Appel à contribution : n°80 de la revue Histoire de l’art : L’art et la fabrique de l’Histoire

Appel à  contribution : L’art et la fabrique de l’Histoire (n° 80 de la revue Histoire de l’art)

800px-El_Tres_de_Mayo,_by_Francisco_de_Goya,_from_Prado_in_Google_EarthPour son 80e numéro, afin de poursuivre la réflexion sur le thème de « L’artiste historien » envisagé du point de vue interne à l’art, la revue Histoire de l’art souhaite aborder désormais la question de manière dialectique et plurielle : l’image face à l’Histoire, l’artiste acteur de l’Histoire, l’art et l’Histoire.

Le thème n’est évidemment pas nouveau, et il ne veut pas se limiter à la peinture d’histoire, mais questionner les différents processus par lesquels l’artiste ou une image rend compte de l’Histoire, parfois dans une intertextualité avec les textes, la fait comprendre, et même agit sur l’Histoire. Il s’inscrit dans un renouveau des problématiques, depuis l’exposition Face à l’histoire (Paris, 1996) qui interrogeait les regard portés par l’artiste sur les événements politiques du XXe siècle à travers différent médium à Imagining the Past in France (Los Angeles, 2010) qui s’intéressait aux processus d’élaboration d’un imaginaire visuel du passé profane au Moyen Age, en passant par les considérations sur l’agentivité de l’image (Gell, 1998, 2009, ; Bloch, Une nouvelle théorie de l’art, 1999) ou les réflexions sur la fonction performative de l’image dans la cité grecque (Hölscher, La vie des images grecques, 2015).
Un thème qui s’inscrit dans l’actualité scientifique récente, ,(« L’ir-responsabilité de l’artiste », colloque international tenu à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, à Paris, les 27-28 avril 2016), mais aussi dans le temps présent tout court aiguillonné par le retour d’une histoire syncopée, tragique et sans boussole.

Pour les périodes passées, multiples sont les pistes de recherche, depuis l’ordre végétal augustéen qui est aussi un ordre politique (Sauron) , jusqu’à certaines formulations stylistiques de la première architecture gothique et du gothique classique pouvant participer à l’affirmation du pouvoir capétien (Branner) comme refléter le mode de raisonnement scolastique (Panofsky/Bourdieu). C’est aussi le cas du développement des possibilités de représentation de la peinture comme éléments du progrès de la Renaissance (Baxandall). Avec le développement et la diversité des moyens de reproduction et la mise en place d’un état moderne, les stratégies de la gloire, et ses processus visuels ont été souvent étudiés (Burke 1992/1995), mais on s’est aussi attaché justement, depuis quelque temps, à la conflictualité des iconographies politiques (Ziegler, Louis XIV et ses ennemis, 2010/2013). A certains moments, de la démocratie grecque à la Révolution (Khole, Reichardt, Visualizing the Revolution, 2008), c’est le politique qui stimule une construction de l’histoire par l’image, à d’autres, comme à la Renaissance, c’est l’art qui élabore un lieu pour l’Histoire, comme avec l’invention de la perspective (Argan).

Dans le cas de l’époque contemporaine et du paradigme de l’autonomie de l’art, c’est l’opportunité même, pour l’artiste, de se faire historien ou non qui pourra être interrogée. L’aporie rencontrée par Courbet avec la défense de son Retour de la conférence par Proudhon (Pierre-Joseph Proudhon, Du principe de l’art et de son utilité sociale, 1865) marque, et pour longtemps, l’impossibilité pour l’artiste de se faire historien, malgré l’apparition de nouveaux mediums tels que la photographie et le cinéma. De Manet à l’expressionnisme abstrait américain tel que voulait le voir Clement Greenberg (par opposition à la lecture d’Harold Rosenberg), cette question de l’histoire et de son rejet fut la pierre angulaire d’une certaine idée de l’art moderne. Était jugé comme tel le seul art pour l’art résultant d’un travail d’autocritique Le traumatisme de la Première Guerre mondiale puis la montée des fascismes re-légitima en partie cette question de l’artiste aux prises avec l’histoire nourrissant le débat entre « contenutistes » et « formalistes » (Alfred Döblin, L’Art n’est pas libre, il agit, 1929). Mais ce n’est qu’après 1945 que cette opposition fut surmontée par l’œuvre ouverte d’un Pollock ou d’un Newman, celle où la pensée ne précède pas le geste (Junod, Transparence et opacité, 2004), lorsque la praxis (finalité interne à l’action) l’emporta sur la poïésis (finalité externe à l’action), que l’artiste moderne put de nouveau et sans danger se faire historien.

Thème trans-historique, « l’art et la fabrique de l’Histoire » devrait être l’occasion de réunir archéologues, historiens des images et historiens de l’art des quatre grandes périodes dans des articles qui peuvent être articulés autour de notions telles que :
– rendre compte de l’histoire ;
– construire l’histoire ;
– voire faire l’histoire (de manière performative ou non)
– incarner l’histoire ;
– histoire et genre.

Les jeunes chercheurs intéressés sont invités à envoyer un synopsis d’une page jusqu’au 25 septembre avec un titre et une présentation de l’auteur de 2-3 lignes à l’adresse mail suivante : revueredachistoiredelart@gmail.com.

Le numéro est coordonné par Olivier Bonfait, professeur d’Histoire de l’art moderne à l’université de Bourgogne (Dijon) par Pierre Sérié, maître de conférences en Histoire de l’art contemporain à l’université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand).

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