Appel à communication : « Vers une histoire de l’art indisciplinée » (Paris, 19 juin 2013)

Ces dernières décennies ont vu l’étude des objets artistiques, longtemps réservée au seul cadre traditionnel de l’histoire de l’art, se développer au sein de nouveaux discours. Formulés dans les champs intellectuels de la philosophie, de la sociologie, de l’anthropologie ou de l’ethnologie, ils ont ouvert la voie à des révisions essentielles, conduisant à une remise en question des approches consacrées de l’historien de l’art, tels que le formalisme et l’iconographie.

Dans la continuité d’un projet de recherche annuel consacré aux processus d’investigation de l’historien de l’art, l’équipe du Séminaire doctoral commun de Paris I et Paris IV organise le 19 juin 2013 une journée d’étude intitulée « Vers une histoire de l’art indisciplinée ? » Le terme d’« indiscipline[1] » porte jusqu’à son paroxysme – non sans une pointe d’humour – l’idée d’une rencontre des savoirs, d’une multiplication des angles d’approche, à la lisière des divisions académiques et autour d’un objet d’étude perçu dans toute sa complexité.

Une réflexion menée sur les concepts de pluri-, d’inter- ou de transdisciplinarité devrait nous permettre de revenir sur les débats récurrents qui concernent le supposé conservatisme méthodologique de l’histoire de l’art. Cette dernière aurait-elle peur de retomber dans les filets des disciplines dominantes dont elle réussit à s’émanciper au prix d’efforts conséquents ? De fait, les « écarts » de l’historien de l’art semblent parfois être appréhendés comme remettant directement en cause l’identité et le sens même de la discipline. Les théories marxistes, féministes, post-structuralistes, post-colonnialistes, au cœur des Visual et des Cultural Studies nées aux Etats-Unis, ont-elles changé la manière de faire de l’histoire de l’art en France ? Si l’historien de l’art contemporain est amené à renouveler ses cadres pour appréhender avec pertinence l’art vivant, celui qui se penche sur les arts du passé peut-il se dispenser d’une mise à jour de sa méthodologie et d’une réflexion sur la temporalité de son interprétation ?

Deux axes principaux seront privilégiés lors de cette journée d’étude, qui devront permettre de brosser un panorama méthodologique de l’histoire de l’art et d’évaluer l’apport d’une « transgression jubilatoire des frontières entre les disciplines[2] ».

  • Axe historiographique

L’axe historiographique pourra permettre de retracer l’évolution de la discipline, entre la volonté de création et d’application d’outils propres – analyse formelle et stylistique, analyse iconographique, catalogue, etc. – et l’ouverture à des pratiques pluri-, inter- ou transdisciplinaires. Comment l’histoire de l’art s’est-elle ou non enrichie de telles pratiques ? Quelles disciplines théoriques ont contribué à la nourrir ? Existe-t-il des disparités ou des divergences internationales – notamment entre l’Amérique du Nord et l’Europe – concernant l’usage de méthodologies et d’outils conceptuels propres à d’autres disciplines au sein de l’histoire de l’art (Visual, Gender, Postcolonial, GreenArtStudies, géographie de l’art, etc.) ?

  • Axe méthodologique

Les résultats concrets d’une démarche pluri-, inter-, trans- ou indisciplinaire dans les recherches portant sur l’objet artistique pourront être exposés dans cette section. À partir d’études de cas, les enjeux soulevés par le décloisonnement des approches scientifiques pourront être posés. Quels sont les apports d’une telle démarche et quels outils sont à la disposition du chercheur pour la faciliter ? Quelles peuvent être les limites méthodologiques de cette pratique ouverte ? Par quels moyens les disciplines, lorsqu’elles ont été clairement identifiées et délimitées, peuvent-elles s’incorporer, et non s’ajouter les unes aux autres ? Enfin, la pluri-, l’inter-, la trans-, ou l’indisciplinarité sont-elles acceptées et/ou effectives dans le milieu académique ?

Modalités de participation 

Date limite d’envoi : 21 avril 2013.

Les propositions de communication, comportant un titre et un résumé de 500 mots maximum, sont à adresser au format PDF et Word, accompagnées d’un CV, à l’adresse suivante :  seminairedoctoralcommun@gmail.com

Les postulants seront avisés de la sélection de leur proposition avant la fin du mois d’avril 2013. Les communications seront de 20 minutes. Une publication en ligne des actes issus de cette journée est envisagée.

Comité d’organisation : Mathilde Assier (Paris IV), Sibylle Le Vot (Paris 1), Laure Poupard (Paris IV), Natacha Richer (Paris IV), Caroline Roche (Paris 1).

Télécharger l’appel

 

[1] La notion introduite par William J. Thomas Mitchell et développée par Laurent Dubreuil a récemment été remise à l’honneur dans l’ouvrage de Viviane Huys et Denis Vernant, L’Indisciplinaire de l’Art, Paris, Puf, 2012.

[2] Basarab Nicolescu, La Transdisciplinarité, Manifeste, Paris, Éditions du Rocher, 1996, p. 7.

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