Appel à contribution : l’art du diorama (1700-2000)

Revue Culture & Musées: Appel à proposition d’article pour un numéro thématique
L’art du diorama (1700-2000)
Sous la direction de Noémie Etienne et Nadia Radwan (Université de Berne)

date limite d’envoi : 30 juin 2017

Entendu comme un dispositif d’exposition multidimensionnel et multimédia, le diorama est à la frontière de différentes disciplines et catégories d’institutions muséales. Ce dispositif intéresse les anthropologues, les sémiologues, les géographes, mais aussi les chercheurs en histoire naturelle, les préhistoriens, les historiens et historiens d’art. Il interroge également les artistes contemporains, comme le montre la persistance de ce que l’on peut appeler une esthétique du diorama chez des artistes tels que Marcel Duchamp, Edward Kienholz, Marc Dion, ou Thomas Hirschorn. Les dioramas ont été étudiés comme précurseurs du cinéma (Griffiths, 2002), ou comme dispositifs singuliers dans les domaines des sciences naturelles et de l’anthropologie (Rader, Cain, 2014). Les études postcoloniales, dans le sillage de l’article de Donna Haraway, ont porté un regard critique sur ces installations (Haraway, 1984 ; Mitchell, 1988 ; Çelik, 1992). Pourtant, ces études n’ont considéré que les exemples réalisés en Europe et aux États-Unis, tandis que ces dispositifs sont largement répandus en Amérique latine, en Asie ou au Moyen Orient.
Vingt ans après le numéro consacré aux dioramas par la revue Public & Musées sous la direction de Bernard Schiele (1996) qui questionnait le statut du diorama en muséologie, il importe de réinterroger ces installations. Ce numéro propose de remettre le diorama au centre d’une étude des institutions muséales, en insistant d’une part, sur la matérialité de ces dispositifs (Bennett, Joyce, 2010), et, d’autre part, sur l’identité de ceux qui les fabriquent. Il examinera également les questions liées à l’opérativité symbolique et sociale des dioramas et à leur réception par les publics. Enfin, l’authenticité des espaces ainsi créés sera au cœur des interrogations. Cette question est d’autant plus urgente que de nombreux musées discutent aujourd’hui de la conservation de ces dispositifs qui appartiennent à l’histoire des musées, mais aussi à son futur.
L’objectif de ce numéro est de réunir une série de recherches sur les dioramas entendus comme dispositifs muséographiques singuliers en allant de leur conception à leur réception par différentes catégories de publics. Trois entrées sont proposées :
Sémiotique et Matérialité
Les dioramas donnent une place aux fragments en les organisant dans un système et requalifient la culture matérielle (Kirschenblatt, 1998). Peut-on avec profit les aborder comme des assemblages (Bennett, 2010), des agencements (Bennett et alii, 2017), ou encore, pour reprendre un terme de l’art contemporain, des installations ? Nous nous intéresserons ici aux caractéristiques formelles de ces dispositifs : peut-on établir une grammaire des dioramas ? Quels en seraient les éléments, vu l’hétérogénéité des matériaux (cire, plâtre, bois), des médiums (peinture, sculpture, taxidermie), mais aussi des registres (réalistes, poétiques, etc.)? Enfin, comment les différentes échelles (maquette, mini-diorama, taille réelle, dispositifs monumentaux) déterminent-elles l’usage et la pratique des dioramas ?
Acteurs
On accordera une attention soutenue aux acteurs de ces dispositifs – qu’ils soient artistes, scientifiques, artisans, identifiés ou non. La carrière des sculpteurs, peintres, taxidermistes, photographes, décorateurs ou anthropologues, leur statut en tant que praticiens à la croisée de diverses disciplines, le rôle qu’ils ont joué dans la définition de leur pratique ainsi que les enjeux de la conception des dioramas, retiendront notre attention. En dehors des trajectoires individuelles et collectives, il sera possible d’examiner les réseaux transnationaux par lesquels s’effectue la transmission de savoirs à la croisée des approches scientifiques et artistiques : de plus, du point de vue d’une histoire sociale des métiers, on mettra en évidence les négociations et redéfinitions des identités professionnelles que ces projets collectifs et interdisciplinaires engendrent.
Réceptions
Les dioramas sont des lieux privilégiés de transmission, mais aussi d’élaboration – et parfois de contestation – des discours scientifiques et historiques, en marge d’autres espaces de production des savoirs (foires, université, livre, etc.). Quel est l’impact des dioramas sur les publics et comment saisir la réception de cette forme dans divers musées à une échelle globale ? Réciproquement, quelle est la portée des publics sur la transformation de ces dispositifs ? Les dioramas ont aussi une dimension esthétique, qui semble avoir inspiré de nombreux artistes. On s’interrogera enfin sur les récits ou encore les images que suscitent ces installations, pour questionner leur portée sensorielle et cognitive sur les imaginaires.
Références :
Bennett Jane. 2010. Vibrant Matter. A Political Ecology of Things, Durham et Londres : Duke University Press.
Bennett Tony, Patrick Joyce. 2010. Material Powers. Cultural Studies, History, and the Material Turn, Londres : Routledge.
Bennett Tony, Fiona Cameron, Nélia Dias, et alii. 2017. Collecting, Ordering, Governing. Anthropology, Museums, and Liberal Government. Durham et Londres. Duke University Press.
Çelik, Zeynep. 1992. Displaying the Orient: Architecture of Islam at Nineteenth-century World’s Fairs. Berkeley : University of California Press.
Griffiths, Alison. 2002. Wondrous Difference : Cinema, Anthropology & Turn-of-the-century Visual Culture, New York: Columbia University Press.
Haraway, Donna. 1984-85. « Teddy Bear Patriarchy: Taxidermy in the Garden Even, 1908-1936 ». Social Text. No 11, Winter, p. 19-64.
Kirschenblatt-Gimblett, Barbara. 1998. Destination Culture : Tourism, Museums, and Heritage. Berkeley : University of California Press.
Mitchell, Timothy. 1988. Colonizing Egypt. Cambridge; New York : Cambridge University Press.
Rader, Karen ; Cain, Victoria E. M. 2014. Life on Display. Revolutionizing U.S. Museums of Science and Natural History in the Twentieth Century. Chicago et Londres : The University of Chicago Press.

Envoi des résumés :
Merci d’adresser vos propositions d’articles sous la forme de résumés (environ 5000 signes) par courriel avant le 30 juin 2017 à Noémie Etienne (noemie.etienne@ikg.unibe.ch), Nadia Radwan (nadia.radwan@ikg.unibe.ch) et Marie-Christine Bordeaux (mc.bordeaux@wanadoo.fr).
Les résumés comporteront :
– un titre
– 5 références bibliographiques
– les noms, adresse électronique, qualité et rattachement
institutionnel (Université, laboratoire) de leur auteur.e.
Calendrier :
Fin juin 2017 : réception des propositions (résumés)
Début juillet 2017 : réponse aux auteurs et commande des textes aux
auteurs retenus
Fin octobre 2017 : réception des textes
Janvier 2018 : réponses définitives aux auteurs et propositions
éventuelles de modifications
Avril 2018 : réception des textes modifiés et navettes éditoriales
Décembre 2018 : publication

Contact :
Noémie Etienne
noemie.etienne@ikg.unibe.ch
Université de Berne
Institut für Kunstgeschichte
Hodlerstrasse 8, CH-3011 Bern

La revue Culture & Musées
Culture & Musées est une revue scientifique transdisciplinaire à comité
de lecture. Ses publications sont orientées vers des travaux de
recherche inédits sur les publics, les institutions et les médiations
de la culture. Depuis 2010, elle possède une dimension internationale
car elle est indexée à l’INIST et sur les bases Arts and Humanities
Citation Index (Thomson Reuters). Les contributions, regroupées autour
d’un thème, font de chaque livraison un ouvrage collectif chargé
d’approfondir un thème ou une question. La revue est co-éditée par
l’Université d’Avignon et les éditions Actes Sud.

Directeurs de la rédaction
Frédéric Gimello-Mesplomb, directeur de publication, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse
Eric Triquet, directeur adjoint de publication, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse
Yves Winkin, directeur de rédaction, Musée des arts et métiers, CNAM
Marie-Christine Bordeaux, directrice de rédaction, Université Grenoble Alpes

Source :https://arthist.net/archive/15325

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