Appel à communications : « Décrire l’estampe. Discours et usages littéraires autour de la gravure en France et en Europe (XVIe-XVIIIe siècles) » (Paris, 17-18 novembre 2022)

Appel à communications : « Décrire l’estampe. Discours et usages littéraires autour de la gravure en France et en Europe (XVIe-XVIIIe siècles) » (Paris, 17-18 novembre 2022)

Colloque transdisciplinaire et international coorganisé par l’Institut de recherche sur la Renaissance, l’âge Classique et les Lumières (IRCL, UMR 5186, CNRS/Université Paul-Valéry de Montpellier) et le Centre André Chastel (UMR 8150, Sorbonne Université)

Le colloque aura lieu le jeudi 17 et le vendredi 18 novembre 2022 à l’Institut National d’Histoire de l’Art (salle Vasari)

Alors que la description de peintures, de sculptures ou de pièces d’architecture est un genre reconnu dans l’exercice rhétorique de l’ekphrasis, les caractéristiques et les enjeux de la description d’estampes sont encore peu étudiés. Traditionnellement placée tout en bas de la hiérarchie des arts, la gravure est pourtant, comme ces autres media artistiques, un art du muet qui peut être verbalisé et décrit pour lui-même. Contrairement à la peinture, en effet, la gravure, en tant qu’image le plus souvent en noir et blanc, fondée sur un langage linéaire, dialogue par nature avec le texte imprimé lui-même : objets concrets, multiples et reproductibles, textes et estampes sont des alter ego, faits d’encre et de papier qui circulent et se manipulent de la même manière.

Ce colloque se concentrera sur un aspect spécifique du rapport texte/image, à savoir la mise en discours de l’image imprimée à l’époque moderne, tant dans les textes littéraires que dans les pratiques sociales. Il s’agira ainsi de renverser le rapport habituellement induit par les relations d’illustration pour s’intéresser à la spécificité des descriptions d’estampes, qui ne sont ni des légendes, ni des dédicaces, ni des extraits des textes illustrés. On s’intéressera donc à l’action de décrire une gravure (qui ne consiste ni à l’indexer, ni à l’adresser, ni à la sourcer) pour mettre en valeur les caractéristiques intrinsèques de ce medium.

Les communications pourront s’inscrire dans l’une des quatre thématiques suivantes :

1)  Les ekphraseis de gravures dans les œuvres littéraires. Les communications porteront, non pas sur la présence de gravures illustrant le texte, mais sur des textes décrivant des gravures, que ce soient des ekphraseis in absentia ou in praesentia. On questionnera le geste d’autonomisation du texte qui naît de l’estampe, ainsi que les stratégies permettant de créer un matériau nouveau qui se détache de l’image gravée pour recréer une image verbale différente. Quelle redondance, quelle complémentarité ces dispositifs génèrent-ils ? On s’intéressera particulièrement aux ekphraseis où le « descripteur » insiste sur les qualités techniques de la gravure, surtout s’il s’agit d’une gravure interprétant une œuvre réalisée dans un autre medium.

2) Les descriptions de gravures dans les catalogues raisonnés et la littérature artistique. Les communications pourront aborder les spécificités de ces descriptions à usage pratique, qui paraissent dans des publications destinées aux clients des marchands d’estampes, aux amateurs et aux connaisseurs, ainsi qu’aux artistes et aux professionnels du marché de l’art. Comment ce type de description particulier, à vocation utilitaire, se codifie-t-il à l’époque moderne et avec quels enjeux ? Quelles stratégies sont employées pour formater, classer et hiérarchiser ces descriptions d’estampes ? Comment font-elles éventuellement système au sein de l’ouvrage dans lequel elles sont incluses ?

3) Les pratiques sociales de description, d’analyse et de commentaire des estampes. Les études porteront sur les descriptions de gravures présentes dans les correspondances des amateurs, des collectionneurs, des marchands, des éditeurs et des graveurs, ainsi que dans leurs écrits du for privé, autrement dit dans des sources essentiellement manuscrites et destinées à un public restreint. Les propositions de communication s’intéressant aux pratiques de sociabilité liées aux estampes (telles que, par exemple, les dons et échanges générant des descriptions) sont également encouragées.

4) La « lettre » littéraire des estampes, autrement dit le texte versifié ou prosaïque composé par des écrivains ou des amateurs spécialement pour être placé sous, dans ou en regard de gravures en feuilles, de suites ou de recueils d’estampes. On s’interrogera sur la nature de ces « lettres » et sur les qualités qui permettent de les penser comme des objets littéraires. Les participants sont notamment invités à s’interroger sur le statut de ces textes vis-à-vis des images auxquelles ils sont subordonnés. La hiérarchisation de l’image et du discours littéraire, la nécessité de la « lettre », son caractère mobile ou suppressible sont autant de thématiques qui pourront être abordées. Les communications portant sur les conditions de production et de commande des « lettres » littéraires sont également les bienvenues.

Les propositions de communication doivent être envoyées aux deux organisateurs, Nastasia Gallian et Léo Stambul, à l’adresse suivante : decrirelestampe2022@gmail.com avant le 20 mars 2022 inclus. Elles présenteront le sujet de l’intervention en 500 mots maximum et seront accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique (300 mots maximum). Le colloque se tiendra en français et en anglais.

Comité scientifique

Rachel Darmon, MCF, Littérature française du XVIe siècle (Université Paul Valéry de Montpellier)

Nastasia Gallian, MCF, Histoire de l’Art des Temps modernes (Sorbonne Université)

Marianne Grivel, PR, Histoire de l’estampe et de la photographie (Sorbonne Université)

Catherine Pascal, MCF, Littérature française du XVIIe siècle (Université Paul Valéry de Montpellier)

Chloé Perrot, Conservateur des bibliothèques (BNF, Dpt des Estampes et de la Photographie)

Léo Stambul, MCF, Littérature française du XVIIe siècle (Université Paul Valéry de Montpellier)

Trung Tran, MCF, Littérature française et arts des XVIe et XVIIe siècles (Université de Toulouse Jean Jaurès)

Orientations bibliographiques

  • Bonfait Olivier (dir.), La description de l’œuvre d’art : du modèle classique aux variations contemporaines [actes du colloque de la Villa Médicis, 13-15 juin 2001], Rome, Académie de France à Rome ; Paris, Somogy, 2004.
  • Grivel Marianne et Lurin Emmanuel (dir.), La lettre de l’estampe : les formes de l’écrit et ses fonctions dans la gravure européenne au XVIe siècle [actes du colloque de Paris, Centre André Chastel, 17-18 novembre 2016], Bruxelles, Peter Lang, 2021.
  • Hamon Philippe, Du descriptif, Paris, Hachette, 2008 [1993].
  • Johnson McAllister, Versified Prints : A Literary and Cultural Phenomenon in Eighteenth-Century France, Toronto, University of Toronto Press, 2012.
  • Louvel, Liliane, Poetics of the Iconotext, Farnham (England), Ashgate, 2011.
  • Recht Roland (dir.), Le texte de l’œuvre d’art : la description, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg ; Colmar, Musée d’Unterlinden, 1998.
  • Reynaud Denis, « Pour une théorie de la description au 18e siècle », xviiie siècle, n°22, 1990, p. 347-366.
  • Romanigno Roberto, Théorie(s) de l’ecphrasis entre Antiquité et première modernité, Paris, Classiques Garnier, 2019.
  • Sanciaud-Azanza Anne, « Le texte au service de l’image dans l’estampe volante du XVIIIesiècle », Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 2000, n° 158-1, p. 129-150.
  • Spica Anne-Élisabeth, Savoir peindre en littérature. La description dans le roman au XVIIe siècle : Georges et Madeleine de Scudéry, Paris, H. Champion, 2002.
  • Wagner Peter (dir.), Icons – Texts – Iconotexts : Essays on Ekphrasis and Intermediality [actes du colloque d’Eichstätt, Katholische Universität, mai 1993], Berlin, New York, De Gruyter, 1996.

Leave a Reply