L’art d’exposer. Positions artistiques et concepts d’exposition, de 1945 à aujourd’hui.
Colloque international au Département d’histoire de l’art, Université de Leipzig,2.–4. décembre 2011.
Concept et organisation :
Alexandre Kostka (Université Strasbourg), Caroline Moine (Université de Versailles-Saint Quentin) et Martin Schieder (Universität Leipzig) ; en coopération avec Beatrice von Bismarck (Hochschule für Graphik und Buchkunst, Leipzig)
Depuis les premières expositions universelles au XIXe siècle, le format de présentation, l’architecture, le display et la scénographie revêtent une importance primordiale, qui se reflète dans la conception et le budget de toute exposition. Il apparaît que les œuvres d’art ne définissent pas à elles seules le goût et les processus culturels, mais que les expositions des artefacts y participent également. Depuis longtemps, l’artiste lui-même ne se présente plus seulement au sein du White cube, mais se met en scène avec les moyens visuels et les stratégies médiales les plus modernes, des locations en dehors de l’espace muséal jusqu’aux réalités virtuelles de l’internet. C’est sur cet arrière-plan que se sont constituées depuis deux décennies les exhibition studies, qui placent deux aspects étroitement liés au centre de leur intérêt : d’une part l’exposition considérée comme une œuvre d’art et d’autre part l’action du commissaire d’exposition conçue comme une forme d’expression artistique.
L’histoire de l’exposition considérée comme une œuvre d’art commence avec les avant-gardes des années vingt, alors que les artistes ne se considèrent plus seulement comme des artistes d’exposition. Ils découvrent à ce moment que l’exposition leur offre des possibilités de création et que la mise en scène performative de leurs œuvres leur permette de prendre leurs distances avec l’espace blanc des galeries d’art modernes. Cette approche, consistant à susciter des émotions chez le spectateur, à le bouleverser ou à le conduire à une réception active, au moyen d’une esthétique d’interaction spécifique, connut une suite encore plus radicale dans les années soixante. Ainsi, Yves Klein fit totalement vider la Galerie Iris Clert, à l’exception des quelques vitrines vides, et lors du vernissage de son exposition Le Vide, interdit l’accès de l’espace aux invités. D’autres artistes utilisaient le média de l’exposition pour une critique radicale des institutions Ainsi, Gerhard Richter et Konrad Lueg formulaient en 1963 dans l’exposition Leben mit Pop, qui eut lieu dans un magasin de meubles, leur commentaire ironique du miracle économique en train de se produire en RFA, alors que Marcel Broodthaers, Hans Haacke et dans un passé plus récent Andrea Fraser ont critiqué et déconstruit les mécanismes de l’industrie d’exposition. Conscient du caractère éphémère des actions Fluxus, Beuys, quant à lui, cherchait une synthèse entre ses actions et une présentation durable de ses objets. A la suite de l’élargissement conceptuel de l’art contemporain, les concepts d’expositions, eux aussi, ont connu un changement. Harald Szeemann est passé à une nouvelle échelle par son exposition Live in your head : When Attitudes become Form à la Kunsthalle de Berne (1969), en trouvant des formes inédites pour présenter l’Arte povera et le Minimal Art, caractérisés par la recherche d’une expression des processus et des matériaux. Lorsque, trois ans plus tard, il conçut la documenta 5 selon des concepts similaires, Daniel Buren lui reprocha qu’un nombre grandissant d’expositions avaient tendance à « ne plus être l’exposition d’œuvres d’art, mais l’exposition de l‘exposition comme oeuvre d’art ». Depuis, la conception des expositions d’art a traversé une phase d’extraordinaire dynamisme. Des artistes font leurs premiers pas en tant que commissaires d’exposition, les commissaires d’expositions revendiquent un statut d’artistes, les frontières sont mouvantes. Udo Kittelmann a conçu l’exposition de Thomas Demandt, Nationalgalerie, en empruntant un look retro à la Arnold Bode ; Hans-Ulrich Obrist se refère dans les expositions qu’il a conçues à Alexander Dorner, le Lenbachhaus de Munich confie l’aménagement des salles d’exposition consacrées au Cavalier Bleu à des artistes contemporains comme Franz Ackermann. De même, la Temporäre Kunsthalle à Berlin permet aux artistes-commissaires d’exposition de présenter des expositions en tant qu’œuvres d’art.
Ce colloque clôt le projet de recherche « Montrer, exposer, représenter en Allemagne et en France (XIXe/XXe siècles) » financé par le CIERA, qui s’était donné comme objectif d’étudier des expositions et événements culturels choisis, et ce dans une perspective d’histoire culturelle, comparative et transculturelle inscrit dans le contexte européen.
Faisant suite au premier colloque en 2009 à Paris, consacré à l’ « Internationalisation des arts et mise en scène de la nation » au XIXe siècle, le deuxième colloque à Paris a porté sur « Exposer dans l’entre-deux guerres. Enjeux politiques, économiques et artistiques ».
Le colloque de Leipzig, qui clôt le cycle, souhaite présenter des positions qui considèrent l’exposition comme une forme de la pratique artistique, ou bien comme un champ artistique élargi, et il accorde un intérêt particulier aux concepts d’exposition actuels qui se réfèrent à des modèles historiques. En dehors des protagonistes et de leurs œuvres, il s’agira également de discuter les discours théoriques et scientifiques des exhibition studies.
Nous vous serions reconnaissant d’adresser votre exposé (une page maximum, accompagnée d’un CV scientifique) jusqu’au 16 septembre 2011 à
Prof. Dr. Martin Schieder
Universität Leipzig
Institut für Kunstgeschichte
Dittrichring 18–20
04109 Leipzig
schieder@uni-leipzig.de
source : http://arthist.net/archive/1659
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