Colloque : « Marchandes d’art (XIXe-XXe siècles) » (Paris, musée des Arts Décoratifs, 13, 14 et 15 novembre 2019)

Colloque : « Marchandes d’art (XIXe-XXe siècles) » (Paris, musée des Arts Décoratifs, 13, 14 et 15 novembre 2019)

Programme :

Médiation assurée par le comité scientifique : Marianne Le Morvan, Cloé Pitiot et Denise Vernerey

Communications de 30 minutes suivies de 15 minutes de questions du public

Mercredi 13 novembre 2019 : Les pionnières

  • 9h30 : Florine Langweil

“ Lorsque je vins pour la première fois à Paris, en 1882, je ne pensais évidemment pas que je passerais ma vie au milieu des antiquités chinoises et japonaises. Ce fut mon mariage qui, ainsi qu’il arrive à presque toutes les jeunes femmes, décida de mon avenir.

Mon mari était commissionnaire en marchandises, mais ne s’occupait à peu près exclusivement que de la vente des bibelots modernes, qui valaient du reste assez cher à l’époque. Lorsque je l’épousai, nous décidâmes de ne plus nous occuper que des objets d’art anciens et, abandonnant la vente des chinoiseries et japoneries modernes à nos concurrents, nous installâmes un magasin d’antiquités.

Je me passionnai tôt pour les peintures et sculptures de l’ancienne Chine et du vieux Japon, qui étaient – il faut bien le dire – à peu près inconnues en Europe, à cette époque. Du moins très rares étaient les personnes qui savaient acheter et recherchaient l’authenticité des bibelots. Tout un marché nous était donc ouvert, et il y avait une mode à lancer.”

Intervenant : Diederik Bakhuÿs, Historien de l’art, conservateur au musée des Beaux-Arts de Rouen et membre du conseil d’administration du Fonds de dotation André et Berthe Noufflard.

  • 10h15 : Marie-Rosalie Serrure

« C’est la première fois que […] j’ai le plaisir de voir une femme assise à la table de l’expert et cela n’est nullement désagréable. Mme Raymond Serrure apporte à l’accomplissement de sa tâche, avec de la bonne grâce, une autorité qui manque parfois aux experts mâles. Allons, allons ! Voila pour nos belles « féministes » un débouché nouveau ». (l’Echo de Paris du 20 janvier 1903)

Dans le monde très masculin de l’hôtel Drouot la présence d’une femme experte ne passe pas inaperçue au début du XXe siècle. Marie Rosalie Soeckler (07/04/1858 – 1919) reprend, à la mort de son époux Raymond Serrure en 1899, son magasin spécialisé en vente de monnaies et d’antiques, situé en face de la Bibliothèque nationale. Correspondante de numismates réputés, vendeuse régulière au musée du Louvre, fournisseuse fréquente d’Auguste Rodin, elle investit, au tournant du siècle, l’hôtel Drouot. Elle y officie régulièrement auprès des commissaires-priseurs mais organise également des ventes aux enchères, se spécialisant dans la vente d’antiquités provenant de Syrie.

Intervenante : Néguine Mathieux, conservatrice du Patrimoine est directrice de la Recherche et des Collections au Musée du Louvre. Après des études d’histoire à la Sorbonne et d’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre, elle s’est spécialisée dans l’histoire des musées et des collections et fut cheffe du service de l’histoire du Louvre. Membre d’une unité du CNRS (Halma UMR 8164) et chargée d’un programme de recherche avec l’INHA sur les ventes d’ antiques au XIXsiècle, elle a enseigné de nombreuses années à l’Ecole du Louvre. Elle a été commissaire de plusieurs expositions en France (La lettre et l’argile, Louvre, 2007 ; L’Epopée des rois thraces, Louvre, 2015) et à l’étranger (Tanagra,Tokyo, 2007 ; L’invention du Louvre, Pékin et Hong Kong en 2017…).

  • 11h : Pause
  • 11h30 : Eileen gray

Le 17 mai 1922, Eileen Gray (1878-1976), créatrice irlandaise installée définitivement à Paris depuis fin 1906, ouvre sa galerie d’art et de mobilier « Jean Désert » au 217, rue du Faubourg Saint-Honoré. Elle y vend les œuvres qu’elle dessine et dont elle orchestre la fabrication dans ses deux ateliers de laque et de textile. Le premier, dédié au tissage de tapis, est ouvert en 1910 au 17-19 rue Visconti avec son amie d’enfance Evelyn Wyld, le second destiné au travail de la laque voit le jour la même année en collaboration avec le maître laqueur japonais Seizo Sugawara. Elle y expose des artistes russes comme Ossip Zadkine ou Chana Orloff. Durant huit années, après avoir meublé le couturier Jacques Doucet et aménagé l’appartement de Mme Mathieu Levy, elle compte parmi ses clients les plus grands collectionneurs de l’époque tels le vicomte et la vicomtesse Charles et Marie-Laure de Noailles ou le Maharajah d’Indore.

Au début des années 1970, elle se souvient de la fermeture de sa galerie en 1929 : « J’ai dû abandonner la galerie car les français sont lents à aimer ce qui est moderne… Ils n’aiment que les vieilles choses, les styles dépassés des XVIe, XVIIe, XVIIIe siècle, ils étaient réellement effrayés par la modernité. Je n’avais que des œuvres modernes qu’ils ne semblaient pas vouloir recevoir. »

Intervenante : Conservatrice en charge des collections modernes et contemporaines depuis 2018 au Musée des arts décoratifs à Paris, Cloé Pitiot est architecte DPLG et docteur en histoire de l’architecture contemporaine. Pendant dix ans conservatrice au sein du département design du Centre Pompidou, elle a été commissaire des expositions Eileen Gray, Pierre Paulin, Eloge de la couleur et co-commissaire de Couples Modernes.

  • 12h15 : Iris Clert

Iris Clert (1918-1986) est une figure emblématique du monde de l’art contemporain parisien de la seconde moitié du XXe siècle, et plus particulièrement des années 1960. L’histoire de l’art semble n’avoir retenu que des bribes de son existence et de la galerie d’art contemporain qu’elle dirigea à Paris de 1956 à 1982. En effet, sa postérité repose exclusivement sur la place considérable qu’elle a tenue dans la promotion de l’œuvre d’Yves Klein et dans l’émergence du groupe d’artistes des Nouveaux-Réalistes.

Pourtant, Iris Clert n’est-elle pas la première galeriste à avoir proposé au public parisien des œuvres d’Ad Reinhardt, Lucio Fontana et Leon Golub ? Puis, à force de renouveler et de transgresser les méthodes et pratiques habituellement assignées à sa profession, Iris Clert n’annonce-t-elle pas l’élan pris par l’art vers la participation et l’événementiel ? N’est-elle pas à l’origine de véritables politiques culturelles ? N’a-t-elle pas été elle-même une artiste ? Aussi, à force de se raconter et de s’identifier à l’art, n’a-t-elle pas tenté de se construire une mythologie personnelle, afin d’apparaître telle l’œuvre de sa galerie ?

Faire de l’art une attitude de vie, provoquer, scandaliser, formuler des revendications ambiguës, se jouer des normes, se fier à son instinct plus qu’à la raison, être partout sans limites… voici les ambitions d’Iris Clert, elle qui affirmait en 1975 : « J’ai un destin, je suis la messagère des dieux, donc des artistes ! »

Intervenant : Servin Bergeret est docteur en histoire de l’art contemporain et qualifié aux fonctions de maître de conférences (22section CNU). Il enseigne l’histoire de l’art à la haute école des arts du Rhin, à la classe préparatoire publique aux écoles supérieures d’art de Beaune et à l’université de Bourgogne-Franche-Comté. Ses recherches portent sur les galeries d’art contemporain à Paris depuis le milieu du XIXsiècle, l’histoire des expositions, les femmes dans l’art et les mutations artistiques des années 1950-1960. Il est l’auteur d’une thèse sur la galeriste Iris Clert et d’articles sur des aspects de la galerie Iris Clert, ainsi que sur des œuvres d’artistes dont Hervé Guibert, Andres Serrano, Joana Vasconcelos et Virginie Marnat-Leempoels.

  • 15h – 17h : Visite

galerie Denise René avec Denis Kilian
22, rue Charlot, 75003 Paris – métro Saint-Sébastien Froissart (8)

Jeudi 14 novembre 2019 : Les marchandes d’art pendant l’occupation

  • 9h30 : Hedwige Zak

La Galerie Zak, localisée dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris, a été fondée par Hedwige Zak (née Jadwiga Kon), épouse et veuve du peintre polonais Eugeniusz Zak. Dans la période parisienne de l’entre-deux-guerres, la galerie est rapidement devenue une lieu important de rencontres artistiques. Pendant l’Occupation allemande, la collection personnelle de Madame Zak et celle de sa galerie ont été spoliées par les autorités de Vichy. En 1943, elle fut arrêtée avec son fils dans la région de Nice et fut déportée au camp de concentration de Birkenau où elle fut assassinée. Cette intervention porte sur l’action d’Hedwige Zak qui fit d’elle, à son époque, une marchand d’art renommée.

Intervenant : Marc Masurovsky a cofondé le projet HARP (Holocaust Art Restitution Project) en 1997. Il a été directeur de la recherche à HARP dont il est également membre du conseil d’administration. Il a passé des décennies à examiner diverses questions relatives aux biens culturels pillés ou vendus sous la contrainte au cours de l’Holocauste et de la Seconde Guerre mondiale. Il a également exercé les fonctions d’historien expert dans le cadre d’un recours collectif contre des demandeurs juifs cherchant à obtenir la restitution de comptes perdus et d’autres avoirs liquides auprès de banques suisses. Pendant qu’il travaillait comme consultant et historien pour le Département américain de la justice, il a enquêté sur des criminels de guerre nazis vivant en Amérique, s’est entretenu avec des témoins de crimes contre l’humanité et a étudié les relations d’après-guerre entre les anciens responsables nazis et les agences de renseignement alliées.

  • 10h15 : Berthe Weill

« Voyez aussi le cas d’une galerie comme celle de Mlle Berthe Weill. Lorsqu’on consulte la collection des catalogues de toutes les expositions qu’elle organisa dans sa boutique successivement rue Victor-Massé, rue Taitbout et rue Laffitte, on reste stupéfait qu’elle n’ait pas à sa porte une limousine grosse comme une locomotive. Tous les peintres qui ont un nom à présent, tous ceux qui ont joué un rôle dans l’art d’aujourd’hui ont été accueillis par elle alors qu’ils débutaient dans la carrière et n’étaient soutenus par personne. Ils y sont tous. »

WARNOD André, Les berceaux de la jeune peinture, Albin Michel, Paris, 1923, p. 271-272.

Intervenante : Docteure en Histoire de l’Art, Marianne Le Morvan travaille sur les questions de provenance, et s’attache à réhabiliter le parcours d’oubliés de l’art, notamment Berthe Weill, ou encore le collectionneur Auguste Bauchy. Elle enseigne l’histoire de l’art moderne, l’architecture

contemporaine, et le management culturel dans plusieurs universités parisiennes. Elle consacre ses recherches actuelles aux marchandes d’art de la première moitié du XXsiècle. Elle dirige par ailleurs le département Beaux-Arts du projet Art faber porté par le lab Industries et Cultures de l’EDMP – Paris II Assas.

  • 11h : Pause
  • 11h30 : Louise Leiris

La future Louise Leiris naquit le 22 janvier 1902, orpheline de père, avec une mère sans emploi, âgée de seulement dix-neuf ans. Cependant, un événement allait changer son destin, la rencontre de sa mère avec Daniel-Henry Kahnweiler. Elle rentra à ses cotés dans la galerie Simon en 1921, mais ce n’est qu’en 1941 qu’elle en prit la tête du fait des mesures spoliatrices du régime de Vichy et l’aryanisation de tous les commerces détenus par des juifs. Même si elle partage la direction avec Kahnweiler, Maurice Jardot, ce fut à partir de la Seconde Guerre mondiale qu’elle y imprima véritablement sa marque, au-delà de son nom sur la devanture. Elle participa ainsi, à l’aventure de l’art moderne du XXème siècle dans une galerie qui rassembla des artistes tels que, Picasso, Braque, Léger, Juan Gris ou encore André Masson.

Intervenante : Mathilde Garcia-Rivière est étudiante en Master Droit du marché de l’art et du patrimoine artistique (Paris II-Assas).

  • 12h15 : Käte Perls

Käte Perls (1889–1945), apparaît avant tout comme l’épouse de Hugo Perls. On sait à peine que Käte Perls a été marchande d’art avant même son mariage avec le galeriste, juriste et philosophe. Lorsque son mari a ouvert la « Kunsthandlung Hugo Perls » à Berlin en 1923, Käte Perls était impliquée dans l’entreprise. Peu de temps avant qu’Hitler ne prenne le pouvoir, Hugo et Käte Perls, tous deux juifs, ont quitté l’Allemagne et se sont installés à Paris. Entre-temps divorcée, Käte Perls a ouvert sa propre galerie d’art, la Galerie Käte Perls, dans le quartier Saint-Germain-des-Prés en 1932.

L’analyse des sources d’archives américaines, allemandes et françaises devrait apporter des réponses à ces questions. Les documents fournissent également des informations sur le sort spécifique de la galerie Käte Perls en tant que galerie juive pendant l‘Occupation. La galerie était située dans une rue où s’étaient installées plusieurs galeries juives. Quelques maisons plus loin, dans la même rue, se trouvait la galerie de la marchande d’art juive Hedwige Zak. Y avait-il, au-delà des contacts de voisinage, des contacts d’affaires qui suggèrent des réseaux plus vastes entre les marchandes d’art (juives) ? Après que Käte Perls ait pu s’enfuir aux États-Unis via le sud de la France et Cuba en 1941, sa galerie, tout comme la galerie Zak, fut « aryanisée », c’est-à-dire remise à un administrateur « aryen». En 1942, cet administrateur a vendu le fonds de la galerie et l’a fermée la même année. Malgré son programme ambitieux, la galerie parisienne de la marchande d’art juive-allemande Käte Perls est tombée dans l’oubli et n’a pas encore fait l’objet de recherches approfondies – ce que cette contribution cherche à changer.

Intervenante : Après des études d’histoire de l’art à Berlin et à Paris, Gitta Ho obtient son doctorat à l’Université de Hambourg. Dans la continuité de ses recherches sur les artistes allemands résidant en France au XIXet au début du XXsiècle, sa thèse est consacrée à l’artiste George Grosz (George Grosz und Frankreich, Reimer Verlag, Berlin 2016). Ses récents travaux portent sur les marchandes et marchands d’art émigrés juifs à Paris pendant l’Occupation. Elle travaille aujourd’hui comme chercheuse de provenance au Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel et enseigne à l’École du Louvre à Paris.

  • 14h30 – 16h30 : Présentation des collections de la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs par Lysiane Allinieu (sur inscription à l’adresse : marchandesdart@gmail.com) 

Vendredi 15 novembre 2019 : La part de l’une et de l’autre

  • 9h30 : Yvonne et Christian Zervos

En 1934, l’architecte Yvonne Marion (1905-1970) et son époux depuis deux ans, l’éditeur de la revue Cahiers d’Art (1926-1960) Christian Zervos (1889-1970), ouvrent une galerie dans les locaux de la revue, 14 rue Dragon, Paris. La galerie, enregistrée comme Centre International d’Architecture et d’Aménagement Intérieur, installe une collection permanente des matériels de construction et d’aménagement intérieur et organise des expositions temporaires d’art et d’architecture contemporain. Le Centre, selon Zervos, fut établi et exploité sans visée lucrative. En 1939, Yvonne Zervos fonde avec son frère Robert Marion la Société M.A.I. (Meuble – Architecture – Installation) et une galerie d’art au même nom située rue Bonaparte dont les activités sont interrompues par la guerre. La galerie M.A.I. ferme définitivement ses portes en 1940. En 1946, les titres de la Société sont vendus à Marcel Michaud. La Galerie Cahiers d’Art reprend ses activités après la guerre jusqu’à la mort de ses propriétaires en 1970.

Intervenante : Chara Kolokytha est docteur en histoire de l’art. Elle a soutenu une thèse sous le titre de Formalism and Ideology in 20th century Art : Cahiers d’Art, magazine, gallery and publishing house (1926-1960) à Northumbria University (Royaume-Uni) en 2017. Elle fut A.T.E.R. en Histoire de l’Art à l’Université d’Ioannina (Grèce), chercheuse associée au programme Christian Zervos au Miroir de la Grèce: Archaïsmes et Art Moderne dans les Editions des Cahiers d’Art (Ecole Française d’Athènes, Musée Benaki, Musée Zervos, Vézelay) qui aboutissera à l’exposition Christian Zervos & Cahiers d’Art: The Archaic Turn en decembre 2019 (Musée Benaki, Athènes), chercheuse associée au programme Bibliographies de Critiques d’Art Francophones (Paris, Sorbonne, Labex CAP) et chercheuse post-doctorante au Stiftung Arp à Berlin (Allemagne). Ses recherches portent sur l’historiographie de l’art, les institutions, les pratiques des expositions, la presse, les réseaux artistiques et le marché de l’art en France au vingtième siècle.

  • 10h15 : Lucie Weill et ses successeurs

La galerie Weill a été créée en 1930 par Lucie Weill, au cœur de Saint-Germain-des-Prés, près de l’école des Beaux-Arts. L’histoire de la galerie est étroitement associée aux éditions Au Pont des Arts créées par Lucie Weill. Le premier recueil a été consacré à Henri de Toulouse-Lautrec par Yvette Guilbert, édité en 1950. Durant la période 1930-1970, la galerie a été un des hauts lieux de l’art moderne en exposant Pablo Picasso, Jean Cocteau, Max Ernst, Jean Arp. Au milieu des années 1970, la galerie fut reprise par France Seligmann jusqu’aux années 1990, puis par Charles Zalber jusqu’à son décès en 2011. En avril 2012, Victor Mendès, anciennement à la direction de la galerie PHOTO4, devient directeur de la galerie LWS. Une nouvelle salle d’exposition est ouverte.

Intervenant : Monsieur Quillardet, neveu de Lucie Weill

  • 11h : Pause
  • 11h30 : Aino Aalto et Maire gullichsen

Artek, principalement connue pour la production et la vente des meubles conçus par l’architecte Finlandais, Alvar Aalto, a joué un rôle important et critique dans l’histoire du modernisme à travers son magasin et sa galerie à Helsinki, notamment par le grand nombre d’expositions internationales qu’elle a organisées et pour son réseau de distribution développé à travers le monde. Cette communication examine le travail de Marie Gullichsen (1907-1990, née Ahlström) et d’Aino Marsio Aalto (1894-1949), les deux femmes parmi les quatre cofondateurs d’Artek fondées en 1935. Gullichsen – galeriste, mécène et artiste – dirigea la Galerie Artek, une entreprise commerciale révolutionnaire, parmi les premières du genre dans le monde nordique à présenter l’art moderne et, plus radicale encore, à promouvoir une approche multi-pratique non-hiérarchique dans l’exposition de l’art. De son côté Marsio-Aalto a été directrice du magasin et du studio de design Artek qui l’accompagnait, d’abord en collaboration avec son cofondateur, Nils-Gustav Hahl, puis à titre de directrice de 1941 jusqu’à sa mort prématurée en 1949 tandis qu’elle travaillait également en tant qu’architecte avec son partenaire, professionnel et époux, Alvar Aalto.

Intervenante : Nina Stritzler-Levine est directrice de la galerie et directrice des affaires de conservation au Bard Graduate Center de New York, où elle se trouve depuis la création de ce centre en 1993. Cette conférence est issue d’un important projet de recherche internationale sur Artek qu’elle a dirigé en prévision de l’exposition de 2016, Artek et les Aaltos. Le livre qui accompagnait cette exposition a remporté le très convoité Philip Johnson Award du meilleur livre d’exposition par la Société des Historiens d’Architecture. Stritzler-Levine a dirigé l’organisation de plus de 50 expositions et a été rédacteur en chef et auteur de nombreuses publications accompagnant ces expositions. Elle termine actuellement une thèse au Graduate Center City University de New York sur la création du département d’architecture du MoMA.

  • 12h15 : Denise René

« La définition que Jean Cassou a donné de moi me convient assez ; il disait : « Denise René n’est pas une marchande, elle est une militante. » Je voulais avancer, convaincre, entraîner. Au début il fallait tout expliquer, toute la journée, y compris au facteur qui venait déposer le courrier… Mais j’étais certaine de mon cap. Je m’appuyais sur les artistes comme ils s’appuyaient sur moi. Au plein sens du terme, nous étions une avant-garde. »

Catherine Millet, Conversations avec Denise René, Paris, Adam Biro, 1991, p. 46.

Intervenante : Denise Vernerey-Laplace est docteure en Histoire et Civilisations. Chercheuse associée au Centre Georg Simmel (EHESS/CNRS), elle pilote le Programme de recherches “Les artistes et leurs galeries. Réceptions croisées Paris-Berlin. 1900-1950” et dirige l’édition des actes aux Presses Universitaires de Rouen et du Havre.Dans le cadre de ses recherches sur les transferts culturels entre la France et l’Allemagne au XXe siècle, elle développe avec la Technische Universität de Berlin un Programme d’échanges et de recherches sur les « Collectionneurs, musées et galeries en Allemagne et en France après 1945 » et initie le cycle de recherches sur les femmes marchandes d’art.Elle est secrétaire générale des Amis de Jeanne et Otto Freundlich », présidente du Comité Béothy, et soutient activement l’oeuvre de Jean Leppien. Spécialiste de l’abstraction allemande à Paris, elle assume actuellement la traduction et la publication des écrits de Otto Freundlich.

  • 15h – 17h : Visite de la galerie Anne et Jean-Claude Lahumière, par Diane Lahumière – 17, Rue du Parc Royal, 75003 Paris – métro Saint-Paul (1) ou Chemin vert (8)

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