Dans le champ des études modernistes, beaucoup reste à faire sur le(s) surréalisme(s) américain(s) de l’entre-deux-guerres. Longtemps associés aux mouvements contestataires des années soixante, ou à de rares artistes isolés, à l’instar de Man Ray, ils se déploient dans le domaine de la littérature (Andrews, Barnes, Bowles, Burnett, Brown, Emory, Ford, Godwin, Niedecker, Nin, Miller, Patchen, Tyler, Thompson, West, Williams), de la théorie (Miller, Neagoe, Parker, West, Williams), des arts plastiques et visuels (Calas, Calder, Clark, Cornell, Donati, Duchamp, Gorky, Hare, Kamrowski, Laughlin, Man Ray, Lee Miller, Reynolds, Sage, Tanning) et du cinéma (comme l’illustre « The Devil’s Plaything : American Surrealism », dans la collection Unseen Cinema dirigée par Bruce Posner).
Cette avant-garde, qui se nourrit en partie du surréalisme français, ne tarde pas à acquérir des traits distinctifs, tant dans son organisation, assez informelle, que dans ses productions, pour le moins éclectiques. Pour autant, les expérimentations des artistes et écrivains américains au cours de la période de l’entre-deux-guerres ne sont ni isolées ni déconnectées les unes des autres, mais donnent naissance à un surréalisme américain à part entière, voire à des surréalismes américains, participant de divers projets, et notamment de la redéfinition d’une identité culturelle américaine mise à mal par la crise intellectuelle qui atteint le pays dans les années dix et au début des années vingt.
L’objectif du pour un numéro spécial de la revue pluridisciplinaire du monde anglophone Cercles est de mieux définir les projets qui sous-tendent les expérimentations surréalistes américaines. Pour cela, on cherchera à élargir le corpus des auteurs et des artistes surréalistes américains en interrogeant les lieux et les conditions d’émergence de leurs productions, en France et aux Etats-Unis, et en s’efforçant ainsi de dessiner une cartographie des groupes et des influences.
Dans cette perspective, on s’attachera au rôle de petites revues, telles Blues, transition,This Quarter, The Little Review, View, VVV ou Hémisphères, ainsi qu’à des figures de « passeurs » tels qu’Aragon, Barr, Goll, Guggenheim, Jolas, Levy ou Soupault. En adoptant une approche intermédiale, on pourra établir des relations et des correspondances entre les problématiques soulevées par des expérimentations menées dans divers champs de la création. Dans une perspective transnationale, on s’interrogera, par ailleurs, sur les liens entre surréalisme américain et surréalisme français, ainsi qu’entre surréalisme américain et surréalisme britannique ou sud-américain, en s’attachant notamment aux phénomènes de reprises, réécritures et oppositions. Quelle est la spécificité du « superréalisme » américain (pour reprendre l’expression de N. West) ? Outre le surréalisme français, est-il possible d’y repérer des influences et des traditions? Quelle part y occupent le genre fantastique ou la littérature prolétarienne, par exemple ?
Un autre axe de recherche pourra concerner les liens entre le surréalisme américain et d’autres avant-gardes américaines, comme le post-surréalisme (sur un axe vertical) ou l’objectivisme (sur un axe horizontal). Ainsi, quel rôle jouent William Carlos Williams ou Louis Zukofsky dans le dialogue complexe, et parfois difficile, entre surréalisme et objectivisme ?
On pourra encore, parmi d’autres pistes d’investigation possibles, analyser les tensions fécondes entre surréalistes français en exil aux États-Unis et artistes américains émergents au début des années quarante, et/ou réfléchir à la portée et aux conséquences de l’institutionnalisation du mouvement aux États-Unis.
Les propositions d’articles (350-500 mots) peuvent être envoyées jusqu’au 30 mai 2013 à Céline Mansanti (cmansanti@gmail.com) et Anne Reynes (anne.reynes@univ-amu.fr). Les articles, en français ou en anglais, devront être rendus au 15 octobre 2013.
Site : http://www.cercles.com/
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