Appel à communication : « Re-fashioning The Self ? Théories, histoire(s) et pratiques de la « fabrication du soi » dans les arts (XVe-XIXe siècles) » (Université de Lausanne, 23-24 mai 2019)

Appel à communication : « Re-fashioning The Self ? Théories, histoire(s) et pratiques de la « fabrication du soi » dans les arts (XVe-XIXe siècles) » (Université de Lausanne, 23-24 mai 2019)

L’ambition de cette journée d’étude doctorale est de questionner la notion de self-fashioning – telle que formulée dans les écrits de Stephen Greenblatt (Renaissance Self-Fashioning: From More to Shakespeare, 1980) et les théories qui en découlent – et son application aux arts figuratifs à la période moderne. Nous souhaitons ainsi interroger, au travers de lectures mais aussi d’exemples pratiques et de cas d’étude, la portée et l’applicabilité de ce concept littéraire à l’analyse de la production artistique. Dans le cas où le modèle est le sujet de la représentation, la notion de « fabrication du soi » permet de questionner et de mettre en exergue la volonté et l’investissement personnel de celui-ci dans la conception de son portrait. Cependant, les critiques se servent de concepts tels que l’agency pour souligner la dimension réductrice de cette notion dans la production d’artefacts qui tend à négliger l’implication d’autres acteurs – commanditaires, conseillers ou encore spectateurs – ou d’autres genres et pratiques que le portrait. Le self ne se fabrique donc pas seul, en marge ou en introspection, comme cela semble être possible en littérature. Dans quelle mesure, dès lors, le préfixe self ne constitue-t-il pas un obstacle à une compréhension plus large du phénomène de fashioning ?

Greenblatt présente en effet le soi de la Renaissance comme le résultat d’un processus d’élaboration (artful process), voire d’invention, mais aussi et surtout en tant qu’artefact culturel. Le soi est un prisme et une entité composite au travers duquel se reflètent et se construisent des réalités politiques et sociales, des principes moraux et religieux. Sur le plan formel, la fabrication du soi implique une réflexion sur les conventions de représentation élaborées par et pour un public contemporain – et, aujourd’hui, susceptibles d’être détournées par l’historien de l’art. Le soi doit en outre être envisagé comme une notion et/ou une entité élusive, contingente, instable et malléable qui peut prendre une multitude de formes et de significations. En effet, les définitions du self s’étendent de l’idée d’une persona en représentation constante à celle de l’émergence d’une conscience, d’une intériorité ou d’une individualité propre. Les concepts d’émulation et de performance (au sens théâtral et social du terme) donnent alors à voir un self qui s’articule avec autrui et cherche constamment à s’adapter à son environnement.

Les concepts et questions énoncés entrent fortement en résonnance avec nos travaux et réflexions personnels : réseaux de patronage, fabrication de l’image d’une figure du pouvoir ou d’une collectivité gouvernementale, construction représentationnelle aux multiples media, portée performative du portrait, fabrication théâtrale du soi, autant de thématiques qui se trouvent au cœur de nos sujets de doctorat respectifs. Susceptibles de correspondre à d’autres cas d’étude actuels, cette journée a ainsi pour but de mettre en lumière et de discuter des problématiques et des questionnements récurrents auxquels chercheur-se-s – jeunes comme confirmé-e-s – sont confronté-e-s.

 

Cette rencontre prendra la forme d’ateliers au cours desquels les doctorant-e-s aborderont trois problématiques liées au self-fashioning :

Théorie du Self : liens entre théories littéraires et artistiques de la « fabrication du soi ».

Cette session se concentrera sur une discussion d’extraits de textes issus de la littérature et proposés par les participant-e-s.

Histoire du Self : conceptions du soi au fil des siècles.

L’atelier vise à discuter d’extraits de sources, également proposés par les participant-e-s, qui soutiennent la conception de la fabrication du soi et de l’identité des périodes et ères géographiques sur lesquelles ils travaillent.

Pratique du Self : application des théories susmentionnées à une œuvre spécifique.

Finalement, en s’appuyant sur la littérature et les sources précédentes, les participant-e-s présenteront un cas d’étude tiré de leur sujet de recherche afin de mettre en perspective les défis et problèmes posés par la reconstitution d’un « self du passé ».

 

Les trois ateliers seront respectivement dirigés par la Professeure Estelle Doudet (Université de Lausanne), historienne du théâtre des XIVe-XVIe siècles, la Professeure Ersy Contogouris (Université de Montréal), qui étudie l’art des XVIIIe-XIXe siècles à la lumière des approches féministes et queer, et Dr. Marlen Schneider (Université Grenoble Alpes), qui a travaillé sur le portait historié entre les XVIIe-XVIIIe siècles.

Par la même occasion, et s’inscrivant dans les « Jeudis de l’histoire de l’art » (https://www.unil.ch/hart/fr/home/menuinst/la-section/vie-de-la-section/les-jeudis.html), nous aurons la chance d’écouter Ersy Contogouris et Marlen Schneider qui donneront chacune une conférence afin de nous présenter leurs recherches.

 

Soumission :

Les demandes de participation devront nous parvenir d’ici le vendredi 5 avril à nos trois adresses (angela.benza@unige.ch ; saida.bondini@gmail.com ; marie-charlotte.lamy@unil.ch) et doivent comporter un paragraphe sur le sujet de recherche, avec son inscription dans la thématique de la journée, ainsi qu’un court CV. Les informations relatives au contenu et au format des ateliers seront communiquées dans un second temps aux participant-e-s, après confirmation.

Bien qu’adressée aux doctorant-e-s et orientée histoire de l’art, cette journée invite les chercheur-se-s plus avancé-e-s ainsi que les personnes issues d’autres disciplines (littérature, histoire, philosophie, etc.) à se proposer.

Soutien financier :

Grâce au soutien de la CUSO (Conférence universitaire de Suisse orientale), nous serons en mesure de prendre en charge des frais liés au déplacement et au séjour.

 

Programme :

JEUDI 23 MAI

10h00 – 10h30                        Accueil des intervenant-e-s et participant-e-s avec café – Salle Géopolis 2144

Les « Jeudis de l’histoire de l’art »

10h30 – 11h30                          Conférence I 

Prof. Ersy Contogouris (Université de Montréal)

11h30 – 11h45                           Pause-café

11h45 – 12h45                          Conférence II 

Dr. Marlen Schneider (Université de Grenoble)

12h45 – 14h00                           Pause-déjeuner

Re-fashioning The Self ? Théories et pratiques de la « fabrication du soi » dans les arts à la période moderne

14h00 – 14h15                          Introduction

Angela Benza (Université de Genève)

Saida Bondini (Courtauld Institute/Université de Lausanne)

Marie-Charlotte Lamy (Université de Lausanne)

14h15 – 15h45                           Workshop I : Théorie du self

Modération : Prof. Estelle Doudet (Université de Lausanne)

15h45 – 16h15                           Pause-café

16h15 – 17h45                           Workshop II : Histoire du self

Modération : Prof. Ersy Contogouris (Université de Montréal)

17h45 – 18h15                          Conclusion

Prof. Jan Blanc (Université de Genève)

19h00 – 20h15                           Visite de l’exposition Peinture anglaise de Turner à Whistler à l’Hermitage

VENDREDI 24 MAI 

09h00 – 09h30                           Accueil des intervenantes et participant-e-s avec café – Salle Géopolis 2144

09h30 – 11h00                           Workshop III : Pratique du self 

                                               Modération : Dr. Marlen Schneider (Université de Grenoble)

11h00 – 11h15                           Pause-café

11h15 – 12h30                         Workshop III : Pratique du self (suite)

                                               Modération : Dr. Marlen Schneider (Université de Grenoble)

12h30- 13h00                            Conclusion

Prof. Christian Michel (Université de Lausanne)

 

Organisation :

Angela Benza (Université de Genève)

Saida Bondini (Courtauld Institute/Université de Lausanne)

Marie-Charlotte Lamy (Université de Lausanne)

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