Journée d’étude de la revue Marges : « L’art avec (ou sans) le marché de l’art » (24 février 2018, Paris, INHA)
Le marché de l’art a connu une croissance extrêmement forte ces dernières décennies, au point de douter de tout retournement de tendance. Le secteur de l’art contemporain est au coeur de ce phénomène et il semble particulièrement nourrir les appétits d’investisseurs pour qui la valeur de l’art échapperait par nature aux fluctuations ordinaires de l’économie. Bien entendu, il est difficile de croire que de telles valeurs soient dotées de propriétés magiques : si le marché de l’art s’envole, ce n’est pas pour des raisons purement artistiques mais plutôt à cause d’un ensemble de facteurs, au premier rang desquels la spéculation économique. Parce que l’argent possède une place centrale dans l’imaginaire collectif, la question se pose de savoir s’il est encore possible de parler d’art sans mentionner les sommes importantes qu’il requiert. Comment s’articule la relation entre la cote marchande d’un artiste et sa valeur esthétique ? Il est difficile en effet de croire que l’évolution récente du marché de l’art soit sans conséquences sur les positionnements au sein d’un champ de l’art où les inégalités de revenus et de positions sont aussi importantes. Cela amène inévitablement à se demander si la valeur (esthétique) d’un artiste est réductible à sa cote sur le marché.
Le développement hyperbolique du marché de l’art contemporain a des conséquences sur les postures et les pratiques de la plupart des acteurs du champ, à commencer par les artistes eux-mêmes. Autrefois, nombre d’entre eux professaient de mépriser le commerce de l’art ; c’était même l’une des ritournelles bien connues de la Bohème. Ces dernières années, la situation a semble-t-il changé : bien qu’il y ait toujours autant d’artistes dépourvus de ressources, certains d’entre eux choisissent de mettre en scène leur train de vie et leur bonne fortune. Cette posture n’est pas sans écho dans l’histoire ancienne de l’art, mais elle tranche largement avec l’éthos puritain de la modernité. De fait, le succès commercial n’est plus vu comme un gage de médiocrité et/ou de trahison, notamment par les critiques, conservateurs, commissaires et historiens de l’art. À titre d’exemple, les dossiers de presse des galeries ont acquis une valeur qui dépasse la simple information et chacun s’empresse de relayer leur contenu. Certaines de ces galeries occupent une position dominante, à égalité avec les principales institutions artistiques, dans la programmation des grands événements (foires, expositions rétrospectives).
Que faut-il en penser : le marché est-il réellement devenu le prescripteur principal des valeurs artistiques ? Sommes-nous arrivés à une situation où il devient impensable de s’opposer à un système dont tout le monde ne bénéficie pas mais qui continue d’exercer un attrait important sur les artistes – et jusque sur l’économie néo-libérale qui valorise fortement les valeurs liées au monde de l’art ? Le marché détermine-t-il l’évolution des productions artistiques, comment et par quels relais ?
Axes de réflexion possibles :
- Les effets de la croissance du marché de l’art sur les pratiques artistiques ;
- La relation entre le marché, la programmation des institutions et l’élaboration des textes critiques… ;
- L’évolution du marché de l’art au cours des dernières décennies, sa condition contemporaine ;
- Les différents secteurs du marché de l’art, leur création et évolution récente ;
- Les pratiques (d’artistes, de théoriciens, de critiques ou d’activistes) qui cherchent à créer des alternatives au marché de l’art ;
- Les relations économiques au sein du monde de l’art ;
- La question de la pression exercée par l’argent et la quête de visibilité dans l’enseignement supérieur en art ;
- Les questions économiques comme sujet de création artistique.
Modalités :
Cet appel à contribution a pour finalité une journée d’étude et une publication au sein d’un numéro thématique de Marges. Les propositions devront nous parvenir sous forme d’une problématique résumée (5000 signes maximum, espaces compris) avant le 1er décembre 2017, par courriel à jerome.glicenstein@univ-paris8.fr.
Les textes sélectionnés (en double aveugle) feront l’objet d’une journée d’études qui aura lieu le 24 février 2018 à Paris, à l’INHA. Pour ceux qui auront été retenus, le texte des interventions sera à transmettre avant le 15 février 2018 (40 000 signes espaces compris). Les textes seront susceptibles d’être publiés dans le numéro 28 de Marges qui paraîtra en mars 2019.
La revue Marges (Presses Universitaires de Vincennes) fait prioritairement appel aux jeunes chercheurs des disciplines susceptibles d’être concernées par les domaines suivants : esthétique, arts plastiques, études théâtrales ou cinématographiques, musicologie, sociologie, histoire de l’art…
Sites web :
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