Quelles “histoires” racontent les musées, quels sont leurs modèles et quelles voix trouvent des échos dans les galeries du début du XXIe siècle ? Depuis deux décennies, on voit l’essor de nouvelles thématiques dans les musées, et de nouveaux types de musées qui établissent des mots clés comme « migration », « cultures du monde », « transnational » et « mémoire », tandis qu’apparaissent des discours articulés autour de notions de diversité et de dialogue. Peut-on dire que le musée s’est éloigné du « roman national » selon les termes de Pierre Nora, qu’il ne présente plus « l’histoire qui se prend par les yeux » selon Michelet ou la « grange aux faits » (pour détourner l’expression de L. Febvre) ?
Aujourd’hui il semblerait que le musée soit devenu une clinique des actes de mémoire (Andrieu et Lavabre), en particulier des souvenirs les plus traumatisants. Ceux-là mêmes qui se trouvent au cœur d’une discussion publique sur la mémoire et l’histoire, et qui relèvent du discours postcolonial, post guerre-froide et post-national etc. Par leur nature polémique, de tels sujets appellent un traitement suivant différents points de vues et perspectives. Or, le musée fournit souvent une seule voix qui semble, faire autorité en représentant l’état ou une autre instance officielle du fait de son statut. Cela renforce sa capacité à produire un récit qui peut être ressenti par le visiteur comme représentatif de la collectivité, d’autant plus qu’il paraît anonyme. Introduire au musée des narrations inclusives des voix d’une communauté multiculturelle et des passés traumatiques et contestés demeure problématique. Ainsi, les contributions qui se penchent sur des stratégies de pluralité du récit et des voix seront particulièrement appréciées.
Cette journée d’étude suit une série de conférences vouée à la notion des grands récits dans les musées nationaux à travers l’Europe depuis le XIXe siècle à nos jours, et la représentation des passés contestés. Avec cette journée, l’accent sera mis sur les musées et muséographies des deux dernières décennies, afin d’examiner cette nouvelle génération d’établissements qui cherche plus à provoquer la mémoire qu’à construire un récit unifié.
Merci d’envoyer un résumé en français ou en anglais de 300 mots à Felicity Bodenstein, eunamus3@gmail.com avant le 25 octobre 2012. Les communications pourront être présentées en français et en anglais.
Journée d’étude, 5 décembre 2012, Institut d’histoire de l’art, salle Vasari.
Organisation et direction scientifique : professeur Dominique Poulot,
Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, HICSA.
http://hicsa.univ-paris1.fr/page.php?r=3&id=546&lang=fr
Projet EuNaMus, European national museums, http://eunamus.eu/ section « Uses of the past ».
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