École doctorale « Cultures européennes du rêve » promue par la DFG (GRK 2021)
Sarrebruck, Université de la Sarre
Colloque international de jeunes chercheurs du 10 au 12 octobre 2022
Date limite de candidature : 31 mars 2022
Appel à communication
Dinge träumen | rêver les choses | Dreaming Things
Perspectives interdisciplinaires sur les mondes des objets et les cultures du rêve
Si l’on suit les données statistiques, un ménage occidental compte en moyenne 10 000 objets au début du XXIe siècle – et la tendance est à la hausse. Cette extension de la possession personnelle de biens est le résultat d’une évolution historique. Au cours de cette évolution, l’invention, la production, la circulation ainsi que la consommation de choses en tant que marchandises ont été pérennisées en se fondant indissolublement dans les univers de vie individuels et collectifs. Ce n’est pas seulement cette extension quantitative, mais aussi la modification fonctionnelle des choses dans leur utilisation qui génère des cultures de choses spécifiques étudiées depuis longtemps par un large nombre de disciplines. L’évolution rapide de l’interconnexion des appareils et des dispositifs dans les réseaux numériques (« Internet des objets ») est souvent considérée comme une preuve que les objets ont définitivement quitté leur statut d’objets passifs et qu’ils doivent désormais être classés parmi les sujets actifs et agissants.
Cependant, l’on ne doit pas oublier qu’en premier lieu, les cultures de choses sont attribuées au monde éveillé et à ses routines rationnelles orientées vers un but : ce n’est pas un hasard si nous parlons d’objets de la vie et des besoins de tous les jours. Pourtant, l’imagination sur la vie propre des choses, qui s’éveille dès que la vigilance des hommes se relâche, fait partie des motifs clé d’une conception ‹ magique › de la réalité. Cette conception remonte aux cultures anciennes et fonde, sous une forme transformée (par exemple en tant que « malice de l’objet »), jusqu’à nos jours le côté ‹ inconscient › des relations entre les hommes et les choses. Les esthétiques oniriques développées dans la littérature, les arts plastiques, la musique, le théâtre et le cinéma sont porteuses d’un énorme potentiel pour explorer cette histoire imaginaire – et parfois obscure – des choses. Or, ce potentiel n’a été que partiellement exploité jusqu’à présent. Notre colloque se penchera sur la question de savoir comment les cultures de choses, les représentations esthétiques du rêve et les discours théoriques sur le rêve s’influencent mutuellement et comment ils répondent à d’éventuels changements dans les autres champs. Alors que le lien étroit entre l’univers des objets (en expansion sous forme de marchandises), le rêve et sa réflexion artistique ainsi que culturelle peut être compris comme un topos fondateur de la modernité européenne autour de 1900, l’élargissement de la perspective à des contextes prémodernes et à des constellations transculturelles dans le monde contemporain promet de nouvelles possibilités pour réfléchir sur le lien entre les cultures de choses et les cultures du rêve. Quelques premières questions directrices ne peuvent qu’esquisser l’éventail des thèmes possibles :
– De quelle manière la situation liminale entre, d’une part, le monde de l’éveil, et, d’autre part, le monde du sommeil et du rêve est-elle instrumentée par des objets et reflétée dans les représentations esthétiques du rêve ?
– Comment les manières de désigner et de décrire des objets dans des textes ‹ canoniques › sur les rêves (p. ex. les visions oniriques bibliques et mythologiques) sont-elles adaptées à des cultures de choses dans différents lieux et pays ? Comment sont-elles organisées sur le plan imaginaire et matériel ?
– Comment la dimension performative des objets est-elle utilisée, en fonction du genre et des spécificités médiatiques, pour évoquer l’altérité du rêve et/ou du cauchemar ?
– Quel est le rapport entre la complexité de la notion de l’objet dans l’analyse psychologique des rêves et le répertoire des objets dans les manuels sur la « clé des rêves » de la culture populaire ?
Suivant le programme interdisciplinaire et intermédiatique de l’École doctorale, l’appel s’adresse aux jeunes chercheurs et chercheuses (doctorant.e.s, postdoctorant.e.s et maître.sse.s de conférences sans HdR) en histoire de l’art, études culturelles, sciences théâtrales et cinématographiques, musicologie, littérature, ainsi qu’en histoire, philosophie et disciplines annexes.
Merci d’adresser vos propositions pour une conférence de 20 minutes en allemand, français ou anglais (400 mots maximum) ainsi qu’un court CV et la liste de vos éventuelles publications sous format pdf jusqu’au 31 mars 2022 à : traumkulturen@uni-saarland.de
Les langues du colloque seront l’allemand, le français et l’anglais. Une publication des contributions dans un volume collectif est prévue.
Conception du colloque : Joachim Rees / Hannah Steurer
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