Appel à publication : « L’art et la machine » (Figures de l’art, 2016)

Jean Tinguely, Requiem pour une feuille morte, 1967, ParisDepuis la fin du dix-neuvième siècle, les avancées techniques ont fasciné les hommes et les machines ont été un motif privilégié dans le champ artistique. Leurs formes, leurs matériaux ou leur fonctionnement ont été sources d’inspiration ; mais c’est surtout la relative autosuffisance des mécanismes, leur étonnante complétude qui ont été déclinées en une infinité de réalisations ‒ le traitement du sujet se trouvant rythmé par les transformations graduelles d’une technicité toujours plus sophistiquée. Ce colloque propose d’explorer la manière dont « l’individu technique » que constitue la machine (selon l’expression de Gilbert Simondon) a été examiné, exploité ou encore détourné dans le domaine de l’art, au fil du vingtième siècle.

Synonyme de progrès et de développement, la machine a été souvent magnifiée ; mais elle a  également été dénigrée comme facteur d’asservissement. Dans la première moitié du siècle, des cinéastes, tel Joris Ivens, sont par exemple fascinés par les rythmes inédits de la production industrielle, tandis que d’autres se montrent plus critiques. En 1912, une broyeuse de chocolat retient l’attention de Marcel Duchamp ; au Salon de la Locomotion aérienne – qu’il visite en compagnie de Francis Picabia et Fernand Léger – les avions et les hélices l’attirent. Le dadaïsme, le futurisme, le purisme, le vorticisme, la Nouvelle Objectivité, la Photographie Subjective … se sont emparés du motif.

Cependant, la machine se trouve abordée différemment selon les médiums, les lieux ou les moments. Ainsi les deux guerres ont elles manifestement travaillé à une prise de distance critique. C’est non sans ironie que, dans les années soixante, Andy Warhol déclare vouloir « être une machine ». Les sculptures de Tinguely, associant des mécanismes mis au rebut, sont en rupture avec le culte de la modernité. Sans doute, l’humour se trouve-t-il également convié par Jeff Koons lorsqu’il expose trois aspirateurs placés sous plexiglass. Les dispositifs conçus par Rebecca Horn font appel à la mécanique afin d’interroger les frontières ténues qui existent entre humanité et animalité. Les machines désaffectées qui subsistent dans les usines en ruine focalisent l’attention de nombreux photographes à la période post-industrielle. En 2014, McCarthy interpelle avec l’installation à la Monnaie de Paris de sa « Chocolate Factory », tandis que des machines imaginaires apparaissent sur la scène artistique des pays émergents. Les démarches artistiques, dans leur diversité même, ne peuvent être appréhendées sans prise en compte de l’histoire.

Au fil du vingtième siècle, la pratique de nombreux artistes a inclus l’apport croissant de machines diverses ‒ leurs projets et leurs gestes s’articulant aux mécanismes de ces dernières. Les appareils automatiques, de plus en plus présents dans le champ de l’art,  participent de l’évolution des représentations comme des perceptions. Ils amènent également à penser différemment l’acte de création.

Cinq axes seront privilégiés :

  • La célébration de la machine
  • Les représentations des relations entre l’homme et la machine
  • Les machines imaginaires
  • La machine délaissée, à l’ère post-industrielle
  • L’art appareillé

PROPOSITION D’ARTICLE

La proposition  doit comporter un titre, précisé par un texte de 300 mots environ. Elle doit être accompagnée d’un CV succinct indiquant le lieu d’activité et les trois dernières publications. À adresser à Danièle Méaux (daniele.meaux@wanadoo.fr) avant le 1er octobre 2015. Une réponse sera donnée à la mi-octobre 2015 au plus tard

L’article (30 000 signes maximum) sera précédé d’un petit résumé de 100 mots. Il sera adressé à Danièle Méaux avant le 31 décembre 2015Il sera alors soumis à deux ou trois membres du comité de lecture de Figures de l’artCelui-ci fera part de sa décision au plus vite.

Ce texte pourra être accompagné de quatre illustrations maximum, en 300 dpi, qui seront légendées et numérotées, placées dans un fichier à part. L’emplacement des illustrations sera indiqué en rouge dans le texte de cette manière : « Figure 1 : légende »). Ces images doivent être libres de droits.

Figures de l’art n° XXXII paraîtra fin 2016.

Responsable du numéro :
Danièle Méaux
Professeur en Esthétique et sciences de l’art
Université de Saint-Étienne
CIEREC – EA 3068

 

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