Empruntant et détournant le célèbre titre de Maurice Fréchuret, Le mou et ses formes, la thématique de notre journée d’étude propose d’étudier non pas les formes mais les limites liées à cet état de la matière. Pour mieux comprendre les processus de dissolution qui activent l’informe et animent d’inquiétantes métamorphoses, nous approcherons notre sujet sous divers angles. Nous accueillerons donc des communications étudiant ce rapport à la « mollesse » dans les arts, le design, la littérature, le théâtre et le cinéma avec un corpus d’œuvres compris entre les XIXe et XXIe siècles.
1. Approche matérielle : physique ou métaphysique
La mollesse des nouveaux matériaux, que César et Gaetano Pesce ont pu expérimenter à leur époque, semble aujourd’hui attaquer les limites plastiques et remettre en question la pérennité des choses. Le mou n’étant ni liquide, ni solide, cet état va révéler une inquiétant instabilité qui indique cet entre-deux physique voir métaphysique (la science des slimes et La métaphysique du mou de J.B. Botul).
2. Approche analogique : organique et alimentaire
Aussi, nous observerons comment les limites se déplacent insidieusement à travers les matières gluantes de manière à identifier la souillure comme trace de ce déplacement. L’appréhension du mou et de ses limites nous oriente a priori vers des rapprochements corporels (glaires, miasmes, excréments et déjections morbides) auxquels peuvent s’ajouter et/ou se substituer des matières alimentaires comme on peut le voir dans les performances de Paul Mc Carthy ou encore dans la mise en scène de Golgota Picnic.
3. Approche de l’émotion : dégoût et horreur
Les limites qui animent les formes molles peuvent également alimenter le fantasme d’un organisme autonome, un monstre gluant et dégoûtant qui apparaît dans le cinéma gore sous le nom de « Blob ». En abordant de manière ouverte ce que les limites du mou déplacent, nous chercherons à comprendre l’émotion teintée d’angoisse que Jean-Paul Sartre évoquait à propos de la mélasse ou que Julia Kristeva étudiait dans son livre Pouvoirs de l’horreur.
4. Approche délimitative : dissolution et putréfaction
Nous étudierons aussi l’extension morbide des limites de la corporéité que l’on peut apercevoir, par exemple, dans l’œuvre The Matrix of Amnesia de l’artiste John Isaacs. L’enveloppe-peau, devenue complètement molle et élastique, semble diluer l’intégrité du corps en une masse graisseuse et informe. Remettant ainsi en exergue le concept développé par Didier Anzieu du « Moi-Peau », nous nous interrogerons sur la matrice de la forme lorsqu’elle dégénère et semble fondre.
Modalité : propositions de communications faisant apparaître clairement le titre et l’approche abordés (une page maximum) et une courte notice biographique sont à faire parvenir à emma.viguier@wanadoo.fr et à celine.cadaureille@yahoo.fr avant le 10 mai 2013.
Lieu : Maison de la recherche, Université Toulouse II Le Mirail
Date de la journée d’étude : le 22 novembre 2013
Responsable : Céline Cadaureille ; Emma Viguier (LLA-Créatis)
http://lla-creatis.univ-tlse2.fr/
Laboratoire LLA-Créatis
Université Toulouse II Le Mirail
5, allée Antonio Machado
31058 Toulouse Cedex 9
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