de la destruction pure et simple à la pérennisation, est ici une préoccupation centrale. Face à l’émergence de l’impératif de durabilité se pose également la question de l’évolution du positionnement des architectes, des décisionnaires et du public vis-à-vis du concept d’événement temporaire.

 

  1. Représentation et diffusion : l’architecture et ses mutations sémantiques

Enjeu politique et économique, la question de la représentation se situe au cœur de nombreux événements. Les architectures qui en sont issues ont souvent été reproduites, diffusées, voire érigées en symbole – d’une ville ou même d’un pays entier. Cet axe donnera notamment l’occasion d’analyser la place et le rôle de l’imprimé et des objets dérivés dans les manifestations temporaires, ainsi que le processus de changement de sens et de statut des réalisations architecturales qu’elles génèrent.

 

  1. Échanges, circulations : les événements comme laboratoires

Au-delà des réalisations tangibles, les événements ont également des répercussions sur le champ architectural en ce qu’ils rendent possibles des circulations de savoirs. Celles-ci passent notamment par des rencontres physiques entre acteurs et actrices, mais impliquent aussi de nombreux moyens de diffusion de l’information. On pourra en outre s’interroger sur l’impact de ces échanges dans la durée, ainsi que sur leurs diverses échelles géographiques – du local à l’international.

 

  1. Mises en scène et revendications : le rôle politique de l’architecture

L’analyse des événements comme lieux de pouvoir invite enfin à questionner la place et le rôle de l’architecture dans l’expression des ambitions politiques qui s’expriment durant ces manifestations. Les enjeux de mise en scène du pouvoir – en particulier dans des contextes de domination coloniale et de montée des nationalismes – pourront notamment être abordés.

 

Modalités de soumission et informations pratiques

Les propositions de communication, d’une longueur maximale de 350 mots, devront comporter un titre et une bibliographie sélective. Accompagnées d’une brève biographie, elles devront être envoyées par mail à architecture.evenements@gmail.com avant le 25 avril 2022.

Un nombre limité de supports financiers est envisageable pour les intervenants dont le laboratoire ne pourrait prendre en charge les frais de déplacement.

 

Organisation

Marie Beauvalet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ED441, HiCSA)

Lucie Prohin (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ED441, HiCSA / Institut national d’histoire de l’art)

Sous la responsabilité scientifique de Jean-Philippe Garric (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ED441, HiCSA)

 

Bibliographie sélective

BAUER et MURGIA 2021 : Dominique Bauer et Camille Murgia (dir.), Ephemeral spectacles, exhibition spaces and museums, 1750-1918, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2021.

DAUFRESNE 2001 : Jean-Claude Daufresne, Fêtes à Paris au XXème siècle. Architectures éphémères de 1919 à 1989, Bruxelles, Mardaga, 2001.

DI VITA et MORANDI 2018 : Stefano Di Vita et Corinna Morandi, Mega-Events and Legacies in Post-Metropolitan Spaces: Expos and Urban Agendas, New York, Springer International Publishing AG, 2018.

DOSSE 2010 : François Dosse, Renaissance de l’événement. Un défi pour l’historien : entre Sphinx et Phénix, Paris, Presses Universitaires de France, 2010.

ISMAÏL 2009 : Dorra Ismaïl, La pensée en architecture au « risque » de l’événementialité, Paris, L’Harmattan, 2009.

JONES 2020 : Zachary M. Jones, Cultural mega-events : opportunities and risks for heritage cities, Londres, Routledge, 2020.

KLEIN et MONIN 2009 : Richard Klein et Éric Monin (dir.), Cahiers thématiques, « L’architecture et l’événement », n° 8, 2009.

MASSEAU 2018 : Didier Masseau, Fêtes et folies en France à la fin de l’Ancien régime, Paris, CNRS Éditions, 2018.

MÜLLER 2015 : Martin Müller, « What makes an event a mega-event? Definitions and sizes », Leisure Studies, vol. 24, n° 6, 2015, p. 627-642.

NORA 1972 : Pierre Nora, « L’événement monstre », Communications, 1972, n° 18, p. 162-172.

ORY et MEI 2015 : Pascal Ory et Duanmu Mei, « Les expositions universelles : un objet d’histoire “bon à penser” », Relations internationales, vol. 4, n° 164, 2015, p. 105-110.

RAMETTE et CROSNIER-LECONTE 1979 : Odile Ramette et Marie-Laure Crosnier-Leconte, L’architecture éphémère de la décennie révolutionnaire : 1789-1799, Lille, O. Ramette, 1979.

VIEHOFF et POYNTER 2018 : Valerie Viehoff et Gavin Poynter, Mega-event cities: urban legacies of global sports events, New York, Routledge, 2018.

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