Appel à contribution : « Diffuser la sculpture » (Revue Sculptures, 6-2019)
Diffuser la sculpture, c’est la rendre accessible au plus grand nombre par le biais du multiple mais aussi de l’image, qu’elle soit photographique, numérique, télévisuelle ou cinématographique. Dans ce prochain numéro de la sculpture Sculptures, nous invitons les auteurs à réfléchir à cette problématique de l’accessibilité de la sculpture, et plus encore à celle d’intermédialité (liens entre médiums et médias) et d’intermatérialité (les modes des transferts de différents matériaux dans les médias artistiques).
Le procédé de la fonderie d’art, par exemple, conduit à la démultiplication d’un modèle original, avec la possibilité de le réduire ou de l’agrandir. Le multiple pose un grand nombre d’interrogations : l’original existe-t-il en sculpture ? Le multiple est-il une forme de simulacre ? Que dire des produits dérivés de la sculpture, comme les résines mises en vente dans les boutiques de musée et vendues sur Internet ? Que dire encore des pratiques permises et inspirées par la technologie de l’impression 3D ?
Ces questions ont toute leur importance dans notre société contemporaine. Elles sont en germe depuis le XIXe siècle, qui voit le développement des fondeurs et des marchands, à l’instar de la maison Barbedienne à laquelle Florence Rionnet a consacré une étude de référence. Quel rôle jouent-ils dans la diffusion de la sculpture, dans sa marchandisation ? Quels artistes, animés de quelles intentions, ont en priorité fait appel à ces techniques qui ont donné naissance à ce que l’on appelle la sculpture d’édition ? Comment le marché de l’art permet-il de diffuser ces éditions auprès de collectionneurs ou d’institutions ? Comment ces éditions impactent-elles l’image, la carrière, de l’artiste producteur ?
Les expositions universelles, les salons, les galeristes, les éditeurs ont joué un rôle majeur dans la diffusion de la sculpture en permettant aux artistes de s’exposer au public, d’être commentés par la critique d’art, de conquérir une visibilité médiatique. Comment médiums et médias parviennent-ils à cohabiter ?
La diffusion porte aussi sur l’image de l’œuvre ou de l’objet. La photographie, par exemple, est-elle un vecteur de vulgarisation possible de l’art ? Que peut-elle transmettre, donner à voir, d’une œuvre en trois dimensions ? Doit-on craindre une perte de l’aura dans le processus de reproduction de masse, comme le soutenait Walter Benjamin dans L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique (1936) ? La mise en ligne de millions d’images sur le web modifie-t-elle notre regard sur la sculpture ?
Cette problématique contient également un versant esthétique. Peut-on parler d’une diffusion de styles, d’une transmission comme par exemple dans le cas des bijoux d’artistes, un thème qui a donné lieu à plusieurs expositions d’ampleur ces dernières années ?
Partant ou non de ces interrogations comme pistes d’investigation possibles, historiens de l’art, anthropologues, sociologues et encore philosophes sont invités à présenter des questions historiographiques, des études de cas ou des problématiques particulières. Les propositions, un résumé de 3 000 signes et une courte présentation de l’auteur sont à adresser avant le 31 octobre 2018 à clairemaingon@hotmail.com et renaud.bouchet@univ-lemans.fr. À la suite de l’expertise des propositions, les auteurs seront contactés rapidement. Les articles définitifs, de 30 000 signes maximum (bibliographie incluse dans les notes de bas de page) seront à remettre le 1er avril 2019.
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