Appel à contribution : L’historiographie française de l’art, de l’affaire Dreyfus à la Quatrième République : nouvelles perspectives

Le colloque s’organisera autour de deux axes principaux :

1) Les historiens de l’art : activités, profils, réseaux. Durant cette période, la figure de l’historien de l’art présente une grande variété de profils socio-professionnels : conservateurs de musée et professeurs des universités sont majoritaires, d’autant que certains d’entre eux cumulent ces deux fonctions ou les occupent successivement, à l’instar de Charles Diehl ou d’Henry Lemonnier. Toutefois, artistes, collectionneurs – Stanislas Lami et Etienne Moreau-Nélaton émargeant dans ces deux catégories, bibliothécaires (Jean Laran), hauts fonctionnaires (Armand Dayot), hommes politiquement engagés (Louis Dimier mais aussi Jean Locquin et Ferdinand Engerand), médecins ou philosophes (Elie Faure et Gabriel Séailles) ou encore critiques d’art comme Charles Saunier, s’engagent dans l’écriture de l’histoire de l’art et tirent de leur double activité des bénéfices particuliers et des schémas de pensée spécifiques, dont nous aimerions que le colloque se fasse l’écho. De même, il conviendrait de s’interroger sur la place des femmes dans l’histoire de la discipline. Contrairement à l’Italie et à l’Angleterre, peu d’historiennes de l’art françaises sont repérables en dehors de quelques professionnelles des musées comme Agnès Humbert, Denise Jalabert et Marie-Louise Bataille, et des épouses et collaboratrices d’hommes restés célèbres, à l’instar de Gabrielle Rosenthal et Galienne Francastel.

2) La diversification méthodologique. Les grands courants de pensée qui ont animé l’histoire de l’art germanophone puis, à partir des années trente – nombre de ses écrivains étant en exil en Grande-Bretagne et aux États-Unis – l’histoire de l’art anglo-saxonne, sont désormais relativement connus. Mais que sait-on de la complexité et de la diversité des discours d’un formalisme à la manière de Focillon, en regard de celui de Sedlmayr par exemple ? Existe-t-il une étude comparant l’iconographie chrétienne d’un Emile Mâle à celles développées par d’autres à la même époque ? On sait que Burckhardt et Müntz eurent pour ambition, à la fin du XIXe siècle, d’écrire une histoire de l’art comme histoire de la civilisation ; or la période suivante est celle des premières tentatives (Léon Rosenthal et Jacques Mesnil) d’écrire une histoire « sociale » de l’art qui ne serait pas d’inspiration marxiste : les travaux menés sur l’un ou l’autre de ces penseurs seraient utilement mis à profit pour interroger, dans le champ français, la pluralité et la confrontation des approches. Si les individus incarnent parfois des méthodes, les « notions » témoignent généralement des intérêts d’une époque pour certains aspects de l’art : que revêt par exemple, dans la littérature artistique de l’entre-deux-guerres, la notion de style (devenue centrale à la discipline depuis Les principes fondamentaux de l’histoire de l’art de Wölfflin, publiés en allemand en 1915) ?   Enfin, on pourra s’interroger sur les conséquences de l’abandon progressif  de l’esthétique    normative ou de l’intérêt  croissant pour l’art des  sociétés dites  « primitives » : quels croisements entre l’histoire de l’art et les disciplines connexes, telle l’ethnographie ?

Organisé par Anne Lafont (INHA), Neil McWilliam (Duke University), Eric Michaud (EHESS), Michela Passini (INHA).

Contact :  Anne Lafont (anne.lafont@inha.fr) et Michela Passini (michela.passini@inha.fr)

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