Appel à communication : « L’image contestataire. Les pouvoirs à l’épreuve de la culture visuelle, XIXe-XXIe siècles / The Protest Image. Contesting Powers in Visual Culture » (Guyancourt, mai 2015)

Plantu-liberte-de-la-presse -3De la mise au point de la lithographie en Allemagne en 1796, en passant par l’invention du cinéma en 1895 et l’avènement de la télévision couleur dans les années 1960, jusqu’à la révolution numérique des années 2000, l’époque contemporaine aura été, celle de l’image fixe et animée. Apparue à l’ère de la construction des États-nations, développée à celle des totalitarismes et des affrontements idéologiques cette « civilisation de l’image » intrigue cependant par sa diversité, ses implications et ses enjeux. Si le lien entre image et propagande au service du pouvoir a depuis longtemps été établi, faisant l’objet d’une riche bibliographie, la nature, les formes et les enjeux des images contestataires « aussi omniprésentes soient-elles […] restent peu étudiés par les spécialistes de l’action collective », comme le rappelait récemment Alexandre Dézé [1]. L’omniprésence des images dans nos sociétés interroge sur leur capacité à véhiculer des messages explicitement ou implicitement subversifs, critiquant une certaine forme de pouvoir, ou remettant en cause tel ou tel aspect d’une société. La notion de contestation elle-même fait question par sa flexibilité, selon les époques et les pays, et mérite qu’on prenne en compte plus précisément ses ambiguïtés sémantiques.

Cette journée d’étude entend s’intéresser à l’image comme lieu de contestation du « pouvoir », au sens le plus large. Ainsi nous définirons le pouvoir comme toute personne ou groupe de personnes exerçant une autorité directe ou indirecte sur quelque chose ou quelqu’un, ne limitant pas notre champ d’études au seul pouvoir politique. Nous souhaitons également mettre en regard les formes et les usages des images contestataires produites à travers le monde : loin de confiner notre espace d’étude au monde occidental nous l’élargirons au contraire à d’autres cultures.

On distinguera, en amont de cette journée d’étude, plusieurs types d’images à caractère contestataire : celles capturant ou reproduisant un événement ou une action relevant de la contestation, comme les photographies truquées de la Commune de Paris en 1871, les photographies La jeune fille à la fleur (1967) de Marc Riboud, ou Tiananmen Square (1989) de Jeff Widener ; celles dénonçant un abus de pouvoir comme Le Massacre de la rue Transnonain (1834) de Daumier ; celles montrant une personne ou un groupe de personnes perçues comme des icônes contestataires, c’est le cas par exemple de Gavrilo Princip, Che Guevara, Martin Luther King ou plus récemment des Pussy Riot ; et à l’inverse celles caricaturant les tenants du pouvoir comme dans les dessins humoristiques de Plantu ; celles enfin qu’on pourrait qualifier d’images originales, intrinsèquement contestataires telles que les peintures provocatrices de l’artiste belge Félicien Rops, les graffitis de l’artiste anglais Banksy, les photographies du chinois Liu Boilin, les mouvements cinématographiques comme les Angry Young Men en Grande-Bretagne ou la Vague noire yougoslave, et plus récemment les films du cinéaste iranien Jafar Panahi et de l’Américain Michael Moore, ou encore les posters relayant les actions de mouvements comme ceux de Mai 68 ou d’Occupy Wall Street.

L’étude du processus de patrimonialisation de ces images mérite également d’être abordée :

comment une image contestataire devient-elle oeuvre d’art, objet muséal, au risque de perdre sa force contestataire ? Se pose dès lors la question de la conservation de ces images, dont beaucoup semblent éphémères, de par leur support ou leur mode de diffusion (comme c’est le cas pour les graffitis par exemple). Enfin une image contestataire perd-elle tout son sens lorsqu’elle est récupérée par la culture de masse (via la publicité par exemple)?

Afin de nous concentrer sur l’étude de l’image en tant que représentation visuelle, nous souhaitons écarter les études inhérentes à l’image comme représentation mentale. À titre non exhaustif, les propositions de communication émanant de doctorants ou jeunes chercheurs portant sur le cinéma (de fiction et documentaire), la photographie, le dessin de presse, la caricature, la gravure, la peinture, les affiches (publicitaires et autres) et la bande dessinée, mais également les graffitis, ou encore les jeux vidéo sont particulièrement bienvenues.

[1] 1 Alexandre DÉZÉ, « Pour une iconographie de la contestation », Cultures et conflits [En ligne], n° 91/92, automne/hiver 2013, mis en ligne le 31 décembre 2013, consulté le 24 novembre 2014. URL : http://conflits.revues.org/18773.

Cette journée d’étude est organisée en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France.
Nous acceptons les communications en français ou en anglais.

GRANDS AXES DE LA JOURNÉE

• Formes et usages de l’image contestataire.
• Producteurs et lieux de création.
• Modalités et lieux de diffusion, réception et conservation.

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Sophie Croisy, Anne-Julie Etter, Sandrine Ferré-Rode, Jean-Charles Geslot, Caroline Moine, Dominique Versavel, Jean-Claude Yon.

COMITÉ D’ORGANISATION

Anne-Claire Bondon, Dunja Jelenkovic, Philipp Leu, Flora Ngando.

STAGIAIRES

Johanna Amar, Maxime Ambrosino.

CALENDRIER

• Retour des propositions : 1er février 2015.
• Retour aux participants : entre le 1er et le 15 mars 2015.
• Date de la journée d’étude : 13 mai 2015 (UVSQ, site de Guyancourt).

Prière d’envoyer les propositions de communication le 1er février 2015 au plus tard, sous forme d’un résumé de 250 mots environ et d’un curriculum vitae succinct (une page pour l’ensemble), à l’adresse suivante : doctorants.chcsc@gmail.com.

***

From the beginnings of lithography in Germany in 1796, to the invention of cinema in 1895, from the rise of colour television in the sixties to the digital revolution of the 2000s, the modern era has been, more than any other era before it, that of the fixed and moving image.

Born with the construction of nation-states and developed in the wake of totalitarianisms and ideological struggles, this diverse image culture, fraught with political implications, deserves critical attention. If the link between image and propaganda has long been established and studied extensively, the characteristics, forms and implications of protest images “as omnipresent as they are (…) remain little studied by specialists of collective actions”, as researcher Alexandre Dezé recently pointed out [1]. The omnipresence of images in our societies indeed raises questions about their propensity to spread messages which are explicitly or implicitly subversive, and which criticise a certain form of power or specific aspects of a society. As the very notion of protest itself is flexible and varies depending on the time and place in which the term is used, its semantic ambiguities must also be considered.

This workshop will focus on the image as a space where power, in its broadest sense, can be contested. We define power as a person or a group of persons enjoying direct or indirect authority over something or somebody. As we wish to confront the use and forms of protest images, we have chosen not to restrict our field of study to the western world and will welcome proposals focusing on different geographical regions.

For the purposes of this conference, we distinguish different types of protest images: those capturing or reproducing an event or an action born as an act of protest, like the manipulated photographs of the Paris Commune in 1871, Marc Riboud’s La jeune fille à la fleur(1967), or Jeff Widener’s Tiananmen Square (1989); those denouncing the abuse of power, like Daumier’s Le Massacre de la rue Transnonain (1834); the ones showing a person or a group staged as an icon of protest – well known examples would be Gavrilo Princip, Che Guevara and Martin Luther King or, more recently, Pussy Riot; and on the contrary images satirising those in power like in Plantu’s cartoons; finally those that could be qualified as original images, intrinsically protesting, like the provocative paintings of Belgian artist Félicien Rops, the graffiti of British street artist Banksy, the photographs of Chinese artist Liu Boilin, the cinematographic movements like the British Angry Young Men or the Yugoslav Black Wave, and more recently the films by Iranian cineaste Jafar Panahi and by American Michael Moore, or the posters promoting actions of movements like the student protests of ‘68 or Occupy Wall Street.

The process behind the inclusion of these images in our cultural heritage raises important

questions: how does a protest image turn into an artwork, a museum piece? How does the conservation of these images, many of them ephemeral owing to their medium or their channel of distribution (i.e. graffiti), contribute to the work losing its voice of protest? And eventually what becomes of protest images once they have been recuperated by mainstream culture?

In order to focus on the study of the image as a visual representation, we choose to exclude studies of the image as a mental representation. Without limiting our field of interest to the following, proposals emanating from doctoral candidates and young researchers on cinema

(fiction or documentary), photography, press drawings, caricature, engraving, painting, posters (advertisement), comics, but also graffiti, or even video games, are particularly encouraged.

This workshop is organised in partnership with the Bibliothèque nationale de France.

We accept proposals in French and English.

 

MAIN AXES

• Forms and medium of the protest image.
• Producers, places of creation.
• Modalities and places of exhibition, reception, conservation.

SCIENTIFIC COMMITTEE

Sophie Croisy, Anne-Julie Etter, Sandrine Ferré-Rode, Jean-Charles Geslot, Caroline Moine, Dominique Versavel, Jean-Claude Yon.

ORGANISATION COMMITTEE

Anne-Claire Bondon, Dunja Jelenkovic, Philipp Leu, Flora Ngando.

INTERNS

Johanna Amar, Maxime Ambrosino.

CALENDAR

• Proposals returned: February 1st 2015.
• Feedback to authors: between March 1st and March 15.
• Workshop: May 13 (UVSQ, Guyancourt).

Proposals should be sent by February 1st 2015 latest. Please send a CV (one page max.) and an abstract of your presentation (max. 250 words) to: doctorants.chcsc@gmail.com.

 

[1] 2 Translations of the authors to Alexandre DÉZÉ, « Pour une iconographie de la contestation », Cultures et conflits [Online], n° 91/92, fall/winter 2013, published 31 December 2013, accessed 24 November 2014. URL: http://conflits.revues.org/18773.

 

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