Appel à publication : « Représentations de l’architecture contemporaine »

Le laboratoire de recherche de l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille (LACTH/Laboratoire d’Architecture : Conception, Territoire, Histoire) publie annuellement les Cahiers thématiques. Le douzième numéro, dont la parution est prévue en octobre 2012 sera consacré à la question des « Représentations de l’architecture contemporaine ». Un appel à contributions est ouvert sur ce thème et les propositions résumées sont attendues pour le 15 janvier 2012.

Le laboratoire de recherche de l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille (LACTH/Laboratoire d’Architecture : Conception, Territoire, Histoire) publie annuellement les Cahiers thématiques. Le douzième numéro, dont la parution est prévue en octobre 2012 sera consacré à la question des Représentations de l’architecture contemporaine.

Dans une forme de continuité avec les n°2 (2002) et 8 (2008) des Cahiers thématiques consacrés respectivement à la réception et à l’événement, les échanges et recherches des membres de l’axe histoire du LACTH au cours de l’année universitaire 2010-2011, les contenus des séminaires de recherche archéologie du projet (Marie-Céline Masson & Eric Monin) et Histoire de l’architecture contemporaine (Richard Klein) à l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille ont été confrontés à la question des représentations de l’architecture et de leurs significations. Les travaux conduits autour de la réception (1), puis à propos de l’événement (2) ont déjà amorcé et quelquefois développé les questions et hypothèses liées aux représentations figurées, mentales ou littéraires des architectures contemporaines dont on trouve les traces également dans une des dernières livraisons de la revue Sociétés et représentations (3). Ces travaux mettent en évidence la nécessité pour l’historien de l’architecture contemporaine d’impliquer l’étude de la communication, l’analyse des représentations de toutes natures, de la diffusion iconographique dans la presse spécialisée ou non, dans les expositions, ainsi que l’étude des manifestations de l’opinion, (usagers, habitants, critiques, professionnels). Les textes et les images jouent manifestement un rôle de premier plan dans l’existence même des architectures mais également dans les pratiques de sa consécration ou de sa dépréciation, qu’elles soient professionnelles ou populaires.

Certains documents et certaines représentations, considérées par l’historiographie comme des « sources indirectes », révèlent parfois à celui qui veut bien les interroger, plus d’information que la « source directe » – l’édifice lui-même ou ses archives – sur la valeur, le sens, la portée et l’histoire des l’architectures étudiées. Ainsi les représentations au quotidien, la publicité, le cinéma, les médias en général, les revues d’entreprises et tous les supports sur lesquels l’architecture est figurée ou commentée peuvent non seulement devenir des documents historiques mais également être à l’origine de nouvelles interrogations épistémologiques sur les méthodes d’accès à la connaissance de l’architecture, des édifices et de leur histoire. Peuvent être concernées les représentations spécifiques produites lors d’événements (inaugurations, fêtes, visites, accidents, sinistres destructions, ventes) de phénomènes (patrimonialisation, exposition, déconsidération, critique, transformations) ou de moments singuliers (nuit, crépuscule, mouvement).

Les Maisons Votives de l’ancienne Égypte, les arcades en relief où se logent les personnages qui ornent les sarcophages romains, les châteaux fantastiques des enluminures qui illustrent les récits médiévaux, trouvent-ils des équivalents dans la représentation de l’architecture contemporaine ? En d’autres termes, l’architecture figurée s’est-elle immiscée aussi profondément dans les vies quotidiennes du XXe siècle que dans ces temps reculés ? Plus près de nous, les expositions universelles ont investi un espace de représentation colossal, en contaminant une variété incroyable de supports. Au cours de ces grandes manifestations internationales, l’architecture ne donne pas seulement forme à l’événement qu’elle accueille physiquement ; elle se fait l’icône d’une entreprise, d’un savoir faire, d’une nation quelle porte au devant de la scène comme en 1937 à Paris, où les pavillons Soviétiques et Allemands s’affrontent en vis-à-vis et par symboles interposés. Ces grands théâtres d’opérations médiatiques ont leurs décors qui font écho aux toiles peintes des fonds de scène des salles de spectacle et nous rappellent le rôle de l’architecture dans le monde du divertissement. Passée l’ère des dioramas puis des panoramas, le théâtre, le cinéma, la télévision puis les jeux vidéo racontent une architecture dont les qualités visuelles satisfont puis élargissent l’horizon d’attente des publics du XXe siècle.

C’est encore au moment des grandes expositions universelles que les rapports intimes qui s’établissent entre l’objet et l’architecture atteignent des sommets de sophistication. La relation entre un nom, une marque et un produit passe bien souvent par la représentation de la fabrique ou de la boutique où s’opère la transformation des matières premières. La toponymie s’affirme elle aussi, avec la mise en exergue des lieux qui prêtent souvent leur nom aux fabrications artisanales et aux produits du tourisme. Un corpus considérable s’empare alors de l’architecture dont l’image devient un gage de qualité, un motif publicitaire ou un souvenir (4). Les profonds bouleversements causés par l’omniprésence de l’image visuelle déjà signalés par Ernst Gombrich au début des années 1960 (5), s’appliquent évidemment à l’image de l’architecture. Re-présentée, l’architecture est re-produite avant d’être diffusée à grande échelle dans un mouvement de dispersion qui dépasse largement les ambitions des meilleures revues spécialisées.

La représentation de l’architecture et des paysages soulève de nombreuses questions que l’historien ne peut ignorer. Il est important d’interroger les différentes techniques et les mobiles qui transportent l’architecture et son site et les font voyager d’un support à l’autre tout autour du monde. L’étude du basculement qui s’opère de la réalité construite à sa (ses) forme(s) représentées apporte de précieux indices pour comprendre les envies, les fantasmes ou les aversions qui poussent les hommes à libérer l’architecture de sa pesanteur, en n’en saisissant qu’une image. Les portées économique, sociale, culturelle ou politique du geste méritent elles aussi d’être analysées. Quel sens prend l’architecture une fois réduite au format d’une boîte de bonbons ou d’un papier à en-tête, rangée dans un album de photographie de famille, montrée dans des manuels scolaires ou associée aux anneaux olympiques ? Que montre-t-on d’un édifice quand il s’agit d’immortaliser un événement ? Comment est figurée l’architecture contemporaine sur les supports du quotidien ordinaire, journaux, revues, prospectus ? Quels sont les édifices emblèmes qui ont générés une multiplicité de représentations ? Quels types de représentations sont à l’œuvre pour représenter les composants de l’architecture ? Quelles sont les variations dans le temps des représentations ? Quels sont les effets de ces représentations sur la considération dont jouit l’édifice ? Comment les représentations convoquent-elles d’autres domaines (arts plastiques, musiques, sciences) ?

ATTENDUS

Pour s’engager dans ce projet, il est important de constituer de nouveaux corpus et de regarder d’un œil curieux des phénomènes si communs qu’ils échappent trop souvent à l’historien. Il faut, à l’instigation de Francis Haskell et avec perspicacité, permettre à l’histoire de prendre forme en faisant qu’« une agréable suite d’images » (6) devienne enfin document. Il faut dénicher les pièces « auxquelles la malice et l’ignorance n’ont pu donner atteinte » (7) pour tenter de comprendre le sens des formes représentées, des expériences relatées, des qualités exprimées qui exaltent ou refoulent la singularité de l’architecture par des projections plus ou moins habilement dirigées.
Les approches nouvelles, l’étude des objets ouvrant des perspectives stimulantes et les corpus originaux seront privilégiés. Si l’ensemble de ces interrogations peuvent concerner plusieurs périodes ou types de programme, la période postérieure à la seconde guerre mondiale semble particulièrement appropriée aux études de cas. Les contributions proposées s’efforceront d’articuler les dimensions épistémologiques et historiques à propos d’objets d’étude : œuvres, projets, textes, pratiques. Afin d’ouvrir le plus largement possible et de développer la notion de représentation de l’architecture, différents champs disciplinaires (des arts aux sciences, en passant par la littérature, la photographie et le cinéma), pourront également être convoqués et/ou confrontés.

Notes

1) À ce sujet, Cahiers thématiques n°2, La réception de l’architecture, (Richard Klein & Philippe Louguet dir.), École d’architecture de Lille/Jean-Michel Place, Villeneuve d’Ascq/Paris, 2002. L’architecture : la réception immédiate et la réception différée, L’œuvre jugée, l’édifice habité, le monument célébré, (Gérard Monnier dir.), Publications de La Sorbonne, Paris 2006.
2) L’architecture et l’événement, Cahiers thématiques n°8, (Richard Klein & Eric Monin dir.), Ensap de Lille, Maison des Sciences de l’Homme, Paris, janvier 2009.
3) L’architecture et ses images, Sociétés et représentations n°30, (Evelyne Cohen & Gérard Monnier dir.), Publication de la Sorbonne, Paris 2010.
4) Bernard Lardière, « Représentations pour servir à autre chose », in L’architecture en représentation, Paris : Ministère de la Culture – Direction du Patrimoine – Inventaire général des monuments et des richesses de la France, 1985. p.194-198
5) Ernst Gombrich, L’art et l’illusion. Psychologie de la représentation picturale, Paris : Gallimard, 1971, p. 27. Traduit de l’anglais par Guy Durand, [1960].
6) Francis Haskell, L’historien et les images, Paris : Gallimard, 1995, p. 186-194
7) Francis Haskell, Ibid., p. 275.

DIRECTION SCIENTIFIQUE DE CE NUMERO

  • Richard Klein, architecte dplg, docteur en histoire HdR, Professeur à l’ENSAPL, chercheur au Lacth, responsable de l’axe histoire.
  • Eric Monin, architecte DPLG, docteur en sciences de l’ingénieur, Maître assistant à l’ENSAPL ; chercheur au LACTH (axe histoire)

COMITE SCIENTIFIQUE

Pierre Lebrun, architecte, docteur en histoire de l’art (LACTH), Gilles Maury, architecte, docteur en histoire de l’art, Maître assistant associé (LACTH, ENSAPL) Gérard Monnier, professeur émérite, Paris I La Sorbonne (LACTH), Nathalie Simonnot docteur en histoire de l’art, ingénieur de recherche, (ENSAV, LéaV), Armelle Varcin, Paysagiste dplg, Maître assistante (LACTH, ENSAPL) Florence Wierre, docteur en histoire de l’art (LACTH).

CALENDRIER

  • Octobre 2011 : Lancement de l’appel à contributions
  • 15 janvier 2012 : Réception des résumés
  • 15 février 2012 : Novembre 2010 : Avis du comité de lecture sur les propositions
  • 1er juin 2012 : Réception des articles
  • décembre 2012 : Parution des Cahiers thématiques n°12

MODALITES DE CONTRIBUTION

Une proposition résumée de 1500 à 2000 signes sera transmise au secrétariat du LACTH

pour le 15 janvier 2012

afin d’être soumise au comité scientifique.

Les contributions définitives doivent parvenir avant le 15 juin 2012 dernier délai, à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille, en priorité par courrier électronique (ou à défaut sur CD accompagné d’un tirage papier).

Les textes, qui comporteront entre 15 000 et 20 000 signes maximum (espaces compris et notes non comprises), seront accompagnés d’un résumé de 1000 signes maximum ainsi que d’une présentation de l’auteur (3 lignes maximum). Les textes qui dépasseraient ce format seront retournés aux auteurs.

Les notes figureront en fin de texte et seront tapées en linéaire. Elles ne doivent pas excéder 25% de la totalité des signes du texte. Vous trouverez à la fin de ce document le modèle de mise en page des notes (pas de notes automatiques en bas de page ou en fin de document et pas d’appels de note automatiques).

Les illustrations (4 illustrations noir et blanc maximum), fournies sur support traditionnel ou numérique (300 Dpi minimum en format TIF), devront être libres de droits. Ces illustrations seront légendées et l’auteur mentionnera l’ordre et la localisation vis-à-vis du texte. Si ces illustrations sont extraites de revues, d’ouvrages ou proviennent de sources d’archives privées ou publiques, les auteurs joindront les autorisations écrites des détenteurs de droits (photographes, éditeurs, centre d’archives…) et devront nous confirmer qu’elles sont bien libres de droit.

Les auteurs, en répondant à cet appel à contribution, autorisent l’École d’architecture de Lille à publier leur contribution dans le cadre des Cahiers thématiques N°12. Ces contributions ne sont pas rétribuées. Les textes seront publiés en français ou en anglais, dans la langue choisie par l’auteur (seuls les résumés des articles seront traduits).

Contact

Isabelle Charlet, secrétariat général du LACTH
courriel : lacth (at) lille.archi [point] fr École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille
2 rue verte, Quartier de l’Hôtel-de-Ville
59650 Villeneuve d’Ascq

Source : http://calenda.revues.org/nouvelle21771.html

URL de référence : http://www.lille.archi.fr/

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