Appel à contribution : « L’histoire des migrations dans les musées : entre mémoire et politique »

Si l’histoire des migrations est au cœur de musées établis dans les pays du ‘Nouveau Monde’, refaçonnés par la colonisation et l’impérialisme, elle est un enjeu majeur dans les pays Européens, la controverse entourant l’ouverture de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration à Paris en étant un exemple éclatant. Il s’agira d’étudier les musées s’attachant, tout ou en partie, à l’histoire des migrations : internes à un pays, émigrations et immigrations. Les musées sont des ‘lieux de mémoire’ par excellence mais aussi des lieux d’échange, de contact, en un mot de médiation entre divers groupes sociaux, mais aussi des lieux de contestation ou de riposte.

Les communications pourront porter sur les questions suivantes, mais n’y sont pas limitées :

- Les musées et leurs paysages social, économique, politique et culturel.

Les musées sont à la croisée de divers chemins avec des trajectoires et des balisages parfois peu compatibles ; ils doivent associer les orientations privilégiées par les structures dont ils dépendent, celles des groupes qui contrôlent leur financement, celles de leurs visiteurs / consommateurs potentiels, celles de leur(s) conservateur(s) ainsi que celles des politiques culturelles dont ils peuvent résulter. Ils sont donc le nœud d’enjeux commerciaux, politiques, idéologiques, souvent sources de compromis et contradictions.

- L’histoire des migrations dans les musées et constructions identitaires.

Des modèles implicites liés à l’identité nationale sous-tendent souvent les récits de migrations élaborés dans ces musées ; par exemple ceux fondés sur les notions d’hybridité, et d’identité transitoire, donc potentiellement redéfinissable et modulable ou ceux s’appuyant sur des notions de pérennité et persistance et par conséquent d’identité stable et peu changeante. Comment les musées – locaux, régionaux ou nationaux – incorporent-ils les récits souvent trans-nationaux que sont les récits de migrations dans ces paradigmes ? Inversement quel impact ont ces phénomènes liés à la mondialisation sur ces représentations ?

- L’influence de politiques et discours dominants sur ces représentations.

Quelles sont les réponses de ces institutions, où se construit une mémoire publique, aux initiatives et discours changeants de différents gouvernements, par exemple diversité culturelle, intégration, assimilation, cohésion sociale, ou encore multiculturalisme ? Ces institutions – nationales, régionales ou locales – au travers de leur traitement des migrations prônent-elles la cohésion et l’inclusion sociales ? Se font-elles l’écho d’histoires ‘alternatives’, de débats actuels et de voix minoritaires ? Une autre perspective pourra concerner les constructions culturelles des pays d’accueil, célébrant souvent leur ouverture et leur(s) politique(s) d’immigration sur la longue durée.

- Les choix muséographiques opérés pour raconter ces histoires.

Quelles techniques narratives sont utilisées pour rendre compte de ces itinéraires (recours à des métaphores évoquant la libération, la célébration du bénéfice, des apports de cultures et savoir-faire différents, la re-naissance ou encore l’obstacle, la résistance et le rejet) ? Quelle place est faite au voyage dans ces narrations ? Un équilibre est-il atteint entre le témoignage individuel et la présentation de vagues migratoires mises en contexte ? Dans quelle mesure les communautés locales sont-elles impliquées ou consultées au cours de l’élaboration d’une exposition ? Une périodisation est-elle mise en lumière ; si tel est le cas de quel type ? Quelle est la place donnée aux objets et comment sont-ils utilisés : sélection, mise en scène, iconographie de la migration ou bien absence d’objets ?

- Histoire des migrations et musées en tant qu’espaces mémoriels :

Le processus de mémorialisation est inhérent aux activités des musées d’histoire et de société au travers du travail de collection, conservation et transmission d’un patrimoine collectif. Comment s’interprète le ‘devoir de mémoire’ ? Comment se décline le lien entre patrimoine matériel et immatériel ? Comment sont intégrées les fonctions mémorielles de ces musées : hagiographie, martyrologue, deuil du passé, non-dits, emphases menant parfois à des questions et des litiges ?

Nous attendons des communications émanant d’un large éventail de participants : conservateurs et chercheurs (historiens, géographes, muséologues, sociologues, anthropologues, spécialistes d’études culturelles) et espérons que les sessions auront un caractère international menant à des comparaisons fructueuses. Nous envisageons de publier un volume d’essais rassemblant une partie des interventions.

Langage : la langue de prédilection sera l’Anglais mais des communications en Français seront aussi acceptées si elles sont accompagnées de résumés exhaustifs en Anglais afin d’aider les participants ayant des difficultés avec les présentations orales.

Si vous souhaitez nous envoyer une proposition, merci de nous adresser un résumé d’environ 500 mots pour une communication de 20 minutes, accompagné d’une brève note biographique (50 mots) à l’adresse suivante : Laurence.GOURIEVIDIS@univ-bpclermont.fr La date limite pour vos propositions est le 2 mai 2011.

URL de référence : http://www.univ-bpclermont.fr/LABOS/ehic/spip.php?article41

Leave a Reply