Appel à communication pour le colloque international
7-8 novembre 2019
Université Paris 8-St-Denis\Université Paris Nanterre\Musée d’art et d’histoire Paul Éluard, Saint-Denis\Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord
Ce colloque international s’inscrit dans le cadre du projet MuséaLitté, projet de recherche pluriannuel sur les rapports entre le muséal et le littéraire.
Lieu chargé sur le plan symbolique, comme espace par excellence de la culture et de sa transmission, le musée (muséum d’histoire naturelle, musée ethnographique, musée des sciences et techniques, musée d’art, mais aussi galeries privées, cabinets de curiosités, exposition universelle) est un lieu investi par de nombreux écrivains ; il en va de même pour d’autres lieux de conservation et d’archivage de la littérature : bibliothèques, centres d’archives et de conservation des manuscrits….
Il s’agira d’étudier la représentation du musée et la mise en récit du muséal dans la littérature, tous genres confondus : roman, poésie, théâtre, biographie, essai, notes de visites et carnets de voyage ou œuvres iconotextuelles (bande-dessinée, comics, roman graphique, album pour la jeunesse, biographie illustrée, œuvre hypermédiatique, etc.). Ce lieu, réel, imaginaire, remémoré, traverse en effet tout l’éventail des genres littéraires. On pourra ainsi penser aux collections privées du Cousin Pons (Balzac, 1847), de Dorian Gray (The Portrait of Dorian Gray, Oscar Wilde, 1890) et son pendant contemporain dans la réécriture de Will Self (Dorian, 2002), aux Salons de Denis Diderot (1759-1783), à la bibliothèque babélienne de Schuiten et Peeters (La Tour, 1987), au muséum d’histoire naturelle d’Adèle Blanc-Sec (Tardi, Le Secret de la salamandre, 1981), au Cabinet de curiosités d’Hilda V. Bach (2016), au Musée Grévin d’Aragon (« le Musée Grévin », 1943), sans oublier la British Library de Murder at the Museum de John Rowland (1938), le British Museum (David Lodge, The British Museum is Falling Down, 1965 ; Anthony Horowitz, Alex Rider. Scorpia Rising, 2004 ; Roald Dahl, The Mildenhall Treasure, 1946), le Victoria and Albert Museum (Noel Streatfeild, Ballet Shoes, 1936) et l’Ashmolean Museum (Susan Cooper, The Dark is Rising, 1984), ou encore le Louvre (Dan Brown, Da Vinci Code, 2003 ; Marc-Antoine Mathieu, Les sous-sol du révolu, 2006, et, commandés par le musée, Enki Bilal, Les Fantômes du Louvre, 2012 ; Naoki Urasawa, Le Signe des rêves, 2018). Le musée pourra être envisagé comme scène de crime (The Murder Room de PD James, 2003), décor de théâtre (Musée Haut Musée Bas de Jean-Michel Ribes, 2004), lieu retors (Le musée des valeurs sentimentales de Gaëlle Obiégly, 2011) ou comme espace critique (Paul Valéry, « Le problème des musées », 1923 ; Theodor Adorno, « Valéry Proust Musée » 1967 ; André Malraux, Le musée imaginaire, 1965).
Les auteurs visitent ou imaginent ces lieux et y entraînent leurs lecteurs, qui iront ensuite y chercher la trace de la fiction ou des émotions de l’écrivain. Il arrive aussi que le musée imaginaire sorte du livre pour s’inscrire dans un espace réel, comme le Musée de l’innocence d’Orhan Pamuk (2008), qui existe désormais à Istamboul. Comment les livres d’artistes mettent-ils en scène les espaces muséaux ? Dans quelle mesure est-il possible de considérer que certains sites font musée, comme les sites d’écrivains ou de fans, ou certains livres, à l’instar de la série de bandes dessinées scénarisée par Patrick Baud, Axolot (2014—) ?
Comment le musée et les lieux muséaux, eux-mêmes lieux de conservation, d’ordonnancement et de patrimonialisation du monde matériel mais aussi espaces de construction et de dissémination de récits, s’intègrent-ils à un récit de fiction ou à un discours argumentatif ? Le musée, espace de médiation d’œuvres vivantes ou d’une accumulation mortifère, inspire-t-il l’admiration ou le mépris ? À l’articulation de la réalité et de la fiction, de la matérialité et de la représentation, c’est est un lieu paradoxal, voire oxymorique, dont Paul Valéry parle comme d’un « tumulte de créatures congelées » (« Le problème des musées », 1923) et que Michel Foucault classe dans les « hétérotopies » (« Espaces autres », 1967). Sanctuaire ou fosse commune, lieu de connaissance et d’expérience esthétique entre solitude et interaction, ordre et désordre, quelles poétiques informe-t-il ?
Nous invitons des propositions de communication en français ou en anglais d’une longueur de 20 minutes sur la littérature européenne de toutes périodes. Les approches théoriques, comparatistes et diachroniques sont bienvenues, tout comme les études de cas.
Langues de communication : français et anglais.
Les propositions (500 mots maximum) sont à envoyer avant le 10 juillet 2019 accompagnées d’une courte bio-bibliographie à Charlotte Estrade (Paris Nanterre) et Caroline Marie (Université Paris 8) : musealitte@gmail.com
Les réponses seront envoyées le lundi 2 septembre 2019.
Comité scientifique :
Anne Chassagnol, Université Paris 8
Christine Berthin, Université Paris Nanterre
Laurence Boudart, Archives et Musée de la littérature, Bruxelles
Géraldine David, Biblioteca Wittockiana, Bruxelles & RIMELL
Charlotte Estrade, Université Paris Nanterre
Sylvie Kleiman-Lafon, Université Paris 8
Sofiane Laghouati, Musée Royal de Mariemont, UCL & RIMELL
Caroline Marie, Université Paris 8
David Martens, KU Leuven (MDRN) & RIMELL
Aurélie Mouton-Rezzouk, Sorbonne Nouvelle
Marie-Clémence Régnier, Université d’Artois
Isabelle Roussel-Gillet, Université d’Artois
Bérengère Voisin, Université Paris8
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