Appel à communication : « Les artistes et leurs galeries. Réceptions croisées. Berlin-Paris (1900-1950) »

Le Programme de formation-recherche propose l’évaluation du rôle historique, sociologique et esthétique des galeries d’art dans le contexte de l’émigration, entre Paris et Berlin, de 1900 à 1950. Il s’adresse aux étudiants de Master I et II, aux doctorants en histoire, sociologie et médiation culturelle. Il se déroulera en trois sessions entre novembre 2013, mai 2014 et novembre 2014. Chaque session s’organise en trois journées consécutives: une journée d’études, une journée de visites sous la direction des responsables des galeries et de leurs archives. La synthèse écrite de chaque session adviendra durant la dernière journée consacrée à un atelier de recherche et d’écriture.

L’observation de la galerie comme champ interdisciplinaire, au croisement de l’esthétique, de la politique, de la sociologie du travail, de l’économie, de la gender study – les femmes y jouèrent un rôle éminent –  de l’histoire de l’art et des transferts esthétiques, conduit à décloisonner les différents régimes de visibilité, à apprécier un double jeu cumulatif entre création et « présentation de soi », dans la perspective des transferts conceptuels et  formels entre l’est et l’ouest. La « galerie » permet en outre d’évaluer l’ampleur de l’internationalisation culturelle dans les lieux de la pratique artistique moderne. En effet, dès l’aube du XXe siècle,  les galeries proposent aux artistes émigrés une alternative sociologique et marchande d’accueil, de resociabilisation et leur offrent un accès à l’espace public, tant au niveau réflexif que pragmatique et marchand.

Les journées d’études proposeront, une analyse historique et socio-professionnelle des lieux et publics acteurs de la galerie d’art. Les interventions  introduiront à quelques « portraits » des galeries historiques en France et en Allemagne, présentés conjointement par les organisateurs et des spécialistes. Des ateliers de lecture et des visites de galeries alterneront avec les séminaires. On étudiera les thématiques transversales – la galerie et son public, le rôle de la galerie dans la réception de l’artiste, les professions actrices des galeries… – à travers les documents d’archives, les cartons d’invitation et les coupures de presse.

Trois axes articulent le programme de recherche :

  • Axe 1 : « Galeries et Avant-Gardes. Les galeries et les artistes. 1900-1950 »
  • Axe 2 : « La galerie. Espaces et métiers dans la ville moderne »
  • Axe 3 : « La galerie, miroir socio-économique de la ville »

En contrepoint, l’appréciation in situ du rôle des galeries, de leurs archives en autorisera une approche pragmatique. Certaines galeries, aujourd’hui disparues, telle la galerie Franka Berndt, acteur de l’accueil des artistes d’Allemagne et d’Europe centrale à Paris après guerre, seront présentées à travers des films d’archives inédits.
La synthèse des problématiques transdisciplinaires, des transferts opérés entre l’Allemagne et la France par les galeries d’art sera chaque année l’objet d’un rapport publié en ligne.
La publication d’un recueil des travaux, la prolongation éventuelle du programme de formation-recherche seront par la suite à considérer.

Les journées d’études

Axe 1 : « Galeries et Avant-Gardes ». Perspective historique
A l’aube du XXe siècle, le marché de l’art moderne émergeant dans le contexte des avant-gardes historiques s’affranchit de la commande officielle et du mécénat. Ce processus d’autonomisation s’accompagne de l’apparition de grands marchands et de galeries, de salons et expositions qui soutiennent l’œuvre et la réception des artistes. Entre France et Allemagne, l’approche de ces « lieux actifs », au sens  consacré par Michel de Certeau, révèle une dimension heuristique quant aux transferts esthétiques advenus. Les acteurs historiques et les lieux actifs sont à titre d’exemple, à Berlin, Herwarth Walden et la galerie Der Sturm, le Graphisches Kabinett Nierendorf…; à Munich, la galerie Tannhäuser… ;  à Cologne,la galerie Dr Becker und  Newmann. En France, le cercle parisien autour du collectionneur-marchand allemand Wilhelm Uhde, les galeries Kahnweiler et Wildenstein, les jeunes galeries Clovis Sagot, le Sacre du Printemps, les Editions Bonaparte, la galerie Rosenberg. Les femmes s’affirment rapidement: Jeanne BucherYadwiga ZakKatia Granov, puis, dans les incertitudes de l’après-guerre, la galerie Denise René, la galerie des Deux-Îles et la Galerie de France.

Les contributions apporteront un éclairage historique sur les galeries et les artistes, les transferts esthétiques advenus entre Paris et Berlin au début du XXe siècle. Le cycle d’internationalisation de l’art sera illustré à travers les histoires d’exil des artistes allemands, autrichiens et français aux Etats-Unis.

Date de la journée d’études : mardi 12 novembre 2013
Délai d’envoi des textes : 15 septembre 2013 (format PDF)

Axe 2 : « Les galeries. Espaces et Métiers dans la ville moderne »
Les galeries d’art parisiennes se sont, au fil du XXè siècle, déplacées de la rive droite à la rive gauche. Quels paysages ont-elles à chaque fois reconfigurés ? Peuvent-elles être considérées comme des acteurs de la vie socio-économique ? Les exemples parisiens et berlinois sont-ils dynamiquement comparables ? L’étude et les interventions s’appuieront sur les analyses de  la ville moderne initiées au tournant du XXè siècle par Walter Benjamin et Georg Simmel, et démontreront la situation originale de la galerie et de ses acteurs dans le tissu urbain.

La profession du marchand d’art se codifie entre 1900 et 1950. Quels métiers collaborent-ils à cette professionnalisation ? Les contributions étudieront l’irruption du droit, de la science dans la vie des galeries et évalueront le rôle tenu par les critiques d’art et  la presse.

Date de la journée d’études : mercredi 21 mai 2014

 Axe 3 : «  La galerie, dimension sociologique d’un projet esthétique »
La « galerie » permet en outre d’évaluer l’ampleur de l’internationalisation culturelle dans les lieux de la pratique artistique moderne. Dès l’aube du XXe siècle,  les galeries proposent aux artistes émigrés une alternative sociologique et marchande d’accueil, de resociabilisation et leur offrent un accès à l’espace public, tant au niveau réflexif que pragmatique et marchand. Les réseaux qu’elles tissent, leurs pratiques discursives et médiatiques, leurs stratégies de communication sont appréciables au travers des cartons d’invitation aux vernissages,  les articles d’une presse artistique qui se professionnalise. La galerie s’inscrit ainsi comme Tiers dans l’internationalisation des artistes émigrés au XXè siècle. Elle est, à un niveau supérieur,  un  lieu d’historicité, producteur d’art et d’histoire, tissant du présent, tendue tout autant vers le passé que vers le futur et  représenterait à ce titre un état de la pratique, du langage et de la politique artistique.

Pour son rôle marchand, la galerie est l’objet des critiques situationnistes et anticonsuméristes. Les interventions évalueront son autorité dans la sociologie de l’art et des échanges culturels. Sa fonction spécifique dans un système de capitalisme artistique. En quoi, à quel niveau faut-il situer son pouvoir alternatif de prescription économique et esthétique ?

Date de la journée d’études : novembre 2014. Date précisée ultérieurement

Candidature

Textes à envoyer au format PDF à denise.vernerey@me.com
Délai d’envoi des textes : 15 septembre 2013  — format PDF
Réponse : 1er octobre 2013

Comité scientifique
Julia Drost, Centre allemand d’Histoire de l’art, Paris.
Denise Vernerey-Laplace, Hélène Ivanoff, Centre Georg Simmel. EHESS. CNRS. UMR 8131

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