Pour son prochain numéro, esse souhaite sonder le phénomène de la rénovation que certaines pratiques artistiques abordent, et qui est aussi vécu en marge des activités artistiques par les artistes ou par les lieux de diffusion. Il appert d’abord que nombre d’œuvres se rattachent au champ de la rénovation par leurs usages comme tel de matériaux et d’outils, mais également en recourant à des dispositifs qui mettent l’accent sur le bâti, la construction, l’élaboration de chantiers ou la mise en chantier de processus. Dans cette perspective, nous sommes intéressés par des textes qui analysent des corpus d’œuvres où, sur le plan réel ou métaphorique, des opérations de (re)construction sont en cause et où il est question de rebâtir. Plusieurs questions se posent. D’abord, d’un point de vue historique, en quoi la rénovation se distingue-t-elle de la tabula rasa des avant-gardes artistiques ? Est-ce que, dans ces pratiques, se problématisent une relation au passé, le retour à un état précédent, la restauration d’une situation initiale ou si au contraire, voire simultanément, il se joue plutôt un désir de transformation et de renouvellement ? Les œuvres faisant appel à la rénovation
réactivent-elles les enjeux de l’intervention in situ dans des lieux marqués, chargés d’histoire et à vocation non artistique ? Poursuivent-elles encore ou autrement la remise en question de la conception de l’œuvre d’art comme objet fini ?
Par ailleurs, il importe de se demander si les artistes abordent la rénovation pour faire valoir le recyclage et la récupération ou s’ils se tournent plutôt du côté de la consommation à neuf, et de ses excès par la surconsommation. Il s’avère en effet qu’aborder le phénomène de la rénovation, c’est aussi considérer des pratiques artistiques qui interrogent la notion de productivité en pointant des situations économiques (croissance ou récession), des modes de vie et peut-être même aussi, dans une perspective critique, l’industrie de la rénovation, telle que moussée par des magazines et des émissions de téléréalité consacrés à la décoration intérieure. L’intérêt des artistes pour la rénovation pourra également faire appel à des questions propres à l’architecture, au design, voire à la rénovation urbaine.
Par cette thématique, nous ne pouvons enfin ignorer la place prise par la rénovation dans la vie de plusieurs artistes, habiles de leurs mains, qui en font un travail alimentaire ou un projet personnel pour améliorer leur milieu de vie. Cette une réalité qui frappe aussi les lieux de diffusion de l’art, confrontés à des déménagements ou obligés d’améliorer leurs espaces, en général à moindre frais. Cela est souvent révélateur de la précarité socioéconomique de ces acteurs du milieu de l’art face à l’appétit des promoteurs immobiliers qui anticipent des gains faramineux pour des projets dans des quartiers rendus intéressants par la présence des artistes. Ces situations, bien
tangibles, vécues par les lieux de diffusions et les praticiens, perfusent-elles les œuvres, ont-elles un effet observable sur la création ou engendrent-elles de nouvelles images de l’artiste ?
Nous invitons les auteurs intéressés par ces questions à nous soumettre des articles qui nous permettrons de réfléchir ce phénomène.
POLITIQUE ÉDITORIALE
Les textes proposés (de 1 000 à 2 000 mots maximum, notes incluses) peuvent être envoyés à redaction@esse.ca avant le 1 septembre 2013.
L’auteur est prié d’inclure une courte notice biographique (50-100 mots), un résumé du texte (80-100 mots), ainsi que son adresse postale et son courriel.
Les propositions non liées aux dossiers (critiques, essais et analyses sur différents sujets en art actuel) sont aussi les bienvenues (dates de tombée : 1er septembre, 10 janvier et 1er avril de chaque année).(La politique éditoriale complète peut être consultée en ligne à l’adresse
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Tous les textes sont soumis au comité de rédaction, qui se réserve le droit d’accepter ou de refuser un texte. Les critères de sélection sont basés sur la qualité de l’analyse et de la rédaction, la pertinence du texte dans le numéro en cours (la thématique), de la pertinence du corpus d’œuvres et d’artistes choisis. Un texte peut aussi être refusé en raison d’un trop grand nombre de proposition pour le numéro dans lequel il est soumis. Un délai de 6 semaines est requis pour la sélection des textes. La décision de refuser un texte est sans appel.
L’auteur(e) s’engage à soumettre un texte inédit et original. À moins d’une entente contraire, le comité ne retient pas les textes étant sources possibles de conflit d’intérêts entre l’auteur et le sujet couvert (par exemple, les textes d’artistes sur leur propre pratique, les écrits par les commissaires d’expositions ou desdits événements ou par la galerie d’un artiste).
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