Appel à communication : « Les collections photographiques universitaires d’histoire de l’art au tournant du XXe siècle »

Cette journée d’étude s’intéresse à l’imagerie photographique utilisée pour l’enseignement de l’histoire de l’art dans les universités sous la Troisième République. Elle s’inscrit dans un programme de recherches mené par Marion Lagrange qui consiste à localiser, inventorier, documenter et valoriser le patrimoine artistique, immobilier et mobilier, des universités de Bordeaux. À cette occasion, les collections photographiques d’histoire de l’art ont été numérisées et seront accessibles sur Internet sous la forme de bases de données et d’expositions virtuelles à la fin de l’année 2011.

Si d’importantes collections photographiques liées à l’enseignement supérieur ont déjà fait l’objet de publications et d’expositions — c’est le cas notamment des ensembles conservés (ou associés) à l’École des beaux-arts (1991-1992), au Musée des monuments français (1994) ou à l’École des ponts et chaussées (1994)  — les collections des universités sont encore peu connues, et même parfois inaccessibles. L’actualité de la recherche sur les archives de certaines universités (journée d’études de la Sorbonne du 8 juin 2011) et l’intérêt que suscitent aujourd’hui les collections universitaires (La Lettre de l’OCIM, n° 129, 123, 109, 93) montrent que l’université peut s’inscrire dans la vie culturelle au même titre que les musées ou les bibliothèques.

Cette journée d’étude entend engager la réflexion sur deux axes. Il s’agit, d’une part, de considérer cette imagerie comme un document d’histoire et, d’autre part, comme un élément du patrimoine. Dans le premier cas, c’est l’étude des usages qui sera retenue (de quoi cette imagerie est-elle le témoin ?), dans l’autre cas, ce sont les possibilités de valorisation (comment présenter ces images au public ?).

UNE HISTOIRE DE L’HISTOIRE DE L’ART
Le contexte chronologique dans lequel nous nous inscrivons est celui de la Troisième République, période au cours de laquelle les facultés se réunissent en universités, où se créent de nouvelles chaires. De nombreuses collections universitaires sont directement issues de cette réforme et attestent des nouveaux moyens dont dispose alors l’enseignement supérieur. La constitution des collections photographiques est, en outre, directement liée à l’affirmation de l’histoire de l’art comme discipline universitaire, une discipline soucieuse de défendre son statut par l’instauration de nouvelles méthodes pédagogiques. À Bordeaux, les photographies constituent, avec la collection de moulages, le fonds du Musée archéologique. Voulu par Louis Liard et Maxime Collignon, ce dernier est créé en 1886 par Pierre Paris. Influencé en partie par l’exemple anglo-saxon et allemand, il précède ceux de Montpellier (1890), de Paris (1891) et de Lyon (1893) dont il est en quelque sorte le prototype. Une réflexion à l’échelle nationale, voire internationale, est donc nécessaire pour appréhender un tel phénomène dans toute sa complexité.

Se pose en premier lieu la question des collections photographiques. Quand sont-elles créées ? Par qui ? Sur quels modèles ? Quels sont les différents supports (épreuves positives, verre à projection, papier albuminé, gélatino-bromure) ? Comment sont-ils utilisés ? Fonctionnent-ils avec d’autres objets (moulages, maquettes) ? Quels sont les sujets, les périodes et les pays représentés ? La création de chaires pose dans un second temps la question de la pédagogie universitaire. Quelle a été l’influence des enseignants dans le choix des images ? Comment font-ils évoluer cette imagerie au tournant du XIXe siècle ? Disposent-ils d’un laboratoire dans les bâtiments de la faculté ?

UN PATRIMOINE PHOTOGRAPHIQUE ET UNIVERSITAIRE
Alors que certaines salles des moulages sont parfois accessibles au public (Montpellier ou Lyon), les collections photographiques, plus discrètes, plus fragiles, n’ont pas eu la reconnaissance qu’elles méritent. Leur importance est pourtant tout aussi déterminante que celle des moulages. Elles font partie d’un ensemble de techniques de reproduction mécanisées qui répond aux besoins d’objectivité et de précision que nécessitent la création de séries et la méthodologie comparative. Restituer à cette imagerie toute sa puissance, c’est rétablir un outil de pensée et un imaginaire visuel. Une telle approche, montrant l’importance des techniques d’empreintes dans la construction du savoir, peut se révéler attrayante pour le grand public, instructive pour l’enseignant et significative pour le chercheur.

Nous aborderons dans ce deuxième volet l’aspect matériel de ces collections. Où sont-elles conservées ? Comment sont-elles stockées ? Quel est leur état de conservation ? Comment sont-elles inventoriées ? Sous quelles rubriques ? Avec quels thésaurus ? Comment les faire connaître ? Comment les rendre accessibles par Internet ? Comment articuler les bases de données et les expositions virtuelles ? La présentation des photographies implique également la mise en place de problématiques liées à l’imagerie scientifique au XIXe siècle. Qui sont les auteurs des photographies ? À quels publics s’adressent-ils ? Comment diffusent-ils leurs images (succursales, catalogues) ? Quels codes de représentation utilisent-ils (pittoresque ou documentaire) ?

 

Journée d’études sous la direction de Marion Lagrange et de Florent Miane
Programme de recherches Région Aquitaine, Université Michel de Montaigne, Centre François-Georges Pariset, EA 538

La journée d’étude se tiendra à Bordeaux en mai 2012. Les communications dureront chacune trente minutes. Elles feront l’objet d’une publication, après examen des textes par un comité scientifique. Il s’agit de permettre à des chercheurs confirmés comme à des doctorants de présenter et de publier leurs travaux.

Les propositions de communications sont à envoyer par courriel (avec confirmation d’envoi) le 5 janvier 2011 au plus tard sous la forme d’un résumé (2000 signes maximum) accompagné d’un titre et d’un bref curriculum vitæ.

L’acceptation des propositions sera notifiée le 6 février 2012.
Renseignements et contact :

marion.lagrange@u-bordeaux3.fr
florent.miane@gmail.com

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