Conférence: Redéfinir le symbolisme européen, Paris, 13-14 avril 2012.

Redéfinir le symbolisme européen
Sous la direction de Richard Thomson

A beaucoup d’égards, le symbolisme est le parent pauvre des courants de l’art moderne. Coincé entre le naturalisme et l’impressionnisme de la fin du 19e siècle et les bouleversements esthétiques de l’expressionnisme et du cubisme du début du 20e siècle, le symbolisme peut paraître manquer d’identité bien définie. Etait-ce un mouvement tout à fait cohérent ou une série de courants culturels que l’on a rassemblés pour des raisons pratiques ? En tout cas, le symbolisme – avec sa fascination pour l’émotion et la suggestion – était un phénomène d’amplitude européenne, qui s’est manifesté aussi bien dans les arts visuels que la littérature, le théâtre et la musique. Il est possible que ce soit précisément cette diversité nationale, géographique et formelle qui fasse du symbolisme un rassemblement complexe, beaucoup plus intéressant qu’il n’y paraisse à première vue.

Quand des chercheurs contemporains commencent à reconsidérer le symbolisme dans les années 1970, leur démarche, qui revient à redonner vie à un mouvement académique moribond, paraît conservatrice. Plus récemment, des chercheurs ont commencé à regarder le symbolisme sous différents angles. Qu’entendons-nous par symbolisme ? Pourquoi et comment le symbolisme finit-il ? Comme l’indique son titre, le colloque vise à revoir nos idées reçues sur le symbolisme, profitant des expositions au musée d’Orsay et à l’Orangerie (Akseli-Gallen-Kallela, une passion finlandaise et Debussy, la musique et les arts).

Programme

Vendredi 13 avril Correspondances: littérature, théâtre, musiquePrésident de séance : Jean-Michel Nectoux, conservateur général du patrimoine et musicologue, CNRS.

– 9h30 : Le symbolisme face au défi wagnérien.Paul Lang, conservateur en chef, National Gallery of Canada, Ottawa. A propos de Richard Wagner, Edouard Dujardin a pu considérer que « sa conception de l’art, sa philosophie, sa formule même étaient à l’origine du symbolisme ». Cette tendance à établir de manière univoque une correspondance exclusive de l’univers wagnérien à un seul mouvement artistique perdurera, alors que les sensibilités les plus opposées ne cesseront de s’approprier la cosmogonie proposée par ce promoteur de la fusion des arts.

– 10h15 : La chevelure et l’incarnat : de Mallarmé à l’érotique symboliste. Sébastien Mullier, chercheur indépendant, Paris. Dans Hérodiade et L’Après-midi d’un faune, Mallarmé conçoit strictement son esthétique comme une érotique de l’art fondée sur les images féminines de la chevelure et de la carnation. En littérature, en musique et en peinture, cette érotique inspire les maîtres de la génération symboliste : Albert Mockel, Debussy, Khnopff et Lévy-Dhurmer.

Pause

– 11h30 : Bruges, l’anti-Paris. Les villes mortes de Rodenbach (A) Patrick McGuinness, professeur de littérature comparée, université d’Oxford. On recherchera dans l’œuvre de Georges Rodenbach – en particulier dans des œuvres comme Le Carillonneur et Bruges-la-morte – comment l’auteur offre une vision exotique de la ville, comme un contre-modèle au Paris mouvementé, pris dans un flux héraclitéen.

– 12h15 : Symbolisme et théâtralité : l’altération théâtrale. Pierre-Henri Frangne, professeur de philosophie de l’art et d’esthétique, université Rennes 2. On appliquera au symbolisme la thèse bergsonienne exposée dans Le Rire en février – mars 1899, qui considère qu’ «un peuple spirituel est aussi un peuple épris de théâtre». On se penchera sur la nature paradoxale de l’esprit du symbolisme qui consiste, d’un côté, à estimer le théâtre comme « d’essence supérieure », et d’un autre, à considérer « l’inutilité du théâtre au théâtre » (Alfred Jarry).Arts et identités : individualisme et nationalismePrésident de séance : Antoinette Le Normand-Romain, directrice de l’INHA, Paris.

– 14h30 : Corps signifiants et postures en chiasme: Les Portes de l’Enfer d’Auguste Rodin au-delà de l’individualisme et du nationalisme ? Dominik Brabant, assistant-chercheur, Université catholique d’Eichstätt-Ingolstadt. A première vue, Rodin lui-même, en tant que créateur prométhéen semble répandre l’idée d’un sujet doté du pouvoir d’engendrer un monde par sa propre imagination et force physique. Comment les Portes de l’Enfer semblent, d’une part, dépasser l’enchevêtrement d’une forme d’individualisme égocentrique et d’autre part, être parties prenantes d’un imaginaire nationaliste ?

– 15h15 : Emile Gallé et la culture germanique. Philippe Thiébaut, conservateur général, musée d’Orsay. Plusieurs des œuvres d’Emile Gallé témoignent clairement de ses opinions patriotiques, exacerbées par le Traité de Francfort qui mit fin en 1871 à la guerre franco-prussienne. Cependant, l’artiste admire profondément la culture allemande. Un dualisme dont on trouve l’écho dans les créations symbolistes de l’artiste.

Pause

– 16h30 : Entre mélancolie et frénésie: le symbolisme polonais et le  proto-expressionnisme. (A)Irena Kossowska, professeur d’histoire de l’art, université Copernic,

Toru? La peinture polonaise de la fin du 19e siècle et des deux premières décennies du 20e siècle montre l’émergence simultanée du symbolisme et de l’expressionnisme, deux courants perçus comme complémentaires bien qu’antithétiques, qui incarnent la jeune Pologne.

– 17h15 : Symbolisme et modernisme impérial dans la Belgique fin-de-siècle : de quelques formes congolaises et autres chimères dans l’œuvre d’Henry Van de Velde, Maurice Maeterlinck et Emile Verhaeren (A) Debora Silverman, professeur d’histoire de l’art, UCLA, Los Angeles. A la recherche de nouvelles pistes d’interprétations du symbolisme européen, on détaillera les différentes couches inexplorées de l’histoire culturelle de l’impérialisme belge du tournant du siècle. On montrera comment s’opère l’incursion spectaculaire de la violence, de formes, de chimères, issues du nouvel état du Congo indépendant (1885-1908), dans la conscience et l’œuvre de ces trois artistes. Samedi 14 avril Contradictions: science et spiritualité.

Président de séance : Rodolphe Rapetti, conservateur général du patrimoine, chercheur associé, INHA, Paris

.- 9h30 : Vestiges du naturalisme: spiritualité et intuition chez les Primitifs de Huysmans. (A) Juliet Simpson, professeur d’histoire de l’art, Buckinghamshire New University Si l’intérêt de J.-K. Huysmans pour la question de spiritualité est attestée, on aimerait néanmoins mettre à jour certains aspects moins explorés de cette question dans ses écrits sur l’art qui portent sur les Primitifs, devenus l’emblème d’une spiritualité, à son avis opposée à un mysticisme d’emprunt propres aux artistes de son temps, y compris aux symbolistes.

– 10h15 : Le darwinisme et le souffle divin du Créateur. Spiritualitéet évolutionnisme dans l’art symbolist. (A) Barbara Larson, professeur d’histoire de l’art, University of West Florida. Le darwinisme, dans sa croyance en la compétitivité et en la sélection naturelle, a partie liée avec le matérialisme et l’athéisme. Il a été une référence majeure pour certains cercles scientifiques, qui excluaient toute explication religieuse à l’existence des êtres vivants et à l’univers qui les abrite.

Pause

– 11h30 : Charles Filiger et les figures abstraites de l’androgyne. Damien Delille, chargé d’études et de recherche, INHA, Paris. De nombreuses parts d’ombre subsistent dans l’étude des « Notations chromatiques » de l’artiste Charles Filiger. Son système géométrique, proche des « saintes mesures » de Beuron, et son intérêt pour la figure primitive de l’angélisme pré-pubère, révèlent certaines stratégies de sublimation érotique, qui seront analysées à travers sa cryptographie ésotérique.

– 12h15 : Gestuelle du déséquilibre. L’hystérie et ses corps ‘à rebours’ autour du 1900. Céline Eidenbenz, chercheuse, université de Lausanne. L’iconographie de l’hystérie au tournant du XIXe siècle est souvent suggérée par la forme de la cambrure dorsale. Dans les arts visuels, cette forme intervient pour exprimer la danse, la souffrance physique ou psychique. Cette posture inverse à celle de l’anatomie habituelle mérite d’être interrogée dans certaines représentations de Giovanni Segantini, Auguste Rodin, Henri de Toulouse-Lautrec ou encore Gustav Klimt.Redéfinir le symbolisme européen.

Président de séance : Richard Thomson, Watson Gordon Professor of Fine Art, université d’Edimbourg

– 14h30 : Imaginations: le symbolisme et la recherche psycho-physiologique. Michael F. Zimmermann, professeur d’histoire de l’Art, université catholique d’Eichstätt-Ingolstadt.

Le symbolisme participe aux changements de la culture scientifique et philosophique du 19e siècle tardif. Or, l’introduction de la physiologie, notamment celle qui étudie le fonctionnement de la perception, comme la vision et l’audition, a contribué pour beaucoup à changer notre approche anthropologique de l’homme, notre compréhension des mécanismes de l’entendement et de la cognition.

– 15h15 : La Fin du symbolisme.Rodolphe Rapetti, conservateur général du patrimoine, chercheur associé à l’INHA, Paris.Définir un courant artistique suppose qu’on lui assigne un début et une fin. Tandis que divers textes ou événements ont pu être considérés comme actes de naissance du symbolisme, la fin de ce mouvement est délimitée de manière plus floue. Considérées comme partiellement recyclées dans les avant-gardes ou frappées d’obsolescence après 1914, les idées et l’esthétique symbolistes auraient-elles essaimé ailleurs et plus tard ?

Pause

– 16h30- 17h30 : Table ronde(A) Présentation en anglais. Informations pratique.

Entrée Porte C1 rue de la Légion d’Honneur.

Entrée libre « Redéfinir le symbolisme européen » est un réseau international subventionné par le Leverhulme Trust.

Ses partenaires sont : l’université d’Edimbourg, le musée d’Orsay, les National Galleries of Scotland à Edimbourg, le musée Van Gogh d’Amsterdam, l’Institut national d’histoire de l’art à Paris (INHA) et l’université de Genève.

Contact: 

Craig Landt
Research Network Facilitator
Redefining European Symbolism 1880-1910
Edinburgh College of Art
The University of Edinburgh
20 Chambers Street
Edinburgh
EH1 1JZ
+44 (0)1316514248
Craig.Landt@ed.ac.uk
http://sites.ace.ed.ac.uk/symbolism/
The Symbolism Researchers Database https://symbolism.ace.ed.ac.uk/

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